Traitement à base de fer chez les adultes sans maladie rénale

Contexte

L'anémie est fréquente, touchant environ un quart de la population mondiale. L'anémie peut être définie comme une réduction du nombre de globules rouges en circulation ou de la quantité d'hémoglobine (les deux transportant l'oxygène) dans le sang. On estime que la moitié des cas d'anémie sont dus à une carence en fer. Nous voulions évaluer la sécurité et l'utilité d'un traitement de fer chez les hommes adultes et les femmes adultes qui n'étaient pas enceintes et ne venaient pas d'accoucher, et qui n'avaient pas de maladie rénale. Pour atteindre cet objectif, nous avons cherché des études pertinentes dans la littérature médicale en juillet 2013. Nous avons inclus uniquement les essais randomisés — un type d'étude dans lequel le traitement reçu par les participants est déterminé au hasard, de sorte que des individus semblables reçoivent les différents traitements à étudier. Cela permet d'évaluer les effets du traitement sur ces personnes plutôt que d'examiner des différences préexistantes chez les personnes recevant des traitements différents. Nous avons inclus tous les essais, indépendamment de l'année ou de la langue de publication. Pour minimiser les erreurs, deux auteurs de la revue travaillant de façon indépendante ont sélectionné les études et en ont extrait les informations.

Caractéristiques des études

Nous avons inclus 4 745 participants provenant de 21 essais qui ont reçu des injections ou des comprimés de fer, ou n'ont reçu aucun traitement. Les paramètres cliniques de ces essais comprenaient, entre autres, la perte de sang, le cancer, l'anémie avant une chirurgie pour diverses raisons et l'insuffisance cardiaque. La plupart des essais incluaient des participants atteints d'une anémie légère à modérée et avaient exclu les participants allergiques au traitement de fer.

Principaux résultats

Les comparaisons entre les comprimés de fer et l'absence de traitement n'ont révélé aucune preuve de bénéfice clinique en termes de diminution de la mortalité ou de qualité de vie. Toutefois, une réduction de la proportion de participants nécessitant une transfusion de sang a été notée parmi ceux qui avaient reçu des comprimés de fer par rapport à l'absence de traitement. Les taux d'hémoglobine étaient plus élevés chez les participants recevant des comprimés de fer par rapport à l'absence de traitement. En ce qui concerne les injections de fer, les taux d'hémoglobine étaient plus élevés après des injections de fer par rapport aux niveaux signalés après des comprimés de fer ou l'absence de traitement, mais aucune preuve n'a été trouvée d'un bénéfice clinique en termes de diminution de la mortalité, de nombre de participants nécessitant une transfusion de sang ou de qualité de vie des participants. Même si la quantité moyenne de sang transfusé était moins importante dans le groupe recevant des injections de fer que dans celui recevant des comprimés de fer, un seul essai a rapporté ce résultat, ce qui introduit un doute important sur cette constatation. Les différences en termes de complications graves étaient imprécises entre les participants ayant reçu du fer et ceux n'ayant reçu aucun traitement. Aucun essai n'a signalé des réactions allergiques graves dues à des injections de fer, ce qui suggère que ces cas sont rares. La plupart des événements indésirables liés au traitement par des comprimés de fer étaient légers ; des effets tels que des nausées, des diarrhées et de la constipation ont été signalés. Les comparaisons du bénéfice clinique d'une préparation de fer par rapport à une autre étaient imprécises. Nous n'avons pas pu déterminer si le fer était utile dans des situations cliniques spécifiques parce que les informations disponibles n'étaient pas clairement présentées. En résumé, aucune preuve n'est disponible actuellement pour soutenir l'utilisation de routine d'injections de fer chez les hommes adultes anémiques ou les femmes adultes anémiques qui ne sont pas enceintes et ne viennent pas d'accoucher. Les comprimés de fer pourraient être utiles chez les hommes et les femmes adultes souffrant d'anémie qui peuvent tolérer les effets secondaires. Aucune preuve n'indique un quelconque avantage d'une préparation de fer par rapport à une autre.

Recherches futures

D'autres essais contrôlés randomisés sont nécessaires pour déterminer si le traitement de fer diminue la mortalité et le besoin de transfusions sanguines et améliore la qualité de vie. Ces essais doivent être conçus de manière appropriée et doivent inclure un nombre suffisamment important de participants, pour diminuer le risque de conclusions erronées.

Conclusions des auteurs: 

• Des preuves de très faible qualité suggèrent que le fer par voie orale pourrait diminuer la proportion de personnes nécessitant une transfusion sanguine, et aucune preuve n'indique qu'il diminue la mortalité. Le fer par voie orale pourrait être utile chez les adultes qui peuvent en tolérer les effets indésirables, généralement légers.

• Des preuves de très faible qualité suggèrent que le fer par voie intraveineuse entraîne une modeste augmentation du taux d'hémoglobine par rapport au fer par voie orale ou à un témoin inactif, sans bénéfice clinique.

• Aucune preuve n'a été trouvée démontrant un avantage d'une préparation de fer ou d'un schéma posologique par rapport à d'autres.

• D'autres essais contrôlés randomisés sont nécessaires, avec un faible risque de biais et une puissance statistique suffisante pour mesurer des résultats cliniquement utiles tels que la mortalité, la qualité de vie et le recours aux transfusions sanguines.

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Contexte: 

L'anémie touche environ un quart de la population mondiale. On estime que la moitié des cas d'anémie sont dus à une carence en fer.

