Diurétiques dans la prévention de la pré-éclampsie

Il n'existe pas suffisamment de preuves pour tirer des conclusions fiables sur les effets des diurétiques dans la prévention de la pré-éclampsie.

La pré-éclampsie est une complication grave de la grossesse survenant chez environ 10 % des femmes. Elle est identifiée par une élévation de la pression artérielle et un taux élevé de protéines dans les urines. Au départ, les femmes peuvent être asymptomatiques. La constriction des vaisseaux sanguins du placenta, l'une des caractéristiques de la maladie, interfère avec l'apport de nutriments et d'oxygène au bébé, ce qui ralentit la croissance du bébé et entraîne parfois la naissance prématurée du bébé. Certaines femmes sont atteintes d'un œdème généralisé et, plus rarement, peuvent avoir des crises. Les diurétiques entraînent une augmentation de la diurèse et un relâchement des vaisseaux sanguins, ce qui a pour effet d'abaisser la pression artérielle. En raison de ces effets, il a été suggéré que ces médicaments pourraient prévenir la pré-éclampsie chez ces femmes. Sur cette base, ces médicaments ont commencé à être utilisés pendant la grossesse ; toutefois, on a pensé qu'ils pourraient interférer sur l'expansion normale du volume sanguin pendant la grossesse et contribuer ainsi à une augmentation du risque de pré-éclampsie. Cette revue de cinq essais contrôlés randomisés, portant sur 1 836 femmes, a cherché à examiner les preuves en faveur de l'utilisation de diurétiques dans la prévention de la pré-éclampsie. Tous les essais ont comparé les diurétiques avec un placebo ou l'absence de traitement. Cependant, seuls quatre essais (1 391 femmes) ont mentionné la pré-éclampsie. Aucune différence significative n'a été observée dans les résultats, hormis le fait que les diurétiques ont été associés à davantage de nausées et de vomissements.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe pas suffisamment de preuves pour tirer des conclusions fiables sur les effets des diurétiques dans la prévention de la pré-éclampsie et de ses complications. Toutefois, il ne ressort de cette revue aucun effet bénéfique manifeste de l'utilisation des diurétiques pour prévenir la pré-éclampsie. Si l'on tient compte en outre du niveau des effets indésirables constatés, l'utilisation des diurétiques pour la prévention de la pré-éclampsie et de ses complications ne saurait être recommandée.

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Contexte: 

Les diurétiques sont utilisés pour réduire la pression artérielle et l'œdème chez les personnes qui ne sont pas enceintes. Auparavant, ils étaient utilisés pendant la grossesse afin de prévenir ou de retarder le développement de la pré-éclampsie. Cette pratique a donné lieu à des controverses lorsque d'aucuns se sont inquiétés du fait que les diurétiques pouvaient réduire davantage le volume plasmatique chez les femmes atteintes de pré-éclampsie, et augmenter ainsi le risque d'effets indésirables pour la mère et l'enfant, notamment pour la croissance du fœtus.

Objectifs: 

Évaluer les effets des diurétiques sur la prévention de la pré-éclampsie et de ses complications.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (mai 2010).

Critères de sélection: 

Des essais randomisés évaluant les effets des diurétiques pour prévenir la pré-éclampsie et ses complications.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de la revue ont sélectionné les essais à inclure et extrait les données, d'une manière indépendante. Nous avons analysé les données et effectué une double vérification quant à leur exactitude.

Résultats principaux: 

Cinq études (1 836 femmes) ont été incluses. Toutes étaient d'une qualité incertaine. Les études ont comparé les diurétiques thiazidiques à un placebo ou à aucune intervention. Aucune différence clairement établie n'a été observée entre les groupes sous diurétique et les groupes témoins pour tous les résultats rapportés sur la grossesse, notamment pour la pré-éclampsie (quatre essais, 1 391 femmes ; risque relatif (RR) = 0,68, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,45 à 1,03), la mortalité périnatale (cinq essais, 1 836 femmes, RR = 0,72, IC à 95 % 0,40 à 1,27), et les naissances prématurées (deux essais, 465 femmes; RR = 0,67, IC à 95 % 0,32 à 1,41). Aucun bébé petit pour l'âge gestationnel n'a été observé dans l'essai qui comportait ce critère d'évaluation, et les preuves permettant de démontrer des différences claires entre les deux groupes en ce qui concerne les poids à la naissance (un essai, 20 femmes, moyenne 139 grammes de différence, IC à 95 % -484,40 à 762,40) n'étaient pas suffisantes.

Les diurétiques thiazidiques ont été associés à une augmentation du risque de nausées et de vomissements (deux essais, 1217 femmes, RR 5,81, IC à 95 % 1,04 à 32,46), et les femmes sous diurétiques étaient davantage susceptibles d'arrêter le traitement en raison d'effets secondaires comparativement à celles sous placebo (deux essais, 1 217 femmes, RR 1,85, IC à 95 % 0,81 à 4,22).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.