La suture par rapport à l'absence de suture du tissu sous la peau (tissu sous-cutané) pour la chirurgie autre que la césarienne

Les chirurgiens incisent la peau dans la plupart des opérations chirurgicales. La plupart des plaies chirurgicales sont recousues à la fin de la procédure. La peau est la couche de tissu la plus extérieure de nombreuses couches de tissu dans le corps humain, avec un tissu sous-cutané juste au-dessous. Suturer le tissu sous-cutané après la chirurgie est controversé. Certains chirurgiens le recommandent, affirmant que cela réduit les complications des plaies, alors que d'autres estiment que cela est inutile et peut accroître les complications des plaies. Nous avons tenté de déterminer si un tissu sous-cutané devrait être suturé après une chirurgie autre que la césarienne par une recherche exhaustive dans la littérature médicale (jusqu'en août 2013) pour les études qui comparaient la suture sous-cutanée à une absence de suture sous-cutanée. Nous avons uniquement inclus des essais contrôlés randomisés, qui fournissent les meilleures informations – sans restriction de langue, d’années de publication ou du nombre de participants. Deux auteurs de la revue ont indépendamment identifié les essais et extrait les informations.

Nous avons identifié six essais contrôlés randomisés qui ont rapporté un ou plusieurs critères de jugement que nous avons considéré être importants. Le déroulement des essais peut avoir certaines imperfections qui ont pu produire des résultats incorrects. Les six essais qui ont fourni des données pour cette revue incluaient 815 participants (410 participants recevaient une fermeture sous-cutanée des incisions et 405 participants n’en recevaient pas). Dans les essais qui avaient rendu compte de critères de jugement, globalement 7% des participants développaient une infection superficielle de la plaie, 8% des participants développaient une séparation superficielle de la plaie et 8 % des participants développaient une séparation plus profonde de couches, ceci dans les deux groupes, mais il n'y avait aucune preuve probante d'une différence d'incidence entre le groupe de fermeture sous-cutanée et le groupe sans fermeture sous-cutanée. Il n'y avait aucune preuve probante d'une différence dans la durée d'hospitalisation entre les groupes. Nous ne savons pas si ces résultats indiquent qu'il n’existe réellement aucune différence entre la fermeture sous-cutanée et l'absence de fermeture sous-cutanée, ou que des problèmes de plan d’étude rendent difficiles à identifier une réelle différence entre les deux techniques. Des effets bénéfiques ou délétères significatifs de fermeture sous-cutanée ne peuvent donc pas être exclus. De plus, aucun essai n'a évalué l'impact de la fermeture sous-cutanée sur la qualité de vie, les résultats des patients à long terme (les périodes de suivi des essais variaient entre une semaine et deux mois après l'opération) ou les implications financières pour les prestataires de santé. Il n'existe actuellement aucune preuve permettant d'étayer ou de réfuter la fermeture sous-cutanée après une chirurgie autre que la césarienne. D'autres essais bien conçus sont nécessaires.

Conclusions des auteurs: 

Il existe actuellement des preuves de très faible qualité qui sont insuffisantes pour soutenir ou réfuter la fermeture sous-cutanée après une opération autre que la césarienne. L'utilisation de la fermeture sous-cutanée peut affecter les résultats des patients et l'utilisation des ressources médicales. D'autres essais bien conçus à faible risque de biais sont nécessaires.

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Contexte: 

La plupart des procédures chirurgicales impliquent une incision dans la peau qui permet au chirurgien d'accéder au site chirurgical. La plupart des plaies chirurgicales sont refermées entièrement à la fin de la procédure et cette revue se concentre sur ces procédures. Le corps humain possède plusieurs couches de tissus et la peau est la couche la plus supérieure. Le tissu conjonctif lâche situé juste au-dessous de la peau est connu sous le nom de tissu sous-cutané et il contient généralement de la matière grasse. Il existe une incertitude quant à la fermeture du tissu sous-cutané après l'opération : certains chirurgiens préconisent la fermeture du tissu sous-cutané, comme ils considèrent que cela referme l’espace mort et conduit à une diminution des complications; d'autres considèrent que la fermeture du tissu sous-cutané est une étape inutile qui augmente la durée de l'opération et implique l'utilisation de matériaux de suture supplémentaires sans offrir aucun bénéfice.

