Aspiration de l'articulation du coude pour le traitement des fractures de la tête radiale

Qu'est-ce qu'une fracture de la tête radiale ?

La tête radiale est située à l'extrémité supérieure du radius, qui est l'un des deux os de l'avant-bras. Elle fait partie de l'articulation du coude. Sa fracture constitue la fracture du coude la plus fréquente. Cette blessure résulte habituellement d'une chute sur le bras tendu. Les symptômes d'une fracture de la tête radiale sont la douleur, la tuméfaction et un hématome autour du coude, ainsi qu'une restriction des mouvements.

Qu'est-ce que l'aspiration ?

Le traitement de la tête radiale fracture peut comporter une aspiration. Celle-ci consiste à aspirer, à l'aide d'une aiguille et d'une seringue stériles, l'excédent de liquide et de sang accumulé dans l'articulation du coude afin de réduire la pression et ainsi, en théorie, de soulager la douleur et d'améliorer les résultats cliniques. Toutefois, l'aspiration est une procédure invasive qui expose le patient à un risque accru de complications telles qu'une infection ou des lésions de nerfs et de vaisseaux sanguins. Cette intervention est généralement pratiquée dans les premiers jours suivant l'accident.

But de la revue

Nous avons cherché à évaluer les effets (avantages et inconvénients) de l'aspiration de l'articulation du coude pour le traitement des fractures de la tête radiale chez l'adulte.

Description des études incluses dans la revue
Nous avons effectué une recherche dans la littérature médicale jusqu'à avril 2014 et trouvé deux études pertinentes, rapportant es résultats pour un total de 108 personnes souffrant de fractures de la tête radiale. La plupart des participants étaient des adultes âgés de 30 ans ou plus. Ils présentaient généralement des fractures de faible gravité et ont tous été traités sans chirurgie. Les deux études étaient de petite taille, mal rapportées et à risque élevé de biais. Aucune des deux n'utilisait de critères fiables pour évaluer la fonction ou la douleur. Par conséquent, nous sommes très incertains quant aux résultats de ces essais.

Résumé des preuves

Des preuves de qualité très faible font apparaître peu de différence entre les sujets qui ont eu une ponction articulaire et ceux qui n'en ont pas eu en termes d'incapacité de porter des charges lourdes ou de gêne lors du port de charges avec le bras atteint un an après la fracture. Des preuves de très faible qualité montrent que l'aspiration apporte souvent un soulagement immédiat de la douleur et que cet effet peut se prolonger jusqu'à trois semaines. Aucun des deux essais ne rendait compte des effets indésirables de ce geste, mais les auteurs d'une étude rapportent un échec de l'aspiration chez trois participants. Des preuves de très faible qualité montrent que l'aspiration a peu d'effet sur la capacité d'étendre le coude à six semaines ou à un an. La déclaration des événements indésirables était incomplète, mais un essai signale l'absence de trois complications fréquentes des fractures de la tête radiale.

Conclusions

Dans l'ensemble, il n'y a pas suffisamment de preuves pour dire si l'aspiration donne de meilleurs résultats à court et long terme que l'absence d'aspiration dans le traitement des fractures de la tête radiale, ni si elle comporte des risques. Nous suggérons que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour examiner l'utilisation de l'aspiration dans le traitement initial des fractures de la tête radiale.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves sont insuffisantes pour déterminer l'efficacité de l'aspiration articulaire pour le traitement initial des fractures de la tête radiale en termes de fonction, de douleur et d'amplitude de mouvement ou pour déterminer l'absence de risques de ce geste. L'examen du recours actuel à l'aspiration, la collecte prospective des événements indésirables et le questionnement des patients à propos de leurs préférences et valeurs seraient utiles pour orienter les décisions sur la conception future d'un essai randomisé multicentrique visant à obtenir des preuves définitives sur l'utilisation de l'aspiration dans le traitement des fractures de la tête radiale.

