Interventions contre les tophus dans la goutte

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Contexte : Qu'est-ce que les tophus et quelles sont les interventions utilisées ?

La goutte est provoquée par des cristaux d'acide urique (urate) qui se forment à l'intérieur ou autour des articulations. L'inflammation peut provoquer une douleur, une rougeur, un échauffement et un gonflement des articulations affectées, qui deviennent sensibles au toucher ou difficiles à bouger. L'apparition de la goutte est en partie liée au patrimoine génétique, au surpoids, à la prise de certains médicaments (par exemple de ciclosporine), à des troubles de la fonction rénale et à des habitudes telles que l'abus d'alcool et de boissons sucrées. Les tophus sont des nodules qui se développent chez les personnes atteintes de goutte chronique mal traitée ou incontrôlée. Ils peuvent s'infecter, causer des douleurs et entraîner une réduction des fonctions. Les tophus peuvent être traités avec des médicaments réduisant le taux d'acide urique (par exemple la benzbromarone, le probénécide, l'allopurinol, le febuxostat, la pégloticase), par ablation chirurgicale ou par d'autres interventions telles que l'hémodialyse. La chirurgie peut être utilisée lorsqu'il est urgent d'éliminer un tophus, par exemple pour décompresser un nerf.

Caractéristiques des études

Ceci est un résumé d'une revue Cochrane décrivant les interventions pour le traitement des tophus. Après avoir recherché toutes les études pertinentes en mai 2013, nous avons trouvé une seule étude (regroupant les résultats de deux essais contrôlés randomisés [études cliniques dont les sujets sont répartis au hasard entre deux ou plusieurs groupes de traitement]) qui randomisait 225 personnes entre un groupe pégloticase (toutes les deux semaines ou une fois par mois) et un groupe placebo pour le traitement de la goutte chronique ; 145 participants avaient des tophus et 131 ont fourni des données sur les résultats.

Principaux résultats : que deviennent les sujets porteurs de tophus qui sont traités avec la pégloticase toutes les deux semaines ou une fois par mois, par rapport au placebo ?

Résolution des tophus

- 33 personnes de plus sur 100 ont vu un ou plusieurs tophus disparaître après six mois de traitement par la pégloticase toutes les deux semaines, par rapport au placebo (33 % d'amélioration absolue).

- 14 personnes de plus sur 100 ont vu un ou plusieurs tophus disparaître après six mois de traitement par la pégloticase une fois par moi, par rapport au placebo (14 % d'amélioration absolue).

- 40 personnes sur 100 dans le groupe pégloticase tous les quinze jours ont vu un ou plusieurs tophus disparaître.

- 21 personnes sur 100 dans le groupe pégloticase une fois par mois ont vu un ou plusieurs tophus disparaître.

- 7 personnes sur 100 dans le groupe placebo ont vu un ou plusieurs tophus disparaître.

Les autres critères d'évaluation concernaient tous les participants et les sujets ayant des tophus n'y ont pas été évalués séparément. Par conséquent, nous ne les avons pas rapportés dans cette revue. Cependant, nous avons rapporté un retrait en raison d'effets indésirables dans la population totale. La plupart des retraits étaient dus à des réactions indésirables liées à la perfusion de médicament.

Retrait en raison d'événements indésirables

- 16 personnes de plus sur 100 se sont retirées du groupe de traitement par la pégloticase tous les quinze jours par rapport au placebo (16 % de retraits en plus).

- 17 personnes de plus sur 100 se sont retirées du traitement par la pégloticase une fois par mois, par rapport au placebo (17 % de retraits en plus).

- 18 personnes sur 100 ont abandonné le traitement par la pégloticase toutes les deux semaines en raison d'événements indésirables.

- 19 personnes sur 100 ont abandonné le traitement par la pégloticase une fois par mois en raison d'événements indésirables.

- 2 personnes sur 100 ont abandonné le traitement avec le placebo en raison d'événements indésirables.

Qualité des preuves

Des preuves de qualité modérée indiquent que la pégloticase tous les quinze jours ou une fois par mois élimine probablement un ou plusieurs tophus. Cependant, cela doit être mis en balance avec les taux élevés de retraits de traitement en raison d'effets indésirables, principalement d'une augmentation des réactions à la perfusion. La réduction de la douleur, la qualité de vie, la normalisation du taux sérique d'urate et les fonctions n'ont pas été présentées séparément pour les sujets porteurs de tophus. La qualité des preuves a été rétrogradée en raison de résultats imprécis. Des recherches supplémentaires pourraient modifier ces résultats.

Nous ne savons pas si d'autres interventions, notamment chirurgicales, sont efficaces car nous n'avons pas trouvé d'essais contrôlés randomisés évaluant ces autres interventions.

Conclusions des auteurs: 

Cette étude a montré que la pégloticase est probablement bénéfique dans le traitement des tophus dans la goutte, en termes de résolution des tophus, mais créait un risque élevé de réactions indésirables liées à la perfusion. Nous avons cependant besoin de davantage de données, fournies par des ECR incluant d'autres interventions, notamment l'ablation chirurgicale des tophus.

