Comparaison de la perphénazine et des antipsychotiques typiques de faible puissance de première génération dans le traitement de la schizophrénie

La schizophrénie est une maladie mentale grave dans laquelle les gens éprouvent des symptômes dits « positifs » (comme entendre des voix, voir des choses et avoir des croyances étranges) et d'autres dits « négatifs » (fatigue, apathie, perte des émotions).

Les médicaments antipsychotiques sont le principal traitement de la schizophrénie et peuvent être regroupés en médicaments anciens (« typiques » ou de première génération) et nouveaux (« atypiques » ou de deuxième génération), et au sein de ces groupes, en antipsychotiques de faible puissance et puissants. La perphénazine est un antipsychotique puissant de première génération. Les psychiatres et les professionnels de la santé perçoivent souvent les antipsychotiques de faible puissance comme moins efficaces que les antipsychotiques puissants dans le traitement de la schizophrénie ; ils se distinguent également de ces derniers par leurs effets secondaires. Les antipsychotiques de faible puissance provoquent souvent une somnolence et une hypotension, tandis que les antipsychotiques puissants produisent souvent des troubles moteurs tels qu'agitation, spasticité et tremblements. La chlorpromazine, le chlorprothixène, la thioridazine et la lévomépromazine sont des exemples typiques de médicaments antipsychotiques de faible puissance de première génération.

Cette revue vise à comparer un antipsychotique de forte puissance de première génération, la perphénazine, avec des antipsychotiques de faible puissance de première génération. Nous avons recherché des essais en 2010. Quatre essais randomisés portant sur un total de 365 personnes sont inclus. Les études comparaient la perphénazine avec de la chlorpromazine, la thioridazine et lévomépromazine. Dans l'ensemble, les essais étaient de mauvaise qualité, mal rapportés et de petite taille. Les auteurs de la revue ont également jugé que les preuves pour les principaux critères d'évaluation étaient de qualité moyenne à très faible.

On a constaté que la perphénazine n'était pas manifestement supérieure, du point de vue clinique, aux antipsychotiques de faible puissance de première génération, et qu'elle était davantage susceptible de causer un trouble moteur appelé akathisie (agitation intérieure et incapacité à rester assis). Les antipsychotiques de faible puissance de la première génération sont considérés comme davantage susceptibles de causer des effets secondaires tels que la sédation et l'hypotension, mais les preuves de la présente revue montrent que les patients sous perphénazine sont tout aussi susceptibles d'avoir de l'hypotension que ceux qui prennent des antipsychotiques de première génération, et aucune donnée n'est disponible en ce qui concerne la sédation. D'autres paramètres d'évaluation comme les réhospitalisations, les coûts, le nombre de jours en bonne santé et la qualité de vie n'ont pas été abordés dans les études.

Aucune conclusion définitive ne peut être formulée quant à la supériorité ou l'infériorité de la perphénazine sur les antipsychotiques de faible puissance de première génération jusqu'à ce que des études plus récentes et mieux conduites sont terminées.

Ce résumé en langage simplifié a été rédigé par un usager de Rethink Mental Illness, Benjamin Gray.

Conclusions des auteurs: 

Les résultats ne montrent pas une efficacité supérieure de la perphénazine de forte puissance par rapport aux antipsychotiques de faible puissance de première génération. Il existe certaines preuves que la perphénazine est plus susceptible de causer l'akathisie et moins susceptibles de provoquer une toxicité sévère, mais la plupart des résultats d'effets indésirables étaient équivoques. Le nombre d'études ainsi que la qualité des études sont faibles, avec une qualité de preuves moyenne à très faible pour les principaux critères d'évaluation ; il serait donc utile de disposer de plus de preuves issues d'essais randomisés avant de formuler des conclusions.

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Contexte: 

Les médicaments antipsychotiques sont le traitement de base pour la schizophrénie. Quoique les recommandations de traitement indiquent qu'il n'y a aucune différence d'efficacité entre les différents antipsychotiques de première génération, les antipsychotiques de faible puissance sont parfois perçus par les praticiens comme moins efficaces que les composés de forte puissance de même génération, et ils semblent également différer en termes d'effets secondaires.

Objectifs: 

Examiner les effets de la perphénazine, un antipsychotique puissant de première génération, par rapport aux antipsychotiques de faible puissance de première génération chez les personnes atteintes de schizophrénie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie (octobre 2010).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant la perphénazine à des antipsychotiques de faible puissance de première génération chez des sujets atteints de schizophrénie ou de psychoses de type schizophrénique.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons extrait les données indépendamment. Pour les données dichotomiques, nous avons calculé les risques relatifs (RR) et leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % sur la base de l'intention de traiter (ITT) au moyen d'un modèle à effets aléatoires.

Résultats principaux: 

La revue inclut actuellement quatre essais randomisés pertinents avec 365 participants. La taille des études incluses varie entre 42 et 158 ​​participants et leur durée entre un et quatre mois. Dans l'ensemble, les méthode de génération de séquence et de masquage de la répartition ont été mal rapportées. La plupart des études ont été jugées à faible risque de biais en termes de mise en insu. Le risque de biais d'attrition des études évaluées était globalement élevé.

Les effets de la perphénazine et des antipsychotiques de faible puissance semblaient similaires en ce qui concerne le critère d'évaluation principal de réponse au traitement (perphénazine 58 %, antipsychotiques de faible puissance 59 %, deux ECR, n = 138, RR 0,97, IC de 0,74 à 1,26 ; preuves de qualité modérée). De même, aucune différence évidente n'a été constatée dans l'acceptabilité du traitement par le nombre de participants ayant abandonné l'étude précocement pour toutes raisons, mais les résultats étaient imprécis (perphénazine 30 %, antipsychotiques de faible puissance 16 %, 3 ECR, n = 239, RR de 1,25, IC entre 0,72 et 2,17, preuves de faible qualité).

Peu d'études étaient disponibles pour les critères d'évaluation d'apparition d'au moins un effet indésirable (perphénazine 33 %, antipsychotiques de faible puissance 47 %, deux ECR, n = 165, RR 0,83, IC de 0,36 à 1,95, preuves de faible qualité) et de troubles moteurs (perphénazine 22 %, antipsychotiques de faible puissance de première génération 0 %, 1 ECR, n = 69, RR 15,62, IC de 0,94 à 260,49, preuves de faible qualité), et les intervalles de confiance pour les effets estimés n'excluent pas des différences importantes. L'akathisie était plus fréquente dans le groupe perphénazine (perphénazine 25 %, antipsychotiques de faible puissance 22 %, deux ECR, n = 227, RR 9,45, IC de 1,69 à 52,88), tandis que la toxicité sévère a été moins fréquente dans ce groupe (perphénazine 42 %, antipsychotiques de faible puissance 69 %, un ECR, n = 96, RR 0,61, IC de 0,41 à 0,89).

Il y a eu trois décès dans le groupe sous antipsychotiques de faible puissance sur quatre mois, mais la différence entre les groupes n'était pas significative (perphénazine 0 %, antipsychotiques de faible puissance 2 %, un ECR, n = 96, RR 0,14, IC de 0,01 à 2,69, preuves de qualité modérée). Aucune donnée n'était disponible pour nos critères d'évaluation spécifiés de décès, de sédation ou de qualité de vie. Aucune donnée n'était disponible pour d'autres résultats comme la récidive, l'utilisation de services, les coûts et la satisfaction vis-à-vis des soins.

Les taux d'événements rapportés sont des agrégats simples et ne sont pas basés sur le RR.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.