Éthosuximide, valproate de sodium ou lamotrigine dans le cas d'absence épileptique chez les enfants et adolescents

Contexte

Les crises d’épilepsie sont causées par des décharges électriques anormales du cerveau. Les absences épileptiques se traduisent par une perte soudaine de conscience. Elles commencent souvent dès l'enfance ou l'adolescence. Trois antiépileptiques sont souvent utilisés en cas d’absence épileptique : le valproate, l’éthosuximide et la lamotrigine.

Cette revue vise à déterminer quel est le meilleur choix d’antiépileptique parmi ces trois médicaments pour le traitement des crises d'absence chez les enfants et les adolescents.

Résultats

Nous avons trouvé des données probantes provenant de huit essais cliniques de faible envergure qui indiquent que les patients prenant de la lamotrigine sont plus susceptibles de ne pas avoir de crise d’épilepsie que ceux prenant un placebo. Nous avons également trouvé des données probantes de qualité élevée qui indiquent que les patients qui prennent de l'éthosuximide ou du valproate sont plus susceptibles de ne pas avoir de crise que ceux qui prennent de la lamotrigine. Toutefois, en raison du plus faible risque d'effets indésirables, l'éthosuximide est préféré au valproate chez les enfants atteints d’absences épileptiques.

Au regard de l'efficacité et de la tolérabilité, l'éthosuximide représente la monothérapie empirique optimale pour l’initiation du traitement des crises d’absence chez les enfants et les adolescents.

Les données probantes sont à jour jusqu'en septembre 2020.

Conclusions des auteurs: 

Depuis la publication de la dernière version de cette revue, nous n'avons trouvé aucune nouvelle étude. Par conséquent, les conclusions restent les mêmes que dans la revue précédente. Au regard de l'efficacité et de la tolérabilité, l'éthosuximide représente la monothérapie empirique optimale pour l’initiation du traitement des absences épileptiques chez les enfants et les adolescents. Toutefois, si les crises d’absence et les crises tonico-cloniques généralisées coexistent, le valproate devrait être privilégié car l'éthosuximide est probablement inefficace contre les crises tonico-cloniques.

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Contexte: 

Il s'agit d'une version mise à jour de la Revue Cochrane publiée précédemment en 2019.

Les absences épileptiques sont de brèves crises d'épilepsie qui surviennent pendant l'enfance et l'adolescence. Selon les symptômes cliniques et les résultats de l'électroencéphalogramme (EEG), elles sont divisées en absences typiques, atypiques, et en absences avec symptomatologie particulière. Les absences typiques sont caractérisées par une perte soudaine de conscience et l’EEG montre généralement des décharges généralisées de pointes-ondes à trois cycles par seconde (3 Hz). L'éthosuximide, le valproate et la lamotrigine sont actuellement utilisés pour traiter les crises d'absence. Cette revue vise à déterminer le meilleur choix d'antiépileptique pour les enfants et les adolescents atteints d’absences épileptiques.

Objectifs: 

Examiner les données probantes sur les effets de l'éthosuximide, du valproate et de la lamotrigine dans le traitement d’absences épileptiques des enfants et des adolescents, comparativement à un placebo ou entre eux.

Stratégie de recherche documentaire: 

Pour la dernière mise à jour, nous avons effectué une recherche dans le registre des études Cochrane (CRS Web, 22 septembre 2020) et dans MEDLINE (Ovid, 1946 au 21 septembre 2020). CRS Web comprend des essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés de PubMed, Embase, ClinicalTrials.gov, le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) et les registres spécialisés des groupes Cochrane, dont celui sur l'épilepsie. Aucune restriction de langue n'a été imposée. De plus, nous avons contacté Sanofi Winthrop, Glaxo Wellcome (maintenant GlaxoSmithKline) et Parke Davis (maintenant Pfizer), respectivement fabricants du valproate de sodium, de la lamotrigine et de l’éthosuximide.

Critères de sélection: 

Les essais randomisés en groupes parallèles en monothérapie ou essais complémentaires comprenant une comparaison des éléments suivants chez les enfants ou les adolescents atteints d’absences épileptiques : éthosuximide, valproate de sodium, lamotrigine, ou placebo.

Recueil et analyse des données: 

Les critères de jugement étaient : 1. la proportion d'individus exempts de crises à un, trois, six, 12 et 18 mois après la randomisation ; 2. les individus présentant une réduction de 50% ou plus de la fréquence des crises ; 3. la normalisation de l'EEG et/ou un test d'hyperventilation négatif ; et 4. les effets indésirables. Les données ont été extraites indépendamment par deux auteurs de la revue. Les résultats sont présentés sous forme de risque relatifs (RR) avec des intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %). Nous avons utilisé les critères d'évaluation de qualité GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes des critères de jugement dérivés de toutes les études incluses.

Résultats principaux: 

Sur la base de nos critères de sélection, nous n'avons inclus aucune nouvelle étude dans la présente revue. Huit essais de faible envergure (nombre total de participants : 691) ont été inclus à partir de la revue précédente. Six d'entre eux étaient de faible qualité méthodologique (risque de biais pas clair ou élevé) et sept avaient inclus moins de 50 participants. Il n'existe pas d'essais contrôlés par placebo pour l'éthosuximide ou le valproate, et donc pas de données probantes provenant d'essais contrôlés randomisés (ECR) pour soutenir un effet spécifique sur les absences épileptiques pour l'un ou l'autre de ces deux médicaments. En raison des méthodologies différentes utilisées dans les essais comparant l'éthosuximide, la lamotrigine et le valproate, nous avons jugé inapproprié d'entreprendre une méta-analyse. Un vaste essai contrôlé randomisé, en parallèle et en double aveugle, comparant l'éthosuximide, la lamotrigine et le valproate de sodium chez 453 enfants dont l'épilepsie d'absence infantile a été récemment diagnostiquée, a révélé qu'à 12 mois, l’absence de crise était plus élevée chez les patients prenant de l'éthosuximide (70/154, 45 %) que chez ceux prenant de la lamotrigine (31/146, 21 % ; P < 0.001), et sans différence entre le valproate (64/146, 44%) et l'éthosuximide (70/154, 45% ; P > 0,05).

Dans cette étude, la fréquence des échecs de traitement dus à des événements indésirables intolérables était significativement différente entre les groupes de traitement, la plus grande proportion d'événements indésirables se situant dans le groupe de l'acide valproïque (48/146, 33%) par rapport aux groupes de l'éthosuximide (38/154, 25%) et de la lamotrigine (29/146, 20%) (P < 0,037). Dans l'ensemble, cette vaste étude démontre l'efficacité supérieure de l'éthosuximide et de l'acide valproïque par rapport à la lamotrigine en monothérapie initiale pour contrôler les crises chez les enfants souffrant d’absence épileptique, sans présenter d’effets indésirables intolérables. Cette étude a permis d'établir avec un niveau de confiance élevé les critères de jugement pour lesquels des données étaient disponibles. Toutefois, le niveau de confiance des données probantes fournies par les autres études incluses était faible, principalement en raison du risque de biais et de résultats imprécis dus à la petite taille des échantillons. Par conséquent, les conclusions concernant l'efficacité de l'éthosuximide, de l'acide valproïque et de la lamotrigine découlent principalement de cette seule étude.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Anne-Karine Corréard et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.