Allopurinol dans la prostatite chronique

L'allopurinol est un médicament principalement administré pour traiter des affections dues à un excès d'acide urique, comme la goutte. On ignore si l'allopurinol est efficace dans le traitement de la prostatite chronique. Un seul essai randomisé de petite taille, composé de 54 hommes, a été inclus dans la présente revue. D'après les résultats de cet essai, qui utilisait des méthodes non valides pour mesurer l'amélioration des symptômes, l'allopurinol ne peut être recommandé. D'autres études sur un traitement par allopurinol, incluant un plus grand nombre d'hommes et utilisant des mesures standard et validées pour mesurer l'amélioration des symptômes, seront nécessaires pour déterminer si l'allopurinol est un traitement efficace contre la prostatite chronique.

Conclusions des auteurs: 

Un essai de petite taille concernant l'administration d'allopurinol pour le traitement de la prostatite aiguë montrait une amélioration des symptômes signalés par les patients, des douleurs prostatiques évaluées par l'investigateur et des paramètres biochimiques. Toutefois, les données fournies, les mesures utilisées et les statistiques présentées ne permettent pas d'étayer ces résultats, selon lesquels des modifications de la composition des sécrétions urinaires et prostatiques au niveau des bases puriques et pyrimidiques permettraient de soulager les symptômes. D'autres études sur le traitement par allopurinol utilisant des analyses, ainsi que des critères de jugement standardisés et validés, sont nécessaires pour déterminer l'efficacité de l'allopurinol.

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Contexte: 

La prostatite chronique est une affection provoquant une morbidité significative chez les hommes due à un ensemble de symptômes urinaires, de troubles sexuels et de douleurs pelviennes associés. L'étiologie de la prostatite chronique est inconnue et la multitude de traitements variés de la prostatite chronique reflètent en partie les lacunes de nos connaissances. Une nouvelle théorie étiologique suppose que le reflux d'urine dans les canaux prostatiques provoquerait une inflammation prostatique via des concentrations élevées de métabolites contenant des purines et des pyrimidines dans les sécrétions prostatiques. Cette théorie a conduit à administrer de l'allopurinol pour le traitement de la prostatite chronique dans l'espoir de faire baisser les niveaux prostatiques d'acide urique et d'améliorer les symptômes.

Objectifs: 

Déterminer les effets de l'allopurinol dans le traitement de la prostatite chronique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Des essais ont été recherchés dans des bases de données informatisées générales et spécialisées (MEDLINE, Cochrane Library, base de données du groupe Cochrane sur la prostate), les bibliographies des articles obtenus et en contactant directement les auteurs.

Critères de sélection: 

Tous les essais randomisés comparant l'administration d'allopurinol à celle d'un placebo dans le traitement de patients souffrant d'une prostatite chronique. Les prostatites aiguës, bactériennes et asymptomatiques ont été exclues. Le critère de jugement principal était une modification de la gêne signalée par les patients.

Recueil et analyse des données: 

Les évaluateurs ont extrait de manière indépendante des données concernant le critère de jugement relatif à une modification de la gêne signalée par les patients, les douleurs prostatiques évaluées par l'investigateur, le nombre de leucocytes et les indices biochimiques.

Résultats principaux: 

Dans cette mise à jour, aucun nouvel essai n'a été identifié (08/2002).
Seul un essai composé de 54 hommes et d'une durée de 240 jours (avec 330 jours de suivi) répondait aux critères d'inclusion de l'étude. Il y avait une modification statistiquement significative en faveur de l'allopurinol concernant la gêne signalée par les patients entre le groupe de l'étude et le groupe témoin pendant le suivi. Entre les jours 45 à 225, le score moyen était de - 0,95 (SD 0,19) pour le groupe de l'allopurinol (sept hommes) par rapport à - 0,47 (SD 0,21) pour le groupe du placebo (sept hommes). La différence moyenne pondérée (DMP) était de - 0,48 (IC à 95 % - 0,690 à - 0,270). Le score moyen entre les jours 45 à 135 était de - 1,08 (SD 1,29) pour les 25 hommes du groupe de l'allopurinol par rapport à - 0,21 (SD 0,97) pour les 14 hommes du groupe témoin. La DMP était de - 0,87 (IC à 95 % - 1,587 à - 0,153). Le groupe de l'allopurinol signalait une baisse significative des douleurs prostatiques évaluées par l'investigateur et une baisse des niveaux d'urate sérique, d'urate urinaire, mais aussi d'urate et de xanthine exprimés dans les sécrétions prostatiques. Aucune différence significative concernant le nombre de leucocytes n'a été identifiée entre les deux groupes. Aucun patient recevant de l'allopurinol ne montrait d'effets secondaires significatifs. Trois patients appartenant au groupe du placebo ont quitté prématurément l'étude en raison d'effets secondaires.

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