Objectifs: 

Évaluer l'innocuité et l'efficacité des traitements de fer chez les adultes anémiques qui ne sont pas enceintes ou allaitantes et ne souffrent pas d'insuffisance rénale chronique.

Stratégie de recherche documentaire: 

La recherche a été effectuée le 11 juillet 2013. Nous avons consulté le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), PubMed, EMBASE (Ovid SP), CINAHL (Cumulative Index to Nursing and Allied Health Literature) Plus (EBSCO Host), ISI WOS (Institute for Scientific Information Web of Science) Scientific Citation Index (SCI)-EXPANDED (1970) et Conference Proceedings Citation Index (CPCI)-Science (1990) ainsi que Clinicaltrials.gov ; nous avons également passé au crible des listes bibliographiques. Une recherche actualisé a été menée le 24 novembre 2014, mais ses résultats n'ont pas encore été intégrés dans la revue.

Critères de sélection: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné des références pour une évaluation plus poussée en parcourant tous les titres et résumés. La sélection a été affinée par un examen des articles en texte intégral pour les références sélectionnées.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données d'études. Nous avons calculé le risque relatif (RR) avec un intervalle de confiance (IC) à 95 % pour les résultats binaires et la différence moyenne (DM) ou la différence moyenne standardisée (DMS) avec l'IC à 95 % pour les résultats continus. Nous avons effectué une méta-analyse lorsque cela était possible, quand l'I2 était inférieur ou égal à 80 % en utilisant un modèle à effets fixes ou à effets aléatoires, à l'aide du logiciel Review Manager. La fourchette des estimations ponctuelles pour les études individuelles est présentée lorsque l'I2 > 80 %.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus dans cette revue systématique 4 745 participants répartir aléatoirement dans 21 essais. Les essais avaient été réalisés dans une grande variété de contextes cliniques. La plupart des essais incluaient des participants atteints d'une anémie légère à modérée et avaient exclu les participants allergiques au traitement de fer. Tous les essais ont été jugés à risque élevé de biais dans au moins un domaine. Nous avons comparé le fer par voie orale et par voie parentérale à des témoins inactifs, ainsi que différentes préparations de fer entre elles.

La comparaison entre le fer par voie orale et le témoin inactif n'a révélé aucune preuve de bénéfice clinique en termes de mortalité (RR 1,05 ; IC à 95 % de 0,68 à 1,61 ; quatre études, N = 659 ; preuves de très faible qualité). L'estimation ponctuelle de la différence moyenne dans les taux d'hémoglobine variait dans les études individuelles de 0,3 à 3,1 g/dl en plus dans le groupe recevant du fer par voie orale par rapport au groupe témoin inactif. La proportion de participants ayant nécessité une transfusion de sang était moins importante avec du fer par voie orale qu'avec le témoin inactif (RR 0,74 ; IC à 95 % de 0,55 à 0,99 ; trois études, N = 546 ; preuves de très faible qualité). Les preuves étaient insuffisantes pour déterminer l'effet sur la mortalité du fer par voie parentérale par rapport au fer par voie orale (RR 1,49 ; IC à 95 % de 0,56 à 3,94 ; 10 études, N = 2 141, preuves de très faible qualité) ou au témoin inactif (RR 1,04 ; IC à 95 % de 0,63 à 1,69 ; six études, N = 1 009 ; preuves de très faible qualité). Le taux d'hémoglobine étaient plus élevés avec le fer par voie parentérale qu'avec le fer par voie orale (DM de -0,50 g/dl, IC à 95 % de -0,73 à -0,27 ; six études, N = 769 ; preuves de très faible qualité). L'estimation ponctuelle de la différence moyenne dans les taux d'hémoglobine variait dans les études individuelles de 0,3 à 3,1 g/dl en plus dans le groupe recevant du fer par voie parentérale par rapport au groupe témoin inactif. Les différences dans la proportion de participants nécessitant une transfusion de sang étaient imprécises entre les groupes recevant du fer par voie parentérale et par voie orale (RR 0,61 ; IC à 95 % de 0,24 à 1,58 ; deux études, n = 371 ; preuves de très faible qualité) ou entre les groupes recevant du fer par voie parentérale et les témoins inactifs (RR 0,84 ; IC à 95 % de 0,66 à 1,06 ; huit études, N = 1 315 ; preuves de très faible qualité). Le volume moyen de sang transfusé était inférieur dans le groupe du fer par voie parentérale que dans le groupe du fer par voie orale (DM de -0,54 unité, IC à 95 % de -0,96 à -0,12 ; preuves de très faible qualité) d'après une étude portant sur 44 personnes. Les différences entre les traitements dans la qualité de vie ou la proportion de participants présentant des effets indésirables graves étaient imprécises (preuves de très faible qualité). Aucun essai n'a signalé des réactions allergiques graves dues à des injections de fer, ce qui suggère que ces cas sont rares. Les événements indésirables liés au traitement de fer par voie orale comprenaient des nausées, des diarrhées et de la constipation ; la plupart étaient légers.

Les comparaisons entre différentes préparations de fer étaient imprécises pour ce qui est de la mortalité, de l'hémoglobine ou des événements indésirables graves. Aucune information n'était disponible sur la qualité de vie. Ainsi, peu de preuves ont été trouvées pour recommander l'utilisation d'une préparation ou d'un schéma posologique par rapport à d'autres.

Les analyses en sous-groupes n'ont pas mis en évidence des résultats cohérents ; par conséquent, nous n'avons pas pu déterminer si le fer était utile dans des situations cliniques spécifiques, ou si un traitement de fer pourrait être utile pour les personnes sous érythropoïétine.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.