Objectifs: 

Comparer les bénéfices (tels qu'une réduction de complications de la plaie) et les conséquences (telles qu’une augmentation de la durée de l'opération) de la fermeture sous-cutanée par rapport à l'absence de fermeture sous-cutanée chez des participants subissant des procédures chirurgicales autres que la césarienne.

Stratégie de recherche documentaire: 

En août 2013, nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les plaies et contusions (recherche effectuée le 29 août 2013) ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (La Bibliothèque Cochrane 2013, numéro 7) ; Ovid MEDLINE (de 1946 à la 3ème semaine d'août 2013) ; Ovid MEDLINE (les citations en cours et non-indexées, 28 août 2013) ; Ovid EMBASE (de 1974 à la 34ème semaine de 2013) et EBSCO CINAHL (de 1982 au 23 août 2013). Aucune restriction n’a été appliquée concernant la langue, la date de publication ou le contexte de l'étude.

Critères de sélection: 

Nous avons uniquement inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant la fermeture sous-cutanée à l'absence de fermeture sous-cutanée, indépendamment de la nature du matériel (ou des matériaux) de suture ou si les sutures continues ou discontinues étaient utilisées. Nous avons inclus tous les ECR dans l'analyse, indépendamment de la langue, du statut de publication, de l’année de publication ou de la taille des échantillons.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment identifié les essais et extrait les données. Nous avons calculé le risque relatif (RR) avec un intervalle de confiance (IC) à 95% pour la comparaison des critères de jugement binaires (dichotomiques) entre les groupes et calculé la différence moyenne (DM) avec un IC à 95% pour les résultats continus. Nous avons effectué une méta-analyse en utilisant un modèle à effets fixes et un modèle à effets aléatoires. Nous avons effectué une analyse en intention de traiter lorsque cela était possible.

Résultats principaux: 

Huit ECR remplissaient les critères d'inclusion. Six des essais ont fourni des données pour cette revue et tous étaient à risque de biais élevé. Six essais ont randomisé un total de 815 participants pour la fermeture sous-cutanée (410 participants) ou l'absence de fermeture sous-cutanée (405 participants). Dans l'ensemble, 7,7% des participants (63/815 participants) ont développé des infections superficielles du site opératoire et il n'y avait aucune preuve probante d'une différence entre les deux groupes d'intervention (RR 0,84 ; IC à 95% 0,53 à 1,33; preuves de très faible qualité). Seuls deux essais rapportaient la déhiscence de la plaie superficielle, avec 7,9% (17/215) des participants développant le problème. Il n'est pas clair si le manque de notification de ce critère de jugement dans d'autres essais était dû au fait que le problème ne s’était pas produit ou n'avait pas été mesuré. Il n'y avait aucune preuve probante d'une différence entre les groupes dans la proportion de participants ayant développé une déhiscence superficielle de la plaie dans les essais qui rapportaient ce critère de jugement (RR 0,56 ; IC à 95 % 0,22 à 1,41 ; preuves de très faible qualité). Un seul essai rapportait une déhiscence profonde des plaies qui était survenue chez 8,3% (5/60) des participants. Il n'y avait aucune preuve probante d'une différence dans la proportion de participants ayant développé une déhiscence profonde des plaies entre les deux groupes (RR 0,25 ; IC à 95% 0,03 à 2,11; preuves de qualité très médiocre). Trois essais rapportaient la durée du séjour à l'hôpital et n'ont trouvé aucune différence significative entre les groupes (DM 0,10 jours ; IC à 95% -0,45 à 0,64 ; preuves de très faible qualité). Nous ne savons pas si cette revue révèle une absence d'effet ou un manque de preuves de l'effet. Les intervalles de confiance pour ces critères de jugement étaient larges et les effets significatifs bénéfiques ou délétères de la fermeture sous-cutanée ne peuvent pas être exclus. De plus, aucun de ces essais n’évaluait l'impact de la fermeture sous-cutanée sur la qualité de vie, les résultats des patients à long terme (la période de suivi dans les essais variait entre une semaine et deux mois après l'opération) ou les implications financières pour les donneurs de soins.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.