Séquence de chimiothérapie et radiothérapie chez les femmes après la chirurgie du cancer du sein au stade précoce

La chimiothérapie et la radiothérapie réduisent toutes deux le risque de récidive du cancer du sein et le risque de décès dû au cancer du sein. Généralement, ces thérapies sont administrées après la chirurgie mais il existe une incertitude quant à savoir s'il convient de les administrer en même temps (simultanément) ou l'une après l'autre (de façon séquentielle). Si elles sont utilisées de façon séquentielle, la radiothérapie ou la chimiothérapie pourrait être utilisée en premier mais des inquiétudes ont été soulevées quant à la diminution éventuelle de l'efficacité de la thérapie qui est différée. Toutefois, il a également été suggéré que l'utilisation de la chimiothérapie et de la radiothérapie en même temps pourrait être plus toxique que leur administration séparément. Cette revue a examiné les preuves actuellement disponibles concernant la meilleure façon d'administrer la chimiothérapie et la radiothérapie suite à la chirurgie de conservation du sein. Nous avons pu inclure trois essais randomisés. Deux de ces essais, incluant 853 femmes, ont comparé la radiothérapie et la chimiothérapie administrées en même temps par rapport à la chimiothérapie administrée en premier suivie de la radiothérapie. Le troisième essai a randomisé 244 femmes dans le groupe de radiothérapie suivie de chimiothérapie versus la chimiothérapie suivie de radiothérapie. Les preuves apportées par ces trois essais bien menés laissent entendre que la récidive du cancer d'une femme et les risques qu'elle décède du cancer du sein sont similaires quel que soit l'ordre des traitements, à condition que la radiothérapie et la chimiothérapie soient toutes deux commencées dans les sept mois suivant la chirurgie. Les essais ont apporté des données limitées concernant les événements indésirables, les effets secondaires ou la qualité de vie associés aux différentes séquences de traitement. Les preuves disponibles limitées laissent entendre que la fréquence et la sévérité des effets secondaires de la chimiothérapie et de la radiothérapie sont similaires quelle que soit la séquence utilisée. Toutefois, il convient de noter que les femmes dans ces essais ont été traitées, en moyenne, au début des années 2000. En conséquence, les essais n'évaluent pas les types modernes de radiothérapie, et les nouveaux types de chimiothérapie (tels que les taxanes) ou d'autres médicaments (tels que l'Herceptin). Nous ajouterons les essais pertinents qui incluent ces traitements plus récents dans les futures mises à jour de cette revue.

Conclusions des auteurs: 

Les données incluses dans cette revue, issues de trois essais randomisés bien menés, laissent entendre que des méthodes de séquences de CT et de RT différentes ne semblent pas avoir d'effet majeur sur la récidive ou la survie chez les femmes atteintes du cancer du sein si la RT est commencée dans les sept mois suivant la chirurgie.

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Contexte: 

Après la chirurgie du cancer du sein localisé, la radiothérapie (RT) améliore à la fois le contrôle local et la survie spécifique au cancer du sein. Chez les patientes à risque de porter une maladie micro-métastatique, la chimiothérapie adjuvante (CT) améliore la survie à 15 ans. Toutefois, la meilleure séquence d'administration de ces deux types de traitement adjuvant contre le cancer du sein au stade précoce n'a pas été clairement établie.

Objectifs: 

Déterminer les effets de différentes séquences de CT adjuvante et RT chez les femmes atteintes d'un cancer du sein au stade précoce.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche mise à jour dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le cancer du sein (20 mai 2011), MEDLINE (14 décembre 2011), EMBASE (20 mai 2011) et le système d'enregistrement international des essais cliniques de l'Organisation mondiale de la santé (WHO ICTRP) (20 mai 2011). Les détails de la stratégie de recherche et les méthodes de codage pour le registre spécialisé sont décrits dans le module du Groupe dans The Cochrane Library. Nous avons extrait des études qui avaient été codées dans les catégories 'précoce', 'chimiothérapie' et 'radiothérapie'.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés évaluant différentes séquences de CT et RT.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons évalué l'éligibilité et la qualité méthodologique des études identifiées et extrait des données dans les rapports publiés des essais inclus. Nous avons déduit les rapports de cotes (RC) et les hazard ratios (HR) à partir des données numériques disponibles. Les données de toxicité ont été extraites, quand elles étaient rapportées. Nous avons utilisé un modèle à effets fixes pour la méta-analyse et réalisé les analyses sur la base de la méthode de séquences des deux traitements.

Résultats principaux: 

Trois essais rapportant des comparaisons de deux différentes séquences ont été identifiés. Aucune différence significative n'a été observée entre les différentes méthodes de séquences du traitement adjuvant en ce qui concerne la survie sans récidive locale, la survie globale, la survie sans récidive et la survie sans métastase en se basant sur 1 166 femmes randomisées dans trois essais. La radio-chimiothérapie concomitante a augmenté l'anémie (RC 1,54 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,10 à 2,15), la télangiectasie (RC 3,85 ; IC à 95 % 1,37 à 10,87) et la pigmentation (RC 15,96 ; IC à 95 % 2,06 à 123,68). Les femmes traitées n'ont pas rapporté d'aggravation de l'aspect avec la radio-chimiothérapie concomitante mais les évaluations établies par le médecin l'ont rapportée (RC 1,14 ; IC à 95 % 0,42 à 3,07). Les autres mesures de toxicité n'étaient pas différentes entre les deux types de séquences. En se basant sur un essai (244 femmes), la RT avant la CT a été associée à un risque accru de sepsis neutropénique (RC 2,96 ; IC à 95 % 1,26 à 6,98) par rapport à la CT avant la RT, mais les autres mesures de toxicité n'étaient pas différentes.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.