Comparaison des deux traitements de référence internationaux par chimiothérapie chez les patients atteints de lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable ou avancé

Cette traduction n'est pas à jour. Veuillez cliquer ici pour voir la dernière version de cette revue en anglais.

Le lymphome de Hodgkin est une affection maligne du système lymphatique. C'est l'un des cancers les plus fréquents chez les jeunes adultes, en particulier au cours de la troisième décennie de la vie, mais il touche aussi les enfants et les personnes âgées. Au cours des cinquante dernières années, il est devenu l'une des formes de cancer les plus curables. Trouver le meilleur traitement ayant la plus grande efficacité et le moins de toxicité est le défi le plus important du traitement le lymphome de Hodgkin. Il existe deux traitements de référence internationaux pour le lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable ou avancé : la chimiothérapie avec un régime croissant de BEACOPP (bléomycine/étoposide/doxorubicine/cyclophosphamide/vincristine/procarbazine/ prednisone) instaurée par le groupe allemand d'étude de Hodgkin (German Hodgkin Study Group (GHSG)) et la chimiothérapie avec un régime de ABVD (doxorubicine/bléomycine/vinblastine/dacarbazine), dont l'utilisation est très répandue parce qu'elle s'avère efficace, bien tolérée et facile à administrer. Nous avons cherché à clarifier les avantages et les inconvénients des deux traitements en comparant les chances de survie (survie globale), le risque de récidive tumorale et les fréquences des événements indésirables après le traitement de patients atteints de lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable ou avancé.

Nous avons identifié cinq essais éligibles mais l'un d'eux n'avait pas été publié. Ces essais n'ont inclus que des patients adultes (âgés de 16 à 60 ans). Nous avons inclus 2 868 patients dans notre revue. L'analyse indique que les chances d'éviter une récidive tumorale sont meilleures chez les patients ayant suivi une chimiothérapie incluant un régime croissant de BEACOPP. Chez les patients atteints d'une maladie au stade précoce défavorable, 22 patients (intervalle de confiance (IC) à 95 % 18 à 29) devaient être traités pour prévenir une récidive tumorale au cours des 3,5 années ; chez les patients atteints d'une maladie au stade avancé, 7 patients (IC à 95 % 6 à 10) devaient être traités pour prévenir cet événement dans les 10 années. Le traitement avec un régime croissant de BEACOPP a entraîné un risque plus élevé d'événements indésirables tels que l'anémie (10 fois plus élevé) et la thrombocytopénie (19 fois plus élevé). Toutefois, cela n'a pas conduit à une augmentation de la mortalité liée au traitement. En outre, le risque de syndromes de leucémie myéloïde aiguë secondaire ou syndromes myélodysplasiques était de huit fois plus élevé chez les patients recevant un régime croissant de BEACOPP, mais le nombre total de tumeurs malignes secondaires n'était pas différent statistiquement dans les deux groupes de traitement. Aucune différence concernant la survie globale n'a pu être mise en évidence, ce qui pourrait s'expliquer par la courte période de suivi (moins de cinq ans) des trois essais inclus. Puisque plus de 70 % des patients atteints de lymphome de Hodgkin ont survécu les cinq premières années grâce à la chimiothérapie, la différence entre les régimes pourrait nécessiter plus de temps pour être perçue. Ainsi, une période de suivi plus longue et l'inclusion de l'essai récemment clôturé EORTC 20012 permettront d'apporter une réponse plus définitive en ce qui concerne la survie globale (SG).

