Anesthésie pour évacuation chirurgicale en cas de fausse couche incomplète

On parle de fausse couche quand une femme enceinte perd son bébé avant que celui-ci ne soit considéré comme capable de survivre hors de l'utérus. Une fausse couche incomplète se produit lorsqu'il n'y a pas eu expulsion de tous les produits de la conception par le col de l'utérus, ce qui arrive souvent quand une femme fait une fausse couche avant la 12ème semaine de grossesse. Un traitement médical est disponible mais, traditionnellement, la chirurgie est utilisée pour enlever tout tissu résiduel. Cela peut être fait par curetage ou par aspiration. Il s'agit d'une procédure rapide mais qui est associée à de la douleur et de l'inconfort, et de nombreuses techniques anesthésiques sont utilisées. Celles-ci incluent notamment l'anesthésie générale, la sédation et l'analgésie, ou des blocages nerveux régionaux tel que le bloc paracervical. Nous avons examiné les études contrôlées randomisées existantes pour comparer l'effet de ces techniques anesthésiques sur la satisfaction de la patiente, la douleur postopératoire, les nausées, vomissements et autres effets secondaires, ainsi que sur la mortalité maternelle.

Nous avons inclus sept essais impliquant un total de 800 femmes. Aucune des études incluses n'avait fait état d'une quelconque mortalité maternelle. Nous n'avons pas regroupé les résultats des essais parce que ceux-ci différaient beaucoup quant aux interventions cliniques utilisées et à la façon dont les résultats avaient été évalués. Une étude avait rendu compte d'une plus grande satisfaction maternelle avec l'anesthésie générale qu'avec la sédation et l'analgésie. Le bloc paracervical n'avait pas amélioré le contrôle de la douleur postopératoire en comparaison avec la sédation et l'analgésie. De plus nombreux cas de nausées et de vomissements avaient été signalés lorsque des opiacés étaient utilisés.

Actuellement, la douleur postopératoire ressentie par les femmes subissant une évacuation chirurgicale de fausse couche incomplète n'est pas totalement soulagée. D'autres études dans ce contexte devraient être menées pour examiner cette question. Les facteurs clés qui influencent le choix de l'anesthésie sont notamment la disponibilité, l'efficacité, l'innocuité, les effets secondaires et les coûts. Les autres facteurs incluent la préférence du patient, le choix du praticien, les ressources de l'établissement et les indications médicales.

Conclusions des auteurs: 

Les considérations particulières qui influencent le choix de l'anesthésie pour cette procédure (comme la disponibilité, l'efficacité, l'innocuité, les effets secondaires, le choix du praticien, les coûts et les préférences de la femme) doivent rester en vigueur tant qu'on ne dispose pas de nouvelles preuves justifiant l'utilisation d'une technique ou d'une autre.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Une fausse couche incomplète se produit lorsqu'il n'a pas expulsion de tous les produits de la conception par le col de l'utérus. Le curetage ou l'aspiration sont utilisés pour enlever les tissus résiduels. Les techniques anesthésiques utilisées pour faciliter cette procédure n'ont pas été systématiquement évaluées pour déterminer quelle est la meilleure pour les patientes.

Objectifs: 

Évaluer les effets de l'anesthésie générale, de la sédation ou de l'analgésie, des techniques anesthésiques de blocage nerveux régional ou paracervical, ou de différents dosages de ceux-ci, pour l'évacuation chirurgicale de la fausse couche incomplète.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (23 janvier 2012), CENTRAL (The Cochrane Library 2012, numéro 1), PubMed (de 1966 jusqu'au 23 janvier 2012), EMBASE (de 1974 jusqu'au 23 janvier 2012), CINAHL (de 1982 jusqu'au 23 janvier 2012), LILACS (de 1982 jusqu'au 23 janvier 2012) et les références bibliographiques des études trouvées.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) et les ECR en grappes, publiés et non publiés, comparant l'utilisation d'une quelconque technique d'anesthésie (définie par les auteurs comme anesthésie générale, sédation / analgésie, procédures de blocage régional ou paracervical (BPC)) pour effectuer l'évacuation chirurgicale d'une fausse couche incomplète. Nous avons exclu les essais quasi-randomisés et les études qui n'étaient disponibles que sous forme de résumés.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont évalué les études à inclure et les risques de biais indépendamment. Les données ont été extraites et leur exactitude a été vérifiée de manière indépendante.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus sept essais impliquant un total de 800 femmes. Les comparaisons ont révélé une très grande hétérogénéité clinique. En raison de l'hétérogénéité au niveau de l'unité de randomisation, nous n'avons pas regroupé les essais mais nous avons rapporté les résultats des différents essais dans la section « Data and analysis » (données et analyse) et dans le texte. La moitié des essais ont un risque incertain ou élevé de biais dans plusieurs domaines.

Nous n'avons pas trouvé d'essai ayant rapporté des données sur la mortalité maternelle. En termes de douleur postopératoire, le BPC n'améliore pas le contrôle de la douleur postopératoire quand il est comparé à une sédation / analgésie ou à l'absence d'anesthésie / d'analgésie. Dans la comparaison du BPC avec lidocaïne au BPC avec solution saline, des différences significatives en faveur du groupe à lidocaïne ont été constatées dans un essai (douleur postopératoire modérée ou sévère) (risque relatif (RR) 0,32 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,18 à 0,59).

Dans les deux essais comparant des opiacés au BPC, les opiacés étaient associés à plus de nausées et de vomissements postopératoires. En ce qui concerne les besoins en transfusion sanguine, deux essais avaient abouti à des résultats contradictoires.

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.