Prise unique d'ibuprofène associé à du paracétamol par voie orale (acétaminophène) pour le traitement de la douleur postopératoire aiguë

Une douleur aiguë est souvent ressentie après un traumatisme, et la plupart des personnes qui font l'objet d'une intervention chirurgicale finiront par avoir des douleurs d'intensité modérée ou sévère sans traitement de leur douleur. Dans de nombreuses circonstances, mais pas dans tous les cas, la douleur peut être traitée par des analgésiques oraux. Bon nombre d'analgésiques oraux sont actuellement disponibles, et cette revue fait partie d'une série de revues examinant le niveau d'efficacité prouvée de chacun d'entre eux, à des doses spécifiques.

Cette revue examine une combinaison administrée à des doses fixes d'ibuprofène et de paracétamol (dénommé acétaminophène aux États-Unis et dans certaines parties du monde). Tous deux sont des analgésiques fréquemment utilisés, qui agissent probablement par des mécanismes différents. Nous savons que la combinaison d'analgésiques différents dans le même comprimé permet de bien soulager la douleur chez davantage de personnes que l'un des deux analgésiques en monothérapie, à la même dose.

Cette revue a trouvé des données dans trois essais cliniques, impliquant 1 647 personnes souffrant de douleur modérée ou sévère après l'extraction de leurs dents de sagesse. Cette douleur est souvent utilisée pour évaluer l'efficacité analgésique, car les résultats sont applicables à d'autres formes de douleur aiguë après un traumatisme.

L'ibuprofène 200 mg associé à du paracétamol 500 mg ou l'ibuprofène 400 mg associé à du paracétamol 1 000 mg a permis de soulager efficacement la douleur chez 7 participants sur 10 (70 %), comparativement à un peu moins de 1 participant sur 10 (7 %) avec le placebo. Les effets analgésiques ont duré plus longtemps et les événements indésirables ont été moins nombreux avec les combinaisons qu'avec le placebo.

Conclusions des auteurs: 

Les combinaisons d'ibuprofène associé au paracétamol ont produit une meilleure analgésie que l'un des deux médicaments en monothérapie (à la même dose), avec un risque plus faible de nécessiter une analgésie supplémentaire sur environ huit heures, et avec un risque plus faible de subir un événement indésirable.

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Contexte: 

La combinaison de deux analgésiques différents à des doses fixes dans un comprimé unique peut permettre de soulager plus efficacement la douleur en cas de douleur aiguë que l'un ou l'autre des deux médicaments en monothérapie. Cela semble être vrai surtout pour un large éventail de combinaisons médicamenteuses différentes, en cas de douleur postopératoire et de migraine. Certaines combinaisons d'ibuprofène et de paracétamol sont disponibles pour une utilisation sans prescription dans certaines situations de douleur aiguë.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et les effets indésirables d'une prise unique d'ibuprofène associé à du paracétamol par voie orale pour le traitement de la douleur postopératoire aiguë en appliquant des méthodes qui permettent la comparaison avec d'autres analgésiques évalués dans des essais standardisés utilisant des méthodes et des critères de jugement presque identiques.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library (numéro 4 sur 12, 2013), MEDLINE (de 1950 au 21 mai 2013), EMBASE (de 1974 au 21 mai 2013), les bases de données Oxford Pain Database, ClinicalTrials.gov, et dans les listes bibliographiques des articles.

Critères de sélection: 

Des essais cliniques en double-aveugle, randomisés, portant sur une prise unique d'ibuprofène associé à du paracétamol par voie orale comparativement à un placebo ou à la même dose d'ibuprofène en monothérapie pour le traitement de la douleur postopératoire aiguë chez l'adulte.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont sélectionné les essais à inclure, évalué leur qualité et extrait les données de façon indépendante. Nous avons utilisé des équations validées pour calculer l'aire sous la courbe du soulagement de la douleur sur le temps pour déduire la proportion de participants ayant obtenu au moins 50 % de soulagement maximum de la douleur sur 6 heures. Nous avons calculé le risque relatif (RR) et le nombre de sujets à traiter (NST) pour observer un effet bénéfique pour l'ibuprofène associé au paracétamol, l'ibuprofène en monothérapie ou un placebo. Nous avons utilisé les informations sur l'usage d'un médicament de secours pour calculer la proportion de participants nécessitant un médicament de secours et la moyenne pondérée du délai moyen avant usage. Nous avons aussi recueilli des informations sur les événements indésirables.

Résultats principaux: 

Nos recherches ont permis d'identifier trois études impliquant 1 647 participants. Chacune d'elles a examiné plusieurs combinaisons de doses. Les études incluses ont fourni des données sur 508 participants pour la comparaison d'ibuprofène 200 mg + paracétamol 500 mg au placebo, 543 participants pour la comparaison d'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg au placebo, et 359 participants pour la comparaison d'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg à l'ibuprofène 400 mg en monothérapie.

La proportion de participants obtenant au moins 50 % de soulagement maximum de la douleur sur 6 heures était de 69 % avec l'ibuprofène 200 mg + paracétamol 500 mg, de 73 % avec l'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg, et de 7 % avec le placebo, donnant un NST de 1,6 (1,5 à 1,8) et de 1,5 (1,4 à 1,7) pour les doses inférieures et supérieures respectivement comparativement au placebo. Pour l'ibuprofène 400 mg en monothérapie, la proportion était de 52 %, donnant un NST pour l'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg comparativement à l'ibuprofène en monothérapie de 5,4 (3,5 à 12).

L'ibuprofène + paracétamol aux doses de 200/500 mg et de 400/1 000 mg a entraîné des délais avant ré-administration du traitement plus longs que le placebo. Le délai moyen avant usage d'un médicament de secours a été de 7,6 heures avec l'ibuprofène 200 mg + paracétamol 500 mg, 8.3 heures avec l'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg et 1,7 heures avec un placebo. Un nombre moins élevé de participants ont nécessité un médicament de secours avec la combinaison d'ibuprofène + paracétamol par rapport au placebo ou à l'ibuprofène en monothérapie. La proportion était de 34 % avec l'ibuprofène 200 mg + paracétamol 500 mg, de 25 % avec l'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg, et de 79 % avec le placebo, donnant un NST pour éviter l'usage d'un médicament de secours de 2,2 (1,8 à 2,9) et 1,8 (1,6 à 2,2) respectivement, comparativement au placebo. La proportion de participants utilisant un médicament de secours avec l'ibuprofène 400 mg était de 48 %, donnant un NST pour éviter l'usage pour l'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg comparativement à l'ibuprofène en monothérapie de 4,3 (3,0 à 7,7).

La proportion de participants subissant un ou plusieurs événements indésirables était de 30 % avec l'ibuprofène 200 mg + paracétamol 500 mg, de 29 % avec l'ibuprofène 400 mg + paracétamol 1 000 mg, et de 48 % avec le placebo, donnant des valeurs de NST en faveur de la combinaison thérapeutique de 5,4 (3,6 à 10,5) et 5,1 (3,5 à 9,5) pour les doses inférieures et supérieures, respectivement. Aucun événement indésirable grave n'avait été signalé dans aucune des études incluses. Les arrêts prématurés pour des raisons autres que le manque d'efficacité étaient inférieurs à 5 % et équilibrés entre les bras de traitement.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.