Antidépresseurs chez les patients atteints à la fois de schizophrénie et de dépression

La dépression est courante chez les patients atteints de schizophrénie et est associée à des problèmes substantiels, notamment un risque accru de suicide. De nombreux cliniciens utilisent des antidépresseurs en plus des antipsychotiques afin de traiter la dépression. Cette revue a identifié onze essais contrôlés randomisés comparant des antidépresseurs à un placebo chez des patients atteints de schizophrénie également atteints de dépression. Certaines preuves indiquaient que les antidépresseurs entraînaient effectivement une amélioration du résultat global, mais le petit nombre d'études apportant des données utilisables ainsi que leur qualité insuffisante suggèrent que ces preuves doivent être interprétées avec prudence. À l'heure actuelle, aucune preuve convaincante ne permet de recommander ou de déconseiller l'utilisation d'antidépresseurs dans le traitement de la dépression chez les patients schizophrènes. D'autres recherches bien planifiées, réalisées et documentées sont nécessaires dans ce domaine.

Conclusions des auteurs: 

Dans l'ensemble, la littérature était de faible qualité et seuls quelques rares essais apportaient des données utiles. Bien que nos résultats apportent certaines preuves indiquant que les antidépresseurs pourraient être bénéfiques chez les patients atteints de dépression et de schizophrénie, ils sont, au mieux, susceptibles de surestimer l'effet thérapeutique et, au pire, pourraient simplement refléter une notification sélective des résultats statistiquement significatifs et un biais de publication.

À l'heure actuelle, aucune preuve convaincante ne permet de recommander ou de déconseiller l'utilisation d'antidépresseurs dans le traitement de la dépression chez les patients atteints de schizophrénie. Des recherches supplémentaires bien planifiées, réalisées et documentées sont nécessaires afin de déterminer la meilleure approche du traitement de la dépression chez les patients atteints de schizophrénie.

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Contexte: 

Des symptômes dépressifs, souvent relativement graves, sont observés chez 50 % des patients schizophrènes nouvellement diagnostiqués et 33 % des patients atteints de schizophrénie chronique ayant présenté une rechute. La dépression est associée à une dysphorie, une incapacité, une baisse de la motivation pour réaliser les tâches et activités de la vie quotidienne, une maladie plus longue et des rechutes plus fréquentes.

Objectifs: 

Déterminer les effets cliniques des antidépresseurs dans le traitement de la dépression chez les patients également atteints de schizophrénie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons entrepris des recherches électroniques dans le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (octobre 2000), ClinPsych (1988-2000), la Bibliothèque Cochrane (numéro 3, 2000), EMBASE (1980-2000) et MEDLINE (1966-2000). Cette recherche a été complétée par un examen des références bibliographiques et des contacts personnels avec les auteurs et des sociétés pharmaceutiques.

Critères de sélection: 

Tous les essais cliniques randomisés comparant des antidépresseurs à un placebo chez des patients atteints à la fois de schizophrénie ou de troubles schizo-affectifs et de dépression.

Recueil et analyse des données: 

Les données ont été sélectionnées et extraites de manière indépendante. Pour les données dichotomiques homogènes, la différence de risques (DR) à effets fixes, les intervalles de confiance (IC) à 95 % et, le cas échéant, le nombre de sujets à traiter (NST) ont été calculés sur la base de l'intention de traiter. Pour les données continues, les évaluateurs ont calculé les différences moyennes pondérées. Des tests statistiques d'hétérogénéité ont également été effectués.

Résultats principaux: 

Onze études étaient conformes aux critères d'inclusion. Tous les essais étaient petits et randomisaient moins de 30 participants dans chaque groupe. La plupart incluaient des participants recrutés après la phase la plus aiguë de la psychose et étudiaient une large gamme d'antidépresseurs. La qualité de notification était très variable. Pour le critère de jugement d'absence de réponse clinique importante, les antidépresseurs étaient significativement supérieurs au placebo (n = 209, 5 ECR, différence de risques combinée à effets fixes de -0,26, IC à 95 %, entre -0,39 et -0,13, NST de 4, IC à 95 %, entre 3 et 8). Le score de dépression à la fin de l'essai, tel qu'évalué sur l'échelle de dépression de Hamilton (HAM-D), semblait suggérer que l'utilisation d'antidépresseurs était bénéfique, mais ce résultat n'était statistiquement significatif que lorsqu'un modèle à effets fixes était utilisé (n = 261, 6 ECR, DMP à effets fixes de -2,2, IC à 95 %, entre -3,8 et -0,6 ; DMP à effets aléatoires de -2,1, IC à 95 %, entre -5,04 et 0,84). Aucune preuve n'indiquait que le traitement antidépresseur entraînait une aggravation des symptômes psychotiques dans les essais inclus. Les données hétérogènes concernant n'importe quel effet indésirable sont équivoques (n = 110, 2 ECR, DR fixe de 0,11, IC entre -0,03 et 0,25, chi-2 de 7,5, df = 1, p = 0,0062). Dans une petite étude, les effets indésirables extrapyramidaux étaient moins souvent rapportés par les participants du groupe des antidépresseurs (n = 52, 1 ECR, DR fixe de -0,28, IC entre -0,5 et -0,04). Environ 10 % seulement des participants abandonnaient ces études dans les 12 semaines. Aucune différence notable n'était observée entre les patients sous placebo et les patients sous antidépresseur (n = 426, 10 ECR, DR fixe de 0,04, IC entre -0,02 et 0,1).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.