Électroconvulsivothérapie dans la schizophrénie

L'induction d'une convulsion dans un but thérapeutique par l'administration d'un stimulus électrique (électroconvulsivothérapie ou ECT) reste une option de traitement courante chez les sujets schizophrènes. Cette revue réunit des données issues de 26 études portant sur plus de 798 participants soumis à ce traitement. Les preuves suggèrent que des séances d'ECT peuvent, à court terme, entraîner une amélioration globale plus importante chez certains sujets schizophrènes.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves identifiées dans cette revue suggèrent que l'ECT combinée à un traitement antipsychotique pourrait constituer une option chez les sujets schizophrènes, en particulier lorsqu'il est important d'obtenir rapidement une amélioration globale et une réduction des symptômes. Cela s'applique également aux sujets schizophrènes présentant une réponse limitée aux médicaments. Même si cet effet bénéfique initial pourrait ne pas perdurer à plus long terme, aucune preuve solide ne permet de réfuter l'efficacité du traitement chez les patients schizophrènes. La base factuelle relative à l'utilisation de l'ECT chez les sujets schizophrènes continue de s'étoffer mais, après plus de cinquante ans d'utilisation clinique, de nombreuses interrogations demeurent concernant son rôle dans la prise en charge de ce type de patients.

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Contexte: 

L'électroconvulsivothérapie (ECT) consiste à induire une convulsion dans un but thérapeutique en administrant un choc par stimulus électrique de fréquence variable via des électrodes appliquées sur le cuir chevelu. Ses effets chez les sujets schizophrènes sont incertains.

Objectifs: 

Déterminer si l'électroconvulsivothérapie (ECT) confère des effets bénéfiques cliniquement importants en termes d'amélioration globale, d'hospitalisation, de changement d'état mental, de comportement et de fonctionnement chez les sujets schizophrènes, et déterminer si des variations en termes d'administration de l'ECT influencent les résultats.

Stratégie de recherche documentaire: 

Des recherches électroniques ont été effectuées dans Biological Abstracts (1982-1996), EMBASE (1980-1996), MEDLINE (1966-2004), PsycLIT (1974-1996), SCISEARCH (1996) et le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (juillet 2004). Nous avons également examiné les références bibliographiques de toutes les études identifiées et contacté les auteurs concernés.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais cliniques comparatifs randomisés comparant l'ECT à un placebo, une ECT simulée, des interventions non pharmacologiques et des antipsychotiques, ainsi que différents programmes et méthodes d'administration de l'ECT chez des patients atteints de schizophrénie, de troubles schizo-affectifs ou de troubles mentaux chroniques.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons sélectionné les études, effectué une évaluation critique, extrait les données et procédé à l'analyse sur la base de l'intention de traiter de manière indépendante. Lorsque cela était possible et approprié, nous avons calculé les risques relatifs (RR) et leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % ainsi que le nombre de sujets à traiter (NST). Les différences moyennes pondérées (DMP) ont été calculées pour les données continues. Des données issues d'échelles n'ont été présentées que lorsque les outils atteignaient les niveaux de qualité prédéfinis. Des tests d'évaluation de l'hétérogénéité et du biais de publication ont également été effectués.

Résultats principaux: 

Cette revue inclut 26 essais et 50 rapports. Lorsque l'ECT était comparée à un placebo ou à une ECT simulée, davantage de patients présentaient une amélioration dans le groupe de la véritable ECT (n = 392, 10 ECR, RR de 0,76 aléatoire, IC entre 0,59 et 0,98, NST de 6, IC entre 4 et 12) et, malgré des données hétérogènes (chi2 de 17,49, df = 9, P = 0,04), l'impact sur la variabilité des données n'était pas substantiel (I2 de 48,5 %). Les résultats suggéraient que l'ECT entraînait moins de rechutes à court terme que l'ECT simulée (n = 47, 2 ECR, RR fixe de 0,26, IC entre 0,03 et 2,2), et une probabilité de sortie d'hôpital supérieure (n = 98, 1 ECR, RR fixe de 0,59, IC entre 0,34 et 1,01). Aucune preuve n'indique que cet avantage précoce de l'ECT se maintient à moyen et long termes. Les patients du groupe de l'ECT n'abandonnaient pas le traitement plus tôt que ceux du groupe de l'ECT simulée (n = 495, 14 ECR, RR fixe de 0,71, IC entre 0,33 et 1,52, I2 de 0 %). Des données très limitées indiquaient que la mémoire visuelle pourrait décliner après une ECT par rapport à une ECT simulée (n = 24, 1 ECR, DMP de -14,0, IC entre -23 et -5) ; les résultats des tests de mémoire verbale étaient équivoques.

Lorsque l'ECT est directement comparée à des médicaments antipsychotiques (n total = 443, 10 ECR), les résultats sont favorables au groupe des médicaments (n = 175, 3 ECR, RR fixe absence d'amélioration en fin de traitement ECT de 2,18, IC entre 1,31 et 3,63). Des preuves limitées suggèrent qu'une ECT combinée à des médicaments antipsychotiques entraîne une amélioration supérieure de l'état mental (n = 40, 1 ECR, DMP Échelle abrégée d'appréciation psychiatrique de -3,9, IC entre - 2,28 et -5,52) par rapport aux médicaments antipsychotiques seuls. Une étude à petite échelle suggérait une augmentation des troubles de la mémoire après un traitement ECT combiné à des antipsychotiques par rapport aux antipsychotiques seuls (n = 20, DM de mémorisation de séquences numériques et images de -4,90, IC entre -0,78 et -9,02), mais ces effets étaient passagers. Lorsqu'une ECT de consolidation était combinée à des médicaments antipsychotiques, cette combinaison était supérieure aux antipsychotiques seuls (n = 30, DMP Évaluation globale de fonctionnement de 19,06, IC entre 9,65 et 28,47), ou à l'ECT de consolidation seule (n = 30, DMP de -20,30, IC entre -11,48 et -29,12).

Les ECT unilatérales et bilatérales étaient aussi efficaces les unes que les autres en termes d'amélioration globale (n = 78, 2 ECR, RR fixe absence d'amélioration en fin de traitement ECT de 0,79, IC entre 0,45 et 1,39). Un essai indiquait un avantage significatif de l'utilisation de 20 séances par rapport à 12 séances concernant le nombre de patients présentant une amélioration globale en fin de traitement ECT (n = 43, RR fixe de 2,53, IC entre 1,13 et 5,66).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.