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Contexte: 

Les tophus se développent chez les personnes atteintes de goutte non traitée ou incontrôlée. Leur présence peut entraîner des complications graves et potentiellement mortelles. Il n'y a pas eu à ce jour de revue systématique concernant spécifiquement le traitement des tophus dans la goutte.

Objectifs: 

Évaluer les avantages et les inconvénients de modalités non chirurgicales et chirurgicales de traitement des tophus dans la goutte.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans trois bases de données : le registre central Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE et EMBASE. Nous avons également effectué des recherches manuelles dans les résumés 2010 à 2011 de l’American College of Rheumatology (ACR) et de l'European League against Rheumatism (EULAR), dans les références des études incluses et dans des registres d'essais. La recherche la plus récente a été effectuée le 20 mai 2013.

Critères de sélection: 

Tous les essais publiés, soit essais contrôlés randomisés (ECR), soit essais cliniques contrôlés avec des méthodes d'affectation des participants au traitement quasi randomisées, examinant des interventions contre les tophus dans la goutte chez l'adulte. Les interventions possibles comprenaient les traitements pharmacologiques visant à abaisser le taux d'urate (par exemple benzbromarone, probénécide, allopurinol, febuxostat, pégloticase), l'ablation chirurgicale ou d'autres interventions telles que l'hémodialyse.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont extrait les données des titres et des résumés et sélectionné des études en vue d'un examen détaillé, extrait les données et évalué le risque de biais de façon indépendante. Les principaux critères d'évaluation étaient le nombre de participants présentant une résolution complète de tophus, le nombre d'abandons en raison d'effets indésirables, la réduction des douleurs articulaires, les fonctions, la qualité de vie, la normalisation du taux sérique d'urate et le total des événements indésirables.

Résultats principaux: 

Une seule étude, à faible risque de tous biais, satisfaisait les critères d'inclusion. Elle regroupait les regroupés de deux ECR (225 participants, 145 avec tophus à l'inclusion) dont les sujets étaient randomisés en trois groupes : pégloticase en perfusion toutes les deux semaines, pégloticase en perfusion mensuelle (perfusion de pégloticase en alternance avec une perfusion de placebo toutes les deux semaines) et placebo. Des preuves de qualité modérée fournies par une étude indiquent que les perfusions de pégloticase à 8 mg toutes les deux semaines ont réduit les tophus dans le sous-ensemble de participants avec tophus, mais entraîné un nombre plus important d'abandons à cause d'effets indésirables chez tous les participants, tandis que les perfusions mensuelles semblent apporter un bénéfice moindre.

Le traitement par la pégloticase toutes les deux semaines a entraîné la résolution des tophus chez 21 participants sur 52, contre 2 sur 27 ayant reçu le placebo (risque relatif (RR) 5,45, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 1,38 à 21,54 ; nombre de sujets à traiter pour observer bénéfice supplémentaire (NNTB) 3 (IC à 95 % de 2 à 6).

Onze des 52 participants traités par la pégloticase une fois par mois ont vu un ou plusieurs tophus disparaître complètement, contre 2 sur 27 ayant reçu le placebo (RR 2,86, IC à 95 % de 0,68 à 11,97).

La réduction de la douleur rapportée par les de 30 % ou plus, les fonctions, la qualité de vie et la normalisation du taux d'urate sérique ont été rapportées pour tous les participants, mais pas séparément pour ceux qui avaient des tophus ; par conséquent, nous n'avons pas inclus les résultats.

La pégloticase administrée toutes les deux semaines a donné lieu à un plus grand nombre d'abandons pour cause d'effets indésirables que le placebo (15 des 85 participants du groupe pégloticase contre 1 des 43 participants du groupe placebo ; RR 7,59, IC à 95 % de 1,04 à 55,55 ; nombre de sujets à traiter pour observer un préjudice supplémentaire (NNTH ) 7, IC à 95 % de 4 à 17). La pégloticase administrée une fois par mois a également entraîné un plus grand nombre d'abandons pour cause d'effets indésirables que le placebo (16 des 84 participants du groupe pégloticase contre 1 des 43 participants du groupe placebo ; RR 8,19, IC à 95 % de 1,12 à 59,71 ; NNTH 6, IC à 95 % de 4 à 14). La plupart des retraits étaient dus à des réactions à la perfusion.

Le total des événements indésirables était élevé dans tous les groupes de traitement : 80 des 85 participants du groupe pégloticase toutes les deux semaines ont signalé un événement indésirable contre 41 sur 43 dans le groupe placebo (RR 0,99, IC à 95 % de 0,91 à 1,07) ; 84 des 84 participants du groupe pégloticase une fois par mois ont signalé un événement indésirable contre 41 sur 43 dans le groupe placebo (RR 1,05, IC à 95 % de 0,98 à 1,14). Dans 80 % des cas, les événements indésirables étaient dus à des flambées de goutte, probablement sans lien avec le traitement médicamenteux par lui-même, ce qui peut expliquer le taux élevé d'événements indésirables dans le groupe placebo, qui ne recevait pour l'essentiel aucun traitement.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.