L'oxcarbazépine versus la phénytoïne en monothérapie (traitement avec un seul médicament) pour l'épilepsie

Il s'agit d'une version mise à jour de la Revue Cochrane publiée pour la première fois dans le numéro 2, 2006, de la Base de données Cochrane des revues systématiques.

Contexte

L'épilepsie est une affection courante au cours de laquelle des décharges électriques anormales provenant du cerveau provoquent des crises récurrentes. Dans cette revue, nous avons étudié deux types de crises d’épilepsie : les crises d’épilepsie généralisées, lors desquelles les décharges électriques commencent dans une partie du cerveau et se propagent dans l’ensemble du cerveau, et les crises d’épilepsie partielles, lors desquelles la crise se produit et affecte une partie du cerveau (un hémisphère entier du cerveau ou une partie d’un lobe du cerveau). Les crises d’épilepsie partielles peuvent se transformer en crises généralisées (généralisation secondaire) et se propager d’une partie du cerveau à l’ensemble du cerveau. Pour environ 70 % des personnes atteintes d’épilepsie, un seul médicament antiépileptique peut contrôler les crises d’épilepsie partielles ou généralisées.

Objectif

Dans le monde entier, la phénytoïne est un antiépileptique couramment utilisé et l'oxcarbazépine fait partie d'une nouvelle génération d'antiépileptiques. L'objectif de cette revue était de comparer l'efficacité de ces médicaments pour maîtriser les crises, de déterminer s'ils sont associés à des effets secondaires qui peuvent entraîner l'arrêt du traitement et d'aider les gens à choisir entre ces médicaments.

Méthodes

Nous avons évalué les résultats de trois études (plus précisément, des essais cliniques comparatifs randomisés) comparant l'oxcarbazépine à la phénytoïne. Nous avons été en mesure de combiner les données de 480 personnes provenant de deux des trois essais. Pour les 37 personnes de l’essai clinique restant, les informations pertinentes pour cette revue n'étaient pas disponible. Les données probantes sont à jour au 20 août 2018.

Résultats

La revue a révélé que les personnes qui prennent de l'oxcarbazépine cessent de prendre le traitement en raison des effets secondaires beaucoup plus tardivement que celles qui prennent de la phénytoïne. Nos résultats ont également montré que les personnes ayant des crises d'épilepsie à déclenchement localisé qui prennent de la phénytoïne peuvent cesser de prendre le traitement pour une raison quelconque plus tôt que les personnes ayant des crises d'épilepsie à déclenchement localisé qui prennent de l'oxcarbazépine. Les résultats suggèrent également que les personnes ayant des crises d'épilepsie partielle qui prennent de l'oxcarbazépine peuvent avoir des crises répétées plus tardivement, et ne plus avoir de crises plus tôt, que les personnes ayant des crises partielles qui prennent de la phénytoïne. Il n'y avait pas de différence claire entre les médicaments en termes d’arrêt du traitement, de récidive ou de rémission des crises chez les personnes ayant des crises généralisées.

Qualité des données probantes

Les deux études incluses dans l'analyse étaient bien conçues, mais aucune information sur les crises n'a été recueillie une fois que les personnes avaient cessé de prendre leur médicament dans le cadre de l'essai, ce qui peut avoir eu une incidence sur les résultats de l'étude.

La plupart des personnes (70 %) incluses dans les études de cette revue ont eu des crises d'épilepsie à déclenchement localisé, de sorte que les résultats sont principalement pertinents pour les personnes atteintes de ce type d'épilepsie. De plus, jusqu'à 30 % des personnes participant aux essais figurant dans nos résultats peuvent avoir été classées à tort comme ayant des crises généralisées, ce qui peut avoir eu un impact sur les résultats.

Pour ces raisons, nous avons jugé que la valeur probante des données fournies dans le cadre de cette revue était moyenne pour les personnes ayant des crises à déclenchement localisé et faible pour les personnes ayant des crises à déclenchement généralisé.

