L'insufflation-exsufflation mécanique pour améliorer l'élimination du mucus chez les patients souffrant de troubles neuromusculaires

Question de la revue

L’objectif de cette revue était de déterminer l'efficacité de l’insufflation-exsufflation mécanique (IE-M) et si elle est sûre pour être utilisée chez les patients atteints de troubles neuromusculaires (maladies des nerfs périphériques ou des muscles) qui ont des problèmes respiratoires.

Contexte

Les patients atteints de troubles neuromusculaires (NMD) possèdent parfois des muscles respiratoires affaiblis. Ils peuvent ainsi rencontrer des difficultés pour tousser ou dégager le mucus dans les poumons, ce qui accroit le risque d'infections pulmonaires répétées et de maladies pulmonaires chroniques. L’IE-M fait partie d’une des nombreuses méthodes utilisées pour améliorer la toux et l'élimination du mucus. L’IE-M est administrée au moyen d'un masque, d’un embout buccal, ou via une trachéostomie (une ouverture dans le cou à l’intérieur de la trachée). L’IE-M agit comme une toux en poussant tout d’abord de l'air dans les poumons lorsque la personne respire (insufflation), puis en l'éliminant de nouveau vers l’extérieur (exsufflation).

Méthodes

Nous avons réalisé une vaste recherche dans les bases de données d'essais d’EI-M chez les patients atteints de NMD. Nous avons uniquement inclus les essais dans lesquels les patients ont été assignés aux traitements de façon hasardeuse, car ces études fournissent les meilleures preuves de qualité.

Les résultats et la qualité des preuves

Nous avons trouvé cinq essais, totalisant 105 personnes. Tous les essais étudiaient les effets immédiats du traitement unique avec l’IE-M. Les études ont comparé l’IE-M à d'autres méthodes visant à aider les personnes à tousser sans assistance. Un essai étudiait l’IE-M lorsqu' elle était combinée à un autre traitement. Sur la base de trois essais, l’IE-M peut améliorer le flux d'air dirigé vers l’extérieur lors de la toux par rapport à une toux normale sans assistance. L’IE-M n'était manifestement pas plus efficace que d'autres méthodes pour améliorer la toux. Aucune des études n’a mesuré les critères de jugement que nous considérions être importants pour la prise de décision concernant l'utilité de l’IE-M. Par exemple, les études n'avaient pas rendu compte de la survie, de la durée de séjour à l'hôpital, de la qualité de vie ou des effets secondaires graves. Une étude a rapporté une fatigue extrême comme un effet secondaire de l’IE-M. Les rapports ne fournissaient souvent pas suffisamment d'informations pour savoir si les études étaient bien exécutées; dans certains rapports, nous avons trouvé des problèmes de conception qui pourraient avoir affecté les résultats.

Les résultats de cette revue ne fournissent pas suffisamment de preuves permettant de prendre des décisions. Nous ne sommes pas parvenus à trouver d'informations issues d'essais sur d'importants effets à court et à long terme, y compris les effets secondaires de l’IE-M dans les NMD.

Il n'existe actuellement pas suffisamment de preuves pour savoir si l’IE-M aide ou non les patients atteints de NMD à dégager le mucus dans les poumons. D'autres études sont nécessaires pour mieux comprendre les bénéfices et les risques de l’IE-M par rapport à d'autres méthodes assistant la toux.

Les preuves de la revue sont à jour le 7 octobre 2013.

Conclusions des auteurs: 

Les résultats de cette revue ne fournissent pas suffisamment de preuves susceptibles d'orienter la pratique clinique car nous n'avons pas été en mesure d’apporter de résultats importants à court et à long terme, y compris les effets indésirables des IE-M. Il n'existe actuellement pas suffisamment de preuves pour favoriser ou non l'utilisation d’IE-M chez les patients atteints de NMD. D'autres essais cliniques contrôlés randomisés sont nécessaires pour tester l'efficacité et l'innocuité d’IE-M.

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Contexte: 

Les patients atteints de troubles neuromusculaires (NMD) possèdent parfois des muscles respiratoires (la respiration) affaiblis, ils rencontrent ainsi des difficultés pour tousser ou dégager le mucus dans les poumons. Cela accroit le risque d'infections pulmonaires répétées et de maladies pulmonaires chroniques. L'insufflation-exsufflation mécanique (IE-M) est l'une des nombreuses techniques disponibles pour améliorer l’efficacité de la toux et l’élimination du mucus.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité et l'innocuité de l’IE-M chez les patients atteints de NMD.

Stratégie de recherche documentaire: 

Le 7 octobre 2013, nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes depuis leur date de création : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuromusculaires, CENTRAL (The Cochrane Library), MEDLINE et EMBASE. Nous avons également effectué des recherches dans ClinicalTrials.gov et le système d’enregistrement international des essais cliniques de l’organisation mondiale de la santé pour les essais en cours. Nous avons effectué des recherches manuelles dans des références bibliographiques et des actes de conférence.

Critères de sélection: 

Nous avons pris en compte les essais cliniques randomisés ou quasi-randomisés et les essais croisés randomisés d’IE-M utilisés pour aider le dégagement des voies respiratoires chez les patients souffrant d’insuffisance respiratoire et de NMD. Nous avons pris en compte les comparaisons d’IE-M à l'absence de traitement, ou à d'autres techniques d'augmentation de la toux.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont indépendamment évalué l'éligibilité, extrait les données et évalué le risque de biais dans les études incluses selon la méthodologie standard Cochrane. Le critère de jugement principal était la mortalité durant tout le suivi ou à six mois de suivi.

Résultats principaux: 

Cinq études avec un total de 105 participants ont été identifiées comme étant éligibles pour être incluses dans cette revue. Tous les essais inclus étaient des études à court terme (deux jours ou moins), mesurant les effets immédiats des interventions. Les rapports ne fournissaient pas suffisamment de détails pour évaluer les méthodes de randomisation et d'assignation secrète. Les cinq études présentaient un risque de biais élevé dû au manque de masquage. Les études n'ont pas rapporté sur la mortalité, la morbidité, la qualité de vie, les effets indésirables graves, ni sur aucun des autres critères de jugement prédéfinis. Une étude était un essai croisé randomisé réalisé sur deux jours, dans lequel les investigateurs appliquaient deux interventions deux fois par jour de manière aléatoire, avec un inversement croisé le jour suivant. Quatre études appliquaient de multiples interventions afin d’augmenter la toux, ceci pour chaque participant et en ordre aléatoire. Une étude rapportait la fatigue comme un effet indésirable d’IE-M, à l'aide d'une échelle visuelle analogique. Le débit expiratoire de pointe (DEP) à la toux était le critère de jugement le plus couramment rapporté dans quatre études. Sur la base de trois études, l’IE-M pourrait améliorer le DEP à la toux par rapport à une toux sans assistance. Toutes les interventions augmentaient le DEP à la toux au niveau critique nécessaire pour l'élimination du mucus. Les études incluses n'ont pas clairement montré que l’IE-M améliore le débit expiratoire de la toux plus que d'autres techniques d'augmentation de la toux. Sur la base d'une étude, qui présentait un risque de biais, l'ajout de l’IE-M pourrait réduire la durée du traitement lorsqu'elle est ajoutée à un schéma posologique standard de dégagement des voies respiratoires d’une toux assistée manuellement. L’IE-M semble être aussi bien tolérée que d'autres techniques d'augmentation de la toux, sur la base de trois études qui rapportaient l’échelle visuelle analogique.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.