Néanmoins, ces résultats ne peuvent être extrapolés que pour les patients adultes (âgés de 16 à 60 ans) atteints de lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable ou avancé. Les patients plus âgés présentent une toxicité liée au traitement plus grave et une mortalité plus élevée pendant le traitement que les patients plus jeunes, ce qui entraîne des résultats plus mauvais pour la survie chez les personnes âgées. L'essai randomisé HD9elderly a consisté à examiner le traitement de référence BEACOPP comparativement au régime de COPP/ABVD chez les patients âgés de plus de 65 ans et n'a pas mis en évidence de différence statistiquement significative pour la survie globale (taux de survie globale de 50 % à cinq ans dans les deux bras de traitement), mais a révélé un taux important plus élevé de décès toxiques, 21 % contre 8 %, après le traitement de référence BEACOPP. Par conséquent, les approches de traitement des patients âgés sont différentes de celles concernant les adultes âgés de moins de 60 ans et les résultats de cette revue ne sont pertinents que pour les patients adultes âgés de moins de 60 ans.

Conclusions des auteurs: 

Cette méta-analyse a montré que les patients adultes âgés de 16 à 60 ans atteints de lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable ou avancé (LH) ont bénéficié de la chimiothérapie incluant un régime croissant de BEACOPP concernant la SSP, mais il n'y avait aucune différence significative dans la SG. Une période de suivi plus longue et l'inclusion de l'essai EORTC 20012 permettront d'apporter une réponse plus définitive en ce qui concerne la survie globale (SG).

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Il existe deux traitements de référence internationaux différents pour le lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable et avancé (LH) : la chimiothérapie avec un régime croissant de BEACOPP (bléomycine/étoposide/doxorubicine/cyclophosphamide/vincristine/procarbazine/ prednisone) et la chimiothérapie avec un régime de ABVD (doxorubicine/bléomycin/vinblastine/dacarbazine).

Objectifs: 

Apporter une réponse fondée sur les preuves concernant les avantages et les inconvénients de la chimiothérapie incluant un régime croissant de BEACOPP comparativement à la chimiothérapie incluant un régime de ABVD.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés (ECR) dans MEDLINE, CENTRAL et dans des actes de conférences (de janvier 1985 jusqu'au mois de novembre 2010) et EMBASE (de 1985 jusqu'au mois de novembre 2008).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés ayant examiné la chimiothérapie incluant au moins deux cycles de régimes croissants de BEACOPP comparativement à la chimiothérapie incluant au moins quatre cycles de régimes de ABVD en tant que traitement de première ligne chez les patients atteints de lymphome de Hodgkin au stade précoce défavorable ou avancé (LH).

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé le hazard ratio (HR) pour mesurer l'effet pour la survie globale (SG), la survie sans progression (SSP) et l'absence de première progression. Le risque relatif a été utilisé pour analyser le taux de réponse complète, la mortalité liée au traitement et les événements indésirables. Deux auteurs indépendants ont extrait les données et évalué la qualité des essais.

Résultats principaux: 

Au total, 790 dossiers ont été passés au crible. Cinq essais éligibles (quatre ayant été publiés, un étant en cours), ont été identifiés. Ces essais n'ont inclus que des patients adultes (âgés de 16 à 60 ans). Quatre essais totalisant 2 868 patients ont été inclus dans les méta-analyses : les essais HD9 et HD14 menés en Allemagne, les essais HD2000 et GSM-HD menés en Italie. Tous les essais ont rendu compte des résultats pour la SSP et la SG. La SSP était statistiquement significativement plus longue avec le régime croissant de BEACOPP : le HR était de 0,53 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,44 à 0,64, I2 = 0 %). Il n'y avait pas de différence statistiquement significative dans la survie globale entre les traitements comparatifs : le HR était de 0,80 (IC à 95 % 0,59 à 1,09, I2 = 0 %). Trois essais ont rendu compte des évènements indésirables : les régimes croissants de BEACOPP ont provoqué statistiquement significativement plus de toxicités hématologiques de grade III ou IV selon l'OMS (anémie P < 0,00001, neutropénie P = 0,007, thrombocytopénie P < 0,00001), infections (P < 0,00001)) et l'apparition d'un syndrome myélodysplasique (SMD) ou d'une leucémie aiguë myéloïde (LAM) (P = 0,05). Il n'y avait aucune différence entre les deux régimes pour les tumeurs malignes secondaires, la mortalité liée au traitement ou l'infertilité.

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.