Conclusions

Pour les personnes ayant des crises d'épilepsie à déclenchement localisé, l'oxcarbazépine peut être un traitement préférable à la phénytoïne, mais il faut plus d'information pour que les personnes ayant des crises généralisées puissent choisir entre ces médicaments. Nous recommandons que tous les futurs essais comparant ces médicaments, ou tout autre médicament antiépileptique soient conçus en utilisant des méthodes de qualité élevée. Les types de crises d'épilepsie inclus dans les essais doivent également être classés très soigneusement.

Conclusions des auteurs: 

Les données de bonne valeur probante fournies dans le cadre de cette revue indiquent que l'échec du traitement par l'oxcarbazépine survient beaucoup plus tard que par la phénytoïne en raison d'effets indésirables. Chez les personnes qui ont des crises d'épilepsie partielle, des données de valeur probante moyenne suggèrent que l'oxcarbazépine peut être supérieure à la phénytoïne en termes d'échec thérapeutique pour quelque raison que ce soit, de récidive des crises et de rémission des crises. Par conséquent, l'oxcarbazépine pourrai être un traitement alternatif préférable à la phénytoïne, en particulier pour les personnes qui ont des crises à apparition localisée. Les données présentées dans cette étude qui portent sur les personnes ayant des crises généralisées sont de faible valeur probante et n'éclairent pas la politique actuelle en matière de traitement.

Nous recommandons que les essais futurs soient de la meilleure qualité possible en ce qui concerne le choix de la population, la classification du type de crise, la durée du suivi (y compris le suivi continu après l'échec ou le retrait du traitement randomisé), le choix des critères de jugement et de l'analyse et la présentation des résultats.

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Contexte: 

Il s'agit d'une version mise à jour de la Revue Cochrane publiée en 2013. Cette étude fait partie d'une série d'études Cochrane portant sur des comparaisons de monothérapies par paires.

L’épilepsie est un trouble neurologique fréquent lors duquel des décharges électriques anormales dans le cerveau causent des crises non provoquées récurrentes. On pense qu'avec un traitement médicamenteux efficace, jusqu'à 70 % des personnes souffrant d'épilepsie active ont le potentiel de ne plus avoir de crises convulsives et d'obtenir une rémission à long terme peu de temps après le début de la pharmacothérapie avec un seul médicament antiépileptique en monothérapie.

Dans le monde entier, la phénytoïne est un médicament antiépileptique couramment utilisé. Il est important de comparer les nouveaux médicaments, comme l'oxcarbazépine, aux traitements standard couramment utilisés.

Objectifs: 

Examiner le délai avant l'échec du traitement, la rémission et la première crise avec l'oxcarbazépine comparativement à la phénytoïne, lorsqu'elle est utilisée en monothérapie chez les personnes ayant des crises à apparition partielle ou des crises tonico-cloniques généralisées (avec ou sans autres types de crises généralisées).

Stratégie de recherche documentaire: 

Le 20 août 2018, nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes : le Registre d'études Cochrane (CRS Web), qui comprend le Registre spécialisé du Cochrane Epilepsy Group et le Registre central des essais contrôlés Cochrane (CENTRAL), MEDLINE (Ovid, 1946 au 20 août 2018), ClinicalTrials.gov et la plateforme internationale des essais cliniques de l'OMS (ICTRP). Nous avons fait des recherches dans des revues scientifiques pertinentes et avons communiqué avec des sociétés pharmaceutiques, des investigateurs d'essais cliniques originaux et des experts dans le domaine.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais comparatifs randomisés comparant la monothérapie à l'oxcarbazépine ou à la phénytoïne chez des enfants ou des adultes avec des crises d'épilepsie partelle ou des crises tonico-cloniques généralisées à apparition précoce.

