Effets des médicaments antiépileptiques dans la prévention primaire et secondaire des crises épileptiques après un AVC

Problématique de la revue

Existe-t-il des données probantes à l’appui de l'utilisation systématique des médicaments antiépileptiques (MAE) pour la prévention primaire et secondaire des crises après un AVC ?

Contexte

Les crises d'épilepsie après un accident vasculaire cérébral sont cliniquement importantes. On ne sait pas encore si les MAE sont efficaces pour prévenir les crises après un accident vasculaire cérébral chez les adultes.

Résultats

Nous avons trouvé deux essais prospectifs randomisés, en double aveugle, contrôlés par placebo et évaluant l'effet des MAE sur la prévention primaire des crises après un AVC. La première étude portait sur 72 adultes comparant l'acide valproïque à un placebo et n'a montré aucune différence des crises post-AVC entre le groupe d'intervention et le groupe contrôlé. La seconde étude portait sur 784 adultes comparant le diazépam au placebo et n'a montré aucune différence dans les crises post-AVC entre le groupe diazépam et le groupe placebo. Cependant, une analyse de sous-groupe des infarctus corticaux antérieurs a montré un bénéfice possible avec le diazépam prophylactique dans les trois premiers mois après l'AVC. Dans l'ensemble, les données probantes sont insuffisantes pour justifier l’utilisation systématique des MAE pour prévenir les crises épileptiques après un AVC. Des recherches plus approfondies pour savoir si la prophylaxie par les MAE est indiquée dans tous les cas d'AVC ou dans les cas d'AVC présentant des caractéristiques spécifiques.

Qualité des données probantes

Nous avons évalué le risque de biais des études incluses comme étant globalement faible et le niveau de confiance des données probantes faible à modéré. Cela signifie que des recherches supplémentaires sont susceptibles de changer nos estimations des effets et pourraient modifier ces conclusions.

Les données probantes sont à jour jusqu'au 9 mars 2021.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes sont insuffisantes pour justifier l'utilisation systématique des médicaments antiépileptiques dans la prévention primaire et secondaire des crises épileptiques après un accident vasculaire cérébral. D'autres études bien menées sont nécessaires pour ce problème clinique important.

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Contexte: 

Les crises d'épilepsie après un accident vasculaire cérébral (AVC) constituent un problème clinique important et pourraient entraîner des résultats défavorables. L’utilité des médicaments antiépileptiques (MAE) pour la prophylaxie des crises après un accident vasculaire cérébral n’est toujours pas claire.

Il s'agit d'une version actualisée de la revue Cochrane précédemment publiée en 2014.

Objectifs: 

Évaluer les effets des MAE pour la prévention primaire et secondaire des crises d'épilepsie après un accident vasculaire cérébral. Concernant la prévention primaire, nous avons cherché à évaluer si les MAE réduisent la probabilité de crises chez les personnes ayant eu un accident vasculaire cérébral sans antécédents de crises épileptiques. Concernant la prévention secondaire, nous avons cherché à déterminer si les MAE réduisent la probabilité de nouvelles crises chez les personnes ayant eu un AVC et au moins une crise post-AVC.

Stratégie de recherche documentaire: 

Le 9 mars 2021 nous avons recherché les bases de données suivantes : le registre Cochrane des études (CRS Web), MEDLINE (Ovid, de 1946 au 8 mars 2021). Le CRS Web comprend des essais contrôlés randomisés ou quasi randomisés provenant de PubMed, Embase, ClinicalTrials.gov, le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la santé (ICTRP), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) et les registres spécialisés des groupes de revue Cochrane, y compris les groupes sur l'épilepsie et l'accident vasculaire cérébral. Nous avons également vérifié les références bibliographiques des articles extraits de ces recherches.

Critères de sélection: 

Nous avons sélectionné des études contrôlées randomisées et quasi randomisées qui ont recruté des participants avec un diagnostic clinique d'accident vasculaire cérébral de type ischémique ou hémorragique. Nous avons exclu les études qui ne recrutaient que des participants ayant une hémorragie sous-arachnoïdienne, une hémorragie sous-durale, une hémorragie extra-durale ou d'autres diagnostics non liés à un accident vasculaire cérébral tels qu'un infarctus ou une hémorragie liés à une tumeur ou une infection. Nous avons également exclu les études qui ne recrutaient que des participants ayant eu une intervention neurochirurgicale. Nous avons inclus des participants de tous les âges ayant tout type de crise et qui ont été assignés aux groupes MAE ou placebo.

Recueil et analyse des données: 

Conformément aux procédures méthodologiques standard spécifiées par Cochrane, deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les essais pour l’inclusion avant d'évaluer le risque de biais et d'extraire les données pertinentes. Le critère de jugement principal évalué était la proportion de participants ayant des crises au cours de la période de suivi. Nous avons calculé les risques relatifs (RR) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques ainsi que les différences moyennes (DM) et les IC à 95 % pour les critères de jugement continus. Lorsque nous disposions de suffisamment de données, nous avons calculé des méta-analyses à effets aléatoires (Mantel-Haenszel) pour les critères de jugement dichotomiques ; sinon, nous avons rapporté les résultats de manière narrative. Nous avons utilisé la statistique I2 pour analyser l'hétérogénéité statistique. Nous avons prévu d'utiliser des diagrammes de tracés en entonnoir pour évaluer le biais de publication dans les méta-analyses comportant au moins 10 études incluses. Nous avons utilisé le système GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.

Résultats principaux: 

Deux études comprenant un total de 856 sujets ont été incluses. Les MAE ne se sont pas révélés efficaces dans la prophylaxie primaire des crises post-AVC (RR 0,65, IC à 95 % entre 0,34 et 1,26 ; 2 études, 856 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).

La première étude était une étude randomisée en double aveugle comparant l'acide valproïque à un placebo pour la prévention primaire des crises jusqu'à un an après l'AVC. L'étude a porté sur 72 adultes ayant eu une hémorragie intracérébrale. Il n'y avait pas de différence dans le risque de crises post-AVC (RR 0,88, IC à 95 % entre 0,35 et 2,16) ou de décès (RR 1,20, IC à 95 % entre 0,40 et 3,58).

La deuxième étude était une sous-étude sur l'utilisation du diazépam dans les accidents vasculaires cérébraux aigus. Il s'agissait d'une étude randomisée en double aveugle sur 784 adultes ayant eu un AVC aigu comparant un traitement de trois jours au diazépam à un placebo pour la prévention primaire des crises jusqu'à trois mois après l'AVC. Il n'y avait pas de données probantes suggérant une différence dans le risque de crises post-AVC pour tous les AVC ni les sous-groupes d'AVC hémorragiques ou ischémiques (RR pour tous les AVC 0,47, IC à 95 % entre 0,18 et 1,22). Dans une analyse de sous-groupe des infarctus corticaux antérieurs, la prophylaxie primaire par le diazépam était associée à une réduction du risque de crises post-AVC (RR 0,21, IC à 95 % entre 0,05 et 0,95). Les risques de mortalité n’étaient pas différents entre le groupe diazépam et le groupe placebo après deux semaines (RR 0,84, IC à 95 % entre 0,56 et 1,26) et après trois mois de suivi (RR 0,95, IC à 95 % entre 0,72 et 1,26).

Les deux études avaient un risque global de biais faible. En utilisant l'approche GRADE, nous avons évalué le niveau de confiance global des données probantes comme étant faible à modéré.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.