Peg-interféron alpha-2a versus peg-interféron alpha-2b pour l'hépatite C chronique

Importance de la revue ou contexte de la maladie

L'hépatite C est une maladie du foie causée par le virus de l'hépatite C. Dans le monde, environ 170 millions de personnes sont porteuses d'une infection chronique par le virus de l'hépatite C. L'hépatite C chronique peut causer des lésions au foie sous la forme d'inflammation et de cicatrices (cirrhose). Ces lésions peuvent entraîner une insuffisance hépatique et d'autres complications, notamment le cancer du foie. L'objectif du traitement de l'hépatite C chronique est de prévenir les complications de cette infection, ce qui pourrait potentiellement être obtenu en éliminant le virus du sang du patient. Cependant, il reste à comprendre si l'élimination du virus du sang entretient un quelconque lien avec des critères de jugement relatifs au patient ou cliniquement pertinents. L'association d'injections hebdomadaires de peg-interféron alpha et d'administration quotidienne de ribavirine par voie orale reste le traitement standard pour la majorité des patients atteints d'hépatite C chronique. Il existe à ce jour sur le marché deux produits autorisés de peg-interféron, le peg-interféron alpha-2a et le peg-interféron alpha-2b.

Principaux résultats de la revue

La revue a identifié 17 essais cliniques randomisés. Les essais ne rapportaient qu'occasionnellement des critères de jugements relatifs au patient. Tous les essais présentaient un risque élevé de biais (par exemple, surestimation des bénéfices ou sous-estimation des inconvénients des traitements de manière systématique). Les deux traitements étaient associés à un risque élevé d'événements indésirables pouvant entraîner l'arrêt du traitement. Douze essais rendaient compte de l'élimination du virus du sang six mois après la fin du traitement. Un résumé des preuves actuelles dans cette revue suggère que le peg-interféron alpha-2a a plus de chances d'éliminer le virus du sang du patient que le peg-interféron alpha-2b (chez 50 % contre 43 %).

Conclusions

Nous ne sommes pas parvenus à identifier des preuves concernant les bénéfices éventuels d'un peg-interféron par rapport à l'autre sur les critères de jugement relatifs au patient.

Limites de la revue

Il existe un manque de données concernant les critères de jugement relatifs au patient sur ce sujet.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe pas suffisamment de preuves sur les critères de jugement relatifs au patient et les preuves sur les événements indésirables sont rares. Des preuves de qualité modérée suggèrent que le peg-interféron alpha-2a est associé à une meilleure réponse virologique soutenue dans le sérum que le peg-interféron alpha-2b. Toutefois, ce résultat a pu être influencé par le risque élevé de biais des études incluses. Les conséquences cliniques du peg-interféron alpha-2a comparativement au peg-interféron alpha-2b sont inconnues, et un effet sur la réponse virologique soutenue ne peut être traduit en effets cliniques comparables puisque celle-ci reste un critère de substitution non validé pour les critères relatifs au patient. En raison du manque de preuves sur les critères de jugement relatifs au patient et de la rareté des preuves sur les événements indésirables, nous ne sommes pas en mesure de tirer des conclusions concernant les effets d'un peg-interféron par rapport à l'autre.

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Contexte: 

L'association d'interféron pégylé (peg-interféron) alpha en administration hebdomadaire et de ribavirine en administration quotidienne reste aujourd'hui le traitement standard de l'hépatite C chronique chez la majorité des patients. Cependant, il n'est pas établi lequel des deux produits autorisés de peg-interféron, le peg-interféron alpha-2a ou le peg-interféron alpha-2b, est le plus efficace et a un meilleur profil d'innocuité.

Objectifs: 

Évaluer systématiquement les bénéfices et inconvénients du peg-interféron alpha-2a comparé au peg-interféron alpha-2b dans les essais cliniques randomisés en face à face chez les patients atteints d'hépatite C chronique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais contrôlés du groupe Cochrane sur les affections hépato-biliaires, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans la Bibliothèque Cochrane, MEDLINE, EMBASE, Science Citation Index Expanded et LILACS jusqu'à octobre 2013. Nous avons également effectué des recherches dans les actes de conférences et journaux ainsi que dans la littérature grise.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais cliniques randomisés comparant le peg-interféron alpha-2a au peg-interféron alpha-2b administrés avec ou sans co-traitement(s) (par exemple la ribavirine) pour l'hépatite C chronique. Des études quasi randomisées et observationnelles identifiées par les recherches ont également été prises en compte pour l'évaluation des effets négatifs. Nos critères de jugement principaux étaient la mortalité toutes causes confondues, la morbidité hépatique, les événements indésirables graves, les événements indésirables entraînant un arrêt du traitement, d'autres événements indésirables, et la qualité de vie. Le critère de jugement secondaire était la réponse virologique soutenue dans le sérum.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont utilisé indépendamment un formulaire de collecte de données standardisé. Nous avons effectué une méta-analyse des données avec les modèles à effets fixes et à effets aléatoires. Pour chaque critère de jugement, nous avons calculé le risque relatif (RR) avec intervalle de confiance (IC) à 95 % sur la base de l'analyse en intention de traiter. Nous avons utilisé les domaines des essais pour évaluer le risque d'erreurs systématiques (biais) et des analyses séquentielles d'essais pour évaluer les risques d'erreurs aléatoires (effet de hasard). Les effets des interventions sur les critères de jugement ont été évalués selon la méthode GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 17 essais cliniques randomisés qui comparaient le peg-interféron alpha-2a associé à la ribavirine et le peg-interféron alpha-2b associé à la ribavirine chez 5 847 patients. Tous les essais présentaient un risque élevé de biais. Très peu d'essais rapportaient des données sur un petit nombre de patients pour les critères de jugement relatifs au patient de la mortalité toutes causes confondues, la morbidité hépatique, les événements indésirables graves et la qualité de vie. En conséquence, nous n'avons pas pu réaliser de méta-analyses sur la mortalité toutes causes confondues, la morbidité hépatique et la qualité de vie. Douze essais rendaient compte des événements indésirables entraînant un arrêt du traitement sans apporter de preuve probante d'une différence entre les deux peg-interférons (197/2 171 (9,1 %) contre 311/3 169 (9,9 %) ; RR 0,84, IC à 95 % 0,57 à 1,22 ; I2 = 44 % ; preuves de faible qualité). Une analyse séquentielle des essais a montré que nous pouvions exclure une réduction du risque relatif de 20 % ou plus sur ce critère de jugement. Le peg-interféron alpha-2a a significativement augmenté le nombre de patients ayant obtenu une réponse virologique soutenue dans le sérum par rapport au peg-interféron alpha-2b (1 069/2 099 (51 %) contre 1 327/3 075 (43 %) ; RR 1,12, IC à 95 % 1,06 à 1,18 ; I2 = 0 %, 12 essais ; preuves de qualité modérée). Des analyses séquentielles d'essais confortaient ce résultat. Les analyses par sous-groupe en fonction du risque de biais, du génotype viral et de l'historique de traitement ont donné des résultats similaires. Des analyses séquentielles d'essais confortaient les résultats chez les patients présentant les génotypes 1 et 4, mais pas chez les patients présentant les génotypes 2 et 3.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.