Administration d'anti-D après la fausse couche spontanée pour prévenir l'allo-immunisation Rhésus

Pendant la grossesse, une femme de rhésus négatif (Rh négatif) peut développer des anticorps Rh dans la circulation sanguine lorsqu'elle porte un bébé de Rh positif. La formation consécutive d'anticorps présente le potentiel d'attaquer les globules rouges d'un bébé de Rh positif au cours de la grossesse. Cela peut rendre le bébé anémique et dans des cas graves, le bébé peut mourir. D'autres revues Cochrane fournissent des preuves probantes que l'administration d'immunoglobuline anti-D (anti-D) dans les 72 heures suivant l'accouchement à une mère de Rh négatif d'un bébé de Rh positif et pendant le troisième trimestre réduira la formation d'anticorps Rh lors des futures grossesses. Les chances de développer des anticorps Rh peuvent être réduites si l'anti-D est administrée à des femmes de Rh négatif suite à une fausse couche spontanée ou après une intervention de dilatation et curetage (D&C) pour une fausse couche incomplète au bout de 12 semaines. Toutefois, notre revue n'a identifié qu'un seul essai contrôlé randomisé de mauvaise qualité (incluant 48 femmes) ayant examiné l'administration d'anti-D suite à une intervention thérapeutique de dilatation et curetage (D&C) ou une fausse couche spontanée pour prévenir l'allo-immunisation Rhésus (développement d'anticorps en réponse aux antigènes d'une protéine n'appartenant pas au soi). L'étude incluse n'a rapporté aucune donnée sur le critère de jugement principal ou les critères secondaires de la revue. Par conséquent, d'autres recherches de grande qualité doivent être réalisées dans ce domaine.

Conclusions des auteurs: 

Les données disponibles sont insuffisantes pour évaluer la pratique de l'administration d'anti-D à une mère de Rh négatif n'ayant pas été sensibilisée suite à une fausse couche spontanée. Par conséquent, jusqu'à ce que des preuves de qualité irréfutable soient disponibles, la pratique de l'administration prophylactique d'immunoglobuline anti-D suite à une fausse couche spontanée pour prévenir l'allo-immunisation Rhésus ne peut être généralisée et devrait être fondée sur les directives pour la pratique courante de chaque pays.

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Contexte: 

Pendant la grossesse, une femme de rhésus négatif (Rh négatif) peut développer des anticorps lorsque son fœtus est de rhésus positif (Rh positif), ce qui peut causer une morbidité ou une mortalité fœtale lors des grossesses ultérieures, si elle n'est pas traitée.

Objectifs: 

Évaluer les effets de l'administration d'immunoglobuline (Ig) anti-D suite à une fausse couche spontanée à une femme de rhésus négatif (Rh négatif), par rapport à l'absence d'anticorps anti-D.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (31.12.12).

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur les femmes de rhésus négatif (Rh négatif) sans anticorps qui ont reçu de l'immunoglobuline anti-D suite à une fausse couche spontanée comparativement à l'absence de traitement ou un placebo suite à une fausse couche spontanée en tant que témoin.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont évalué de manière indépendante les essais à inclure, ainsi que leur qualité méthodologique. Deux auteurs se sont occupés d'extraire les données et de vérifier leur exactitude.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus un ECR, totalisant 48 femmes ayant subi une fausse couche au bout de 8 à 24 semaines de grossesse. Sur les 19 femmes incluses dans le groupe de traitement, 14 ont eu une intervention thérapeutique de dilatation et curetage (D&C) et cinq ont eu une fausse couche spontanée ; sur les 29 femmes incluses dans le groupe témoin, 25 ont eu une intervention thérapeutique D&C et quatre ont eu une fausse couche spontanée. Le groupe de traitement a reçu une injection intramusculaire de 300 µg d'immunoglobuline (Ig) anti-D et a été comparé à un groupe témoin ayant reçu 1 cc de gammaglobuline homogène en tant que placebo.

Les critères de jugement principaux de cette revue (obtention d'un test Kleihauer Betke positif (un test permettant de détecter les cellules fœtales dans le sang maternel) ; et développement de l'allo-immunisation Rhésus lors d'une grossesse ultérieure) n'ont pas été rapportés dans l'étude incluse.

De même, aucun des critères de jugement secondaires de la revue n'a été rapporté dans l'étude incluse : la nécessité de renforcer la surveillance des prélèvements de sang fœtal suspectés et des transfusions de fœtus lors d'une grossesse ultérieure, la morbidité néonatale telle que l'anémie néonatale, la jaunisse, l'encéphalopathie bilirubinique, l'érythroblastose, la prématurité, l'hypoglycémie (faible taux de sucre dans le sang) lors d'une grossesse ultérieure, les événements indésirables maternels de l'administration d'anti-D notamment une réaction anaphylactique et des infections transmises par le sang.

L'étude incluse n'a pas rendu compte des grossesses ultérieures Rh positif chez trois femmes incluses dans le groupe de traitement et six femmes dans le groupe témoin. Cependant, en raison d’une petite taille d’échantillon, l'étude n'a pas réussi à démontrer la moindre différence au niveau de la sensibilisation maternelle ou du développement de l'allo-immunisation Rhésus lors d'une grossesse ultérieure.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.