Chlorpromazine versus placebo dans la schizophrénie

Pour les précédents résumés en langage simplifié veuillez vous reporter à Appendix 3.

Les patients souffrant de schizophrénie entendent souvent des voix ou voient des choses (hallucinations) et ont d'étranges convictions (idées délirantes). Les médicaments antipsychotiques sont le principal traitement de ces symptômes de la schizophrénie. La chlorpromazine fut l'un des premiers médicaments à se révéler efficace dans le traitement de la schizophrénie pendant les années 1950. Même de nos jours, elle reste l'un des traitements les plus couramment utilisés et l'un des moins chers. Toutefois, étant un médicament ancien (dit typique ou de première génération), elle comporte également des effets secondaires graves, tels que vision floue, sécheresse buccale, tremblements ou mouvements incontrôlables, dépression, rigidité musculaire et agitation.

Une mise à jour a été effectuée en 2012 et la revue inclut actuellement 55 études évaluant les effets de la chlorpromazine dans le traitement de la schizophrénie par rapport à l'absence de traitement actif (traitement factice ou placebo). Les preuves, dans leur ensemble, ont été évaluées par les auteurs de la revue comme de faible qualité. Il existe certaines preuves suggérant que la chlorpromazine réduit les rechutes et améliore la santé mentale, les symptômes et le fonctionnement des personnes. Toutefois, les effets secondaires de la chlorpromazine sont graves et invalidants. La chlorpromazine entraîne de la somnolence et de la sédation. Elle provoque aussi des troubles du mouvement (tels que des tremblements et des mouvements incontrôlables), une prise de poids considérable et une diminution de la pression artérielle accompagnée d'étourdissements.

La chlorpromazine est peu coûteuse et largement disponible. Malgré ses nombreux effets secondaires, il est probable que la chlorpromazine restera un médicament de référence et l'un des traitements les plus largement utilisés dans la schizophrénie dans le monde.

Il convient de noter que la qualité des preuves issues des 55 études incluses était faible et de plus, 315 études ont été exclues en raison de défauts dans le compte-rendu des informations ou des données et dans la conception et la méthodologie de la recherche. Des essais de plus grande taille, mieux réalisés et mieux consignés devraient se concentrer sur des critères de jugement importants tels que la qualité de vie, les niveaux de satisfaction, la rechute, la sortie d'hôpital ou l'admission et le nombre d'incidents violents.

Conclusions des auteurs: 

Les résultats de cette revue confirment globalement ce que savent déjà les cliniciens et les patients, mais vise à fournir une quantification permettant d'étayer cette impression clinique. Le rôle global de la chlorpromazine en tant que traitement de référence des psychoses n'est pas remis en cause par les résultats de cette revue. La chlorpromazine, couramment utilisée depuis 50 ans, est un traitement bien établi mais imparfait. Un usage judicieux des meilleures preuves disponibles devrait permettre d'améliorer la prise de décision fondée sur des preuves pour les cliniciens, les patients et les soignants.

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Contexte: 

La chlorpromazine, disponible dans les années 1950, demeure un traitement de référence chez les patients atteints de schizophrénie.

Objectifs: 

Examiner les effets de la chlorpromazine par rapport à un placebo, pour le traitement de la schizophrénie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (15 mai 2012). Les références bibliographiques de toutes les études identifiées ont été consultées afin d'identifier d'autres essais pertinents. Nous avons contacté des sociétés pharmaceutiques et les auteurs des essais afin d'obtenir des informations supplémentaires.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant de la chlorpromazine à un placebo chez des patients atteints de schizophrénie et d'autres troubles mentaux non affectifs graves/chroniques, indépendamment du mode de diagnostic. Les critères de jugement principaux étaient le décès, les comportements violents, l'amélioration globale, la rechute et la satisfaction vis-à-vis des soins.

Recueil et analyse des données: 

De manière indépendante, nous avons examiné les références bibliographiques et les résumés, obtenu les articles, que nous avons réexaminés et dont nous avons évalué la qualité. Nous avons analysé les données dichotomiques à l'aide du risque relatif (RR) et estimé l'intervalle de confiance à 95 %. Nous avons exclu les données continues lorsque plus de 50 % des participants étaient perdus de vue. Lorsque des données continues ont été incluses, nous les avons analysées à l'aide de la différence moyenne (DM) avec un intervalle de confiance à 95 %. Nous avons utilisé un modèle à effets fixes.

Résultats principaux: 

Nous avons examiné plus de 1100 dossiers électroniques. La revue comprend actuellement 315 études exclues et 55 études incluses. La qualité des preuves est très faible. Nous avons observé que la chlorpromazine réduit le nombre de participants ressentant une rechute par rapport à un placebo pendant six mois à deux ans de suivi (n = 512, 3 ECR, RR de 0,65, IC entre 0,47 et 0,90), mais les données étaient hétérogènes. Aucune différence n'était observée dans les taux de rechute à court, moyen ou long terme de plus de deux ans, bien que les données aient également été hétérogènes. Nous avons observé que la chlorpromazine entraînait une amélioration globale des symptômes et du fonctionnement des personnes (n = 1164, 14 ECR, RR de 0,71, IC entre 0,58 et 0,86). Moins de patients sous chlorpromazine abandonnaient les essais de manière prématurée (n = 1831, 27 ECR, RR 0,64 IC entre 0,53 et 0,78) par rapport à un placebo. De nombreux effets indésirables étaient observés. La chlorpromazine a clairement un effet sédatif (n = 1627, 23 ECR, RR de 2,79, IC entre 2,25 et 3,45), elle augmente la probabilité pour une personne de présenter des troubles du mouvement (n = 942, 5 ECR, RR de 3,47, IC entre 1,50 et 8,03) ou un parkinsonisme (n = 1468, 15 ECR, RR de 2,11, IC entre 1,59 et 2,80). L'akathisie ne se produit pas plus souvent dans le groupe de la chlorpromazine que dans le groupe placebo. La chlorpromazine entraîne une baisse de la pression artérielle accompagnée d'étourdissements (n = 1488, 18 ECR, RR de 2,38, IC entre 1,74 et 3,25) et une prise de poids considérable (n = 165, 5 ECR, RR de 4,92, IC entre 2,32 et 10,43).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.