Antibiotiques contre la toux ou la respiration sifflante persistante après une bronchiolite aiguë chez les enfants

Question de la revue

En quoi les antibiotiques diffèrent-ils d'un placebo ou de l'absence de traitement dans la réduction ou le traitement de symptômes respiratoires persistants après une bronchiolite aiguë chez les enfants ?

Contexte

La bronchiolite est une affection pulmonaire qui affecte communément les enfants à travers le monde. Les jeunes enfants atteints de bronchiolite présentent normalement une toux, une respiration rapide et difficile et des problèmes d'alimentation. En général, aucun antibiotique n'est prescrit, sauf si la maladie est grave, ou si une infection bactérienne secondaire est suspectée. Cependant, certains enfants continuent à avoir des problèmes chroniques (c'est-à-dire respiration sifflante, toux) après l'infection aiguë (> 14 jours), ce qui augmente le risque de charge de morbidité actuelle ainsi que les coûts pour le système de santé. Ces enfants consultent souvent à nouveau pour obtenir des soins médicaux supplémentaires à l'extérieur (médecins généralistes et prestataires de soins de santé) ou à l'hôpital (services d'urgence). Les antibiotiques utilisés pour traiter ces symptômes chroniques peuvent éliminer les bactéries présentes dans les poumons et améliorer les résultats à long terme.

Caractéristiques de l'étude

Cette mise à jour de la revue (jusqu'au 26 août 2016) inclut deux essais cliniques comparant des antibiotiques à un placebo chez des enfants en phase post-aiguë de la bronchiolite (> 14 jours). Le premier a été rapporté en Turquie et totalisait 30 nourrissons âgés de sept mois ou moins. Le deuxième a été rapporté en Australie et en Nouvelle-Zélande et totalisait 249 nourrissons âgés de 24 mois ou moins. Les deux essais ont démarré le traitement au cours de l'hospitalisation pour bronchiolite, et ont fourni un suivi de six mois après l'hospitalisation.

Résultats principaux

Cette mise à jour de la revue inclut un total de deux essais portant sur 249 enfants (n = 240 ayant terminé). Les deux études ont contribué aux critères de jugement principaux et secondaires, mais la qualité des preuves était faible. Les auteurs de la revue n'ont noté aucune différence significative entre les groupes de traitement pour nos principaux critères de jugement : nombre d'enfants (n = 249) qui présentaient des symptômes persistants lors du suivi, et nombre d'enfants (n = 240) à nouveau hospitalisés pour une maladie respiratoire dans les six mois ; ni pour notre critère de jugement secondaire : nombre d'enfants (n = 240) présentant une respiration sifflante à six mois. Une étude a rapporté une résistance bactérienne, mais seulement à 48 heures. Une étude a rapporté des événements indésirables desquels tous les enfants ont guéri et sont restés dans l'étude.

Qualité des preuves

Actuellement, il n'existe pas suffisamment de preuves disponibles permettant de dire que les antibiotiques devraient être utilisés pour traiter ou prévenir des symptômes respiratoires persistants en phase post-aiguë de la bronchiolite. Des essais cliniques sont nécessaires pour évaluer l'efficacité des antibiotiques dans la réduction des symptômes respiratoires persistants, en particulier dans les pays où la morbidité de la bronchiolite est élevée (par ex. les populations autochtones).

Conclusions des auteurs: 

Les preuves actuelles sont insuffisantes pour annoncer que les antibiotiques devraient être utilisés pour traiter ou prévenir les symptômes respiratoires persistants en phase post-aiguë de bronchiolite. D'autres ECR sont nécessaires pour évaluer l'efficacité des antibiotiques dans la réduction des symptômes respiratoires persistants. Ceci est particulièrement important dans les populations avec une forte morbidité de la bronchiolite aiguë et post-aiguë (par ex. les populations autochtones en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis).

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Contexte: 

La bronchiolite est une affection respiratoire aiguë fréquente avec une forte prévalence dans le monde entier. Ce syndrome est diagnostiqué cliniquement et se manifeste par une tachypnée (respiration rapide), avec des crépitations ou une respiration sifflante chez les jeunes enfants. Dans la phase aiguë de la bronchiolite (≤ 14 jours), les antibiotiques ne sont pas systématiquement prescrits, sauf si la maladie est grave ou si une infection bactérienne secondaire est suspectée. Même si la bronchiolite est généralement spontanément résolutive, certains jeunes enfants continuent de présenter des symptômes prolongés (par ex. toux et respiration sifflante) au-delà de la phase aiguë et consultent souvent à nouveau pour obtenir des soins secondaires.

Objectifs: 

Comparer l'efficacité des antibiotiques par rapport à des groupes témoin (placebo ou absence de traitement) pour réduire ou traiter des symptômes respiratoires persistants après une bronchiolite aiguë dans les six mois suivant la maladie aiguë.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes : le registre des essais du groupe Cochrane sur les voies respiratoires, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE (Ovid), EMBASE (Ovid), le portail des essais de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le registre des essais cliniques d'Australie et de Nouvelle-Zélande et ClinicalTrials.gov, jusqu'au 26 août 2016.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant l'administration d'antibiotiques à un placebo ou à l'absence de traitement (groupes témoin) en phase post-aiguë de la bronchiolite (> 14 jours) chez les enfants âgés de moins de deux ans souffrant de bronchiolite.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les études en fonction de critères prédéfinis, puis sélectionné, extrait et évalué les données pour l'inclusion. Nous avons contacté les auteurs des essais pour obtenir des informations supplémentaires.

Résultats principaux: 

Dans cette mise à jour de la revue, nous avons ajouté une étude avec 219 enfants. Au total, deux ECR portant sur 249 enfants (n = 240 ayant terminé) ont pu être inclus dans cette revue. Les deux études ont contribué à nos critères de jugement principaux et secondaires, mais nous avons évalué la qualité des preuves pour nos trois principaux critères de jugement comme étant faible en raison du faible nombre d'études et de participants ; et du taux d'attrition élevé dans l'une des études. Les données n'ont montré aucune différence significative entre les groupes de traitement pour nos principaux critères de jugement : le nombre d'enfants (n = 249) qui présentaient des symptômes persistants lors du suivi (rapport des cotes (RC) 0,69, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,37 à 1,28 ; modèle à effets fixes) ; et le nombre d'enfants (n = 240) à nouveau hospitalisés pour une maladie respiratoire dans les six mois (RC 0,54, IC à 95 % 0,05 à 6,21 ; modèle à effets aléatoires). Nous n'avons pas pu analyser le taux d'exacerbation, car les études avaient utilisé des méthodes différentes pour rapporter cette information. Les données n'ont montré aucune différence significative entre les groupes de traitement pour notre critère de jugement secondaire : le nombre d'enfants (n = 240) présentant une respiration sifflante à six mois (RC 0,47, IC à 95 % 0,06 à 3,95 ; modèle à effets aléatoires). Une étude a rapporté une résistance bactérienne, mais seulement à 48 heures (donc avec une applicabilité limitée pour cette revue). Une autre étude a rapporté des événements indésirables desquels tous les enfants ont guéri et sont restés dans l'étude.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Barbara Fowler et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.