Recueil et analyse des données: 

Il s’agissait d’une revue portant sur des données de patients individuels (DPI). Notre critère de jugement principal était le délai avant l'échec du traitement et nos critères de jugement secondaires étaient le délai avant la première crise après la randomisation, le délai avant la rémission à 6 et 12 mois et l'incidence des événements indésirables. Nous avons utilisé des modèles de régression à risques proportionnels de Cox pour obtenir des estimations des hazard ratios (HR) spécifiques aux essais avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %, en utilisant la méthode générique de l’inverse de la variance pour l’estimation regroupée globale des HR et des IC à 95 %.

Résultats principaux: 

Les données sur les participants individuels étaient disponibles pour 480 participants sur un total de 517 (93 %), pour deux essais sur trois inclus. En ce qui concerne les résultats de la rémission, un HR inférieur à un indique un avantage pour la phénytoïne ; et en ce qui concerne les résultats de la première crise et de l'échec du traitement, un HR inférieur à un indique un avantage pour l'oxcarbazépine.

Les résultats concernant le délai avant l'échec du traitement pour quelque raison que ce soit liée au traitement ont montré un avantage potentiel de l'oxcarbazépine par rapport à la phénytoïne, mais ce n'était pas statistiquement significatif (HR global ajusté pour le type épileptique : 0.78 IC à 95 % de 0,53 à 1,14, 476 participants, deux essais, données de valeur probante moyenne). Notre analyse a montré que l'échec du traitement attribuable à des effets indésirables s'est produit plus tard avec l'oxcarbazépine qu'avec la phénytoïne (HR global pour tous les participants) : 0.22 (IC à 95 % : 0,10 à 0,51, 480 participants, deux essais, données de bonne valeur probante). Notre analyse du délai avant l'échec du traitement en raison d'un manque d'efficacité n'a révélé aucune différence claire entre les médicaments (HR global pour tous les participants) : 1.17 (IC à 95 % : 0,31 à 4,35), 480 participants, deux essais, données de valeur probante moyenne).

Nous n'avons pas trouvé de différence claire ou statistiquement significative entre les médicaments pour les critères de jugement secondaires de la revue : délai avant la première crise après la randomisation (HR global ajusté pour le type d'épilepsie) : 0.97 IC à 95 %, 0,75 à 1,26, 468 participants, deux essais, données de valeur probante moyenne) ; délai de rémission à 12 mois (HR global ajusté pour le type d'épilepsie 1,04 IC à 95 %, 0,77 à 1,41, 468 participants, deux essais, données de valeur probante moyenne) et délai de rémission à six mois (HR global, ajusté pour le type d’épilepsie : 1.06 IC à 95 % de 0,82 à 1,36, 468 participants, deux essais, données de valeur probante moyenne).

Les effets indésirables les plus fréquemment signalés chez plus de 10 % des participants prenant l'un ou l'autre des médicaments étaient la somnolence (28 % du nombre total de participants, avec des taux semblables pour les deux médicaments), les maux de tête (15 % du nombre total de participants, avec des taux semblables pour les deux médicaments), les vertiges (14,5 % du nombre total de participants, déclarés par un nombre légèrement supérieur de participants sous phénytoïne (18 %) que sous oxcarbazépine (11 %)) et une hyperplasie des gencives (déclarée par beaucoup plus de participants sous phénytoïne (18 %) que sous oxcarbazépine (2 %)).

Les résultats de cette revue s'appliquent principalement aux personnes ayant subi des crises d'épilepsie partielle ; 70 % des personnes incluses ont subi des crises de ce type au départ. Les deux études incluses dans la méta-analyse sur DPI étaient généralement de bonne qualité méthodologique, mais la conception des études peut avoir biaisé les résultats des critères de jugement secondaires (délai avant la première crise après la randomisation, délai de rémission à six et 12 mois) puisque les données sur la récurrence des crises n'ont pas été recueillies après un échec thérapeutique ou une interruption de participation à l'étude. De plus, une classification erronée du type d'épilepsie peut avoir une incidence sur les résultats, en particulier chez les personnes ayant des crises généralisées.

Notes de traduction: 

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