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Contexte: 

Les fractures de la tête radiale représentent le type le plus fréquent de fracture du coude. Elles résultent habituellement d'une chute sur le bras tendu. En 1954, Mason a classé ces fractures en type 1 (non déplacée), type 2 (déplacée simple) et type 3 (fracture comminutive). L'aspiration dans l'articulation du coude, dans le but de réduire la pression dans l'articulation, est utilisée pour le traitement initial des fractures de la tête radiale. Il s'agit toutefois d'une technique invasive, créant un risque de complications telles que l'infection et des lésions de nerfs et de vaisseaux sanguins.

Objectifs: 

Évaluer les effets (avantages et inconvénients) de l'aspiration dans l'articulation du coude pour le traitement des fractures de la tête radiale chez l'adulte.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du Groupe Cochrane sur les traumatismes de l'appareil musculosquelettique (14 avril 2014), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (14 avril 2014), MEDLINE (de 1946 à la 1ère semaine d'avril 2014) et EMBASE (de 1980 à la semaine 15/2014), des registres d'essais, des bibliographies et des actes de conférences.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés et quasi randomisés comparant l'aspiration à l'absence d'aspiration pour le traitement des fractures de la tête radiale chez l'adulte.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont choisi indépendamment les articles, évalué le risque de biais et extrait les données. Les désaccords ont été résolus par la discussion. Lorsque cela était approprié, nous avons combiné les résultats des études comparables au moyen d'une méta-analyse à effets fixes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus deux essais portant sur 126 participants, mais présentant des résultats pour seulement 108 participants. La plupart des participants étaient des adultes, généralement âgés de plus de 30 ans. Les deux essais présentaient un risque élevé de biais de sélection, de performance, de détection et de déclaration. Afin de prendre en compte ce risque élevé de biais, nous avons abaissé la qualité des preuves de deux niveaux pour les limites de l'étude et d'un niveau supplémentaire pour l'imprécision. Nous avons ainsi jugé que la qualité des éléments de preuve était « très faible » pour tous les critères d'évaluation, ce qui signifie que nous sommes très incertains de ces estimations.

Un essai comprenait des participants présentant des fractures de la tête radiale de type Mason 1, 2 ou 3, et aussi quelque cas d'hémarthrose traumatique du coude sans fracture. L'autre essai comprenait des participants présentant des fractures de type Mason 1 et 2. Les participants ont tous été traités de manière non chirurgicale.

Aucun des deux essais ne rapportait de résultats fonctionnels basés sur des mesures validées de résultats rapportés par les patients pour la fonction ou la douleur au moyen de méthodes validées comme une échelle visuelle analogique. Des preuves de qualité très faible (108 participants, deux essais) indiquent peu de différence entre les aspirations et aucune aspiration pour l'altération des fonctions (incapacité de porter des charges lourdes, gêne pour le transport de charges) à 12 mois (9/51 dans le groupe aspiration contre 7/57 dans le groupe sans aspiration ; risque relatif 1,43 en faveur de l'absence d'aspiration, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,57 à 3,58). Des preuves de très faible qualité (deux essais) suggèrent un effet bénéfique de l'aspiration sur le soulagement de la douleur immédiatement après l'aspiration. Des preuves de très faible qualité (un essai, 28 participants) font apparaître une réduction de la douleur après l'aspiration à trois semaines, mais on ne sait pas si cela reste valable par la suite. Aucun des deux essais ne rend compte des effets indésirables de ce geste (par exemple lésions nerveuses et vasculaires, infection profonde ou superficielle), mais trois échecs d'aspiration (7,9 %) sont signalés dans un essai. Des preuves de très faible qualité indiquent peu de différence dans l'amplitude des mouvements (mesurée à l'extension du coude) entre les deux groupes à six semaines (28 participants, un essai) ou 12 mois (108 participants, deux essais). Le rapport des événements indésirables est incomplet mais un essai (80 participants) signale l'absence de trois complications spécifiques : myosite ossifiante, instabilité articulaire et déplacement secondaire de la fracture.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.