Interventions sur le lieu de travail pour prévenir l'incapacité de travail des travailleurs en congé de maladie

Conclusions des auteurs: 

Nous avons trouvé des preuves de qualité modérée que les interventions sur le lieu de travail réduisaient le délai avant la première reprise du travail, des preuves de qualité élevée indiquant que les interventions sur le lieu de travail réduisaient la durée cumulée des congés de maladie, des preuves de très faible qualité que les interventions sur le lieu de travail réduisaient le délai avant le retour durable au travail, et des preuves de qualité modérée que les interventions sur le lieu de travail augmentaient les récidives d'arrêt de travail. Dans l'ensemble, les résultats d'efficacité des interventions sur le lieu de travail contre l'incapacité de travail sont variables. Ces interventions réduisent le délai de reprise du travail et améliorent la douleur et l'état fonctionnel chez les travailleurs souffrant de troubles musculo-squelettiques. Nous n'avons trouvé aucune preuve qu'elles aient un effet notable sur le délai de reprise du travail chez les travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale ou de cancer.

Nous avons trouvé des preuves de qualité modérée à l'appui des interventions sur le lieu de travail pour les travailleurs souffrant de troubles musculo-squelettiques. La qualité des preuves concernant l'efficacité des interventions sur le lieu de travail pour les travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale ou de cancer est faible et les résultats ne montrent pas d'effet de ces interventions dans ces groupes de travailleurs. Les recherches futures devront élargir l'éventail de problèmes de santé évalués et employer des études de qualité élevée.

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Contexte: 

L'incapacité au travail a des conséquences graves pour les individus comme pour la société. La reprise du travail peut être facilitée si l'on réduit les obstacles et que l'on encourage la collaboration entre les principales parties prenantes. Cette revue a été publiée pour la première fois en 2009 et a été mise à jour pour inclure des études publiées jusqu'à février 2015.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité des interventions sur le lieu de travail dans la prévention de l'incapacité de travail des travailleurs en congé de maladie, en comparaison avec les soins habituels ou avec des interventions cliniques.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais Cochrane sur le travail, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) et les bases de données MEDLINE, Embase et PsycINFO le 2 février 2015.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) d'interventions sur le lieu de travail visant à améliorer le retour au travail des travailleurs en incapacité. Nous avons uniquement inclus les études dans lesquelles la reprise du travail ou, à l'inverse, l'absence pour maladie était rapportée comme un critère d'évaluation continu.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont extrait indépendamment les données et évalué le risque de biais des études. Nous avons réalisé une méta-analyse lorsque cela était possible et nous avons évalué la qualité des preuves selon les critères GRADE. Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard prévues par Cochrane.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 14 ECR portant sur 1897 travailleurs. Huit études incluaient des travailleurs souffrant de troubles musculo-squelettiques, cinq des travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale, et une des travailleurs atteints d'un cancer. Nous avons jugé six études à faible risque de biais pour le critère d'évaluation de l'absence pour maladie.

Les interventions sur le lieu de travail ont significativement amélioré le délai de première reprise du travail par rapport aux soins habituels, selon des preuves de qualité modérée (hazard ratio (HR) 1,55, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 1,20 à 2,01). Elles n'ont cependant pas réduit considérablement le délai avant la reprise durable du travail par rapport aux soins habituels, selon des preuves de très faible qualité (HR 1,07, IC à 95 % de 0,72 à 1,57). L'effet sur la durée cumulée des absences pour maladie affiche une différence moyenne de -33,33 (IC à 95 % de -49,54 à -17,12) en faveur de l'intervention sur le lieu de travail (preuves de qualité élevée). Une étude évaluant les récidives d'arrêt de travail était favorable aux soins habituels, avec des preuves de qualité modérée (HR 0,42, IC à 95 % de 0,21 à 0,82). Dans l'ensemble, les résultats d'efficacité des interventions sur le lieu de travail contre l'incapacité étaient variables.

Dans les analyses en sous-groupes, nous avons trouvé que les interventions sur le lieu de travail réduisaient davantage le délai avant la première reprise du travail et la reprise durable que les soins habituels chez les travailleurs souffrant de troubles musculo-squelettiques (HR 1,44, IC à 95 % de 1,15 à 1,82 et HR 1,77, IC à 95 % de 1,37 à 2,29, respectivement ; preuves de qualité modérée). Dans ce même groupe, la douleur s'est également améliorée (différence moyenne standardisée (DMS) -0,26, IC à 95 % de -0,47 à -0,06), ainsi que l'état fonctionnel (DMS -0,33, IC à 95 %de -0,58 à -0,08). Dans les études portant sur des travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale, il y a eu une amélioration significative dans le délai avant la première reprise du travail (HR 2,64, IC à 95 % de 1,41 à 4,95), mais aucune réduction considérable du délai avant la reprise durable du travail (HR 0,79, IC à 95 % de 0,54 à 1,17). Une étude sur des travailleurs atteints de cancer n'a pas trouvé de diminution considérable du délai avant la reprise durable du travail (HR 0,88, IC à 95 % de 0,53 à 1,47).

Dans une autre analyse en sous-groupes, nous n'avons pas trouvé de preuve qu'une intervention sur le lieu de travail combinée à une intervention cognitivo-comportementale (HR 1,93, IC à 95 % de 1,27 à 2,93) soit notablement plus efficace qu'une intervention sur le lieu de travail seule (HR 1,35, IC à 95 % de 1,01 à 1,82, test des différences entre les sous-groupes P = 0,17).

Dans une étude, les interventions sur le lieu de travail n'ont pas considérablement réduit le délai avant la première reprise du travail par rapport à une intervention clinique chez des travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale (HR 2,65, IC à 95 % de 1,42 à 4,95, preuves de très faible qualité).

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.