Traitement étendu à 72 semaines versus traitement standard de 48 semaines pour les personnes à réponse lente infectées par le génotype 1 de l'hépatite C chronique

L'hépatite C chronique est une cause majeure de morbidité et de mortalité liées au foie. La durée standard du traitement au peginterféron et ribavirine pour les patients infectés par le génotype 1 du virus de l'hépatite C est de 48 semaines, mais le nombre de patients chez qui le traitement réussit à faire disparaitre le virus du sang (réponse virologique soutenue) est limité. Afin d'améliorer ces résultats, il a été proposé d'allonger la durée du traitement. Nous avons tenté de déterminer si la prolongation à 72 semaines de la durée de traitement est préférable aux 48 semaines standard pour le sous-groupe de patients qui se sont avérés répondre lentement au virus.

Nous avons trouvé sept essais cliniques randomisés ayant comparé les durées de traitement de 72 semaines et 48 semaines chez 1 369 participants. La qualité de tous les essais était faible. Aucun des essais inclus n'avait rendu compte de la mortalité ou de la morbidité liée au foie. La réponse virologique soutenue (c'est-à-dire l'indétectabilité d'ARN du virus de l'hépatite C six mois après la fin d'un traitement complet) avait augmenté lorsqu'il avait été décidé, sur la base de la charge virale après 12 semaines de traitement, de prolonger le traitement (RR 1,43 ; IC à 95 % 1,07 à 1,92) ainsi que lorsqu'il avait été décidé de prolonger le traitement sur la base des résultats de charge virale après quatre semaines de traitement (RR 1,27 ; IC à 95 % 1,07 à 1,50). Le nombre calculé de sujets à traiter pour obtenir une augmentation des proportions de réponse virologique soutenue était de neuf (ce qui signifie que sur neuf participants traités pendant 72 semaines au lieu de 48 semaines seul un de plus atteindrait une réponse virologique soutenue, en comparaison avec les participants traités pendant 48 semaines). L'amélioration de la réponse virologique soutenue après 72 semaines de traitement était due à la réduction du nombre de patients de ce groupe ayant fait l'objet d'une rechute virologique après le traitement. Il n'y avait pas de différence entre les deux groupes quant à l'observance du traitement. Des événements indésirables graves n'ont été mentionnés que dans un seul essai, et ils ne différaient pas entre les deux groupes de traitement. Les résultats peuvent avoir été influencés par les risques d'erreurs systématiques (biais) et le risque d'erreurs aléatoires (effet de hasard).

De nouveaux essais randomisés à grande échelle rendant compte de critères de jugement concernant les patients sont nécessaires.

Conclusions des auteurs: 

Cette revue montre une proportion plus élevée de réponse virologique soutenue après extension du traitement de 48 à 72 semaines pour les patients infectés du génotype 1 du VHC chez qui de l'ARN de VHC était toujours détectable, bien qu'ayant diminué de ≥ 2 log après 12 semaines et n'était plus détectable après 24 semaines de traitement, ainsi que chez les patients chez qui de l'ARN de VHC était détectable après quatre semaines de traitement par peginterféron plus ribavirine. Les effets observés de l'intervention peuvent être dus tant à une erreur systématique (biais) qu'à des erreurs aléatoires (effet de hasard). Il n'y avait pas de compte-rendu de la mortalité et le compte-rendu des résultats cliniques et des événements indésirables était insuffisant. Davantage de données sont nécessaires pour recommander ou rejeter la politique d'extension de la durée de traitement chez les patients à réponse lente.

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Contexte: 

La durée standard du traitement de peginterféron et ribavirine chez les patients infectés par le génotype 1 du virus de l'hépatite C (VHC) chronique est de 48 semaines. Relativement peu de patients toutefois montrent une réponse virologique soutenue. Afin d'améliorer la réponse virologique soutenue, il a été proposé d'allonger la durée du traitement.

Objectifs: 

Étudier les avantages et les inconvénients du traitement étendu de 72 semaines au peginterféron plus ribavirine, en comparaison au traitement de 48 semaines, chez les patients infectés par le génotype 1 du VHC chronique qui se sont avérés avoir une réponse antivirale lente.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre des essais contrôlés du groupe Cochrane hépato-biliaire, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans The Cochrane Library, MEDLINE, EMBASE, Science Citation Index Expanded et LILACS jusqu'à novembre 2011. Nous avons identifié d'autres essais en passant au crible des références bibliographiques et en contactant les auteurs principaux.

Critères de sélection: 

Les essais étaient éligibles pour cette revue s'ils incluaient des patients infectés par le génotype 1 du virus de l'hépatite C ayant une réponse antivirale lente, et si ces patients avaient été randomisés entre des traitements de 72 et 48 semaines à l'interféron pégylé plus ribavirine.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont, de manière indépendante, évalué le risque de biais des essais et extrait les données. Les principaux critères de jugement étaient la mortalité globale, la mortalité liée au foie et la morbidité liée au foie. Nous avons extrait les données séparément pour deux définitions de la réponse lente : 1) des patients ayant une réduction virale ≥ 2 logarithmique mais de l'ARN de VHC toujours détectable après 12 semaines de traitement, bien que plus détectable après 24 semaines de traitement ; 2) des patients ayant de l'ARN de VHC détectable après quatre semaines de traitement. Nous avons calculé les risques relatifs, tant pour chaque essai que pour les méta-analyses d'essais.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus sept essais totalisant 1 369 participants. Tous les essais présentaient des risques élevés de biais. Cinq essais avaient utilisé notre première définition de la réponse lente, et les trois autres essais (dont un qui avait utilisé les deux définitions) la seconde définition. Aucun des essais inclus n'avait fait mention de nos principaux critères de jugement. Toutefois, en ce qui concerne les critères secondaires de jugement, l'extension à 72 semaines de la durée du traitement avait augmenté la réponse virologique soutenue selon les deux définitions (71/217 (32,7 %) versus 52/194 (26,8 %) ; risque relatif (RR) 1,43 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,07 à 1,92 , P = 0,02 , I2 = 8 % ; et 265/499 (53,1 %) versus 207/496 (41,7 %) ; RR 1,27 , IC à 95 % 1,07 à 1,50 , P = 0,006 , I2 = 38 %), avec une différence de risque de 0,11 et un nombre calculé de sujets à traiter de neuf. La fin de la réponse au traitement n'était pas significativement différente entre les deux groupes de traitement. Le nombre de participants ayant rechuté virologiquement s'est avéré être plus faible dans les groupes qui avaient été traités pendant 72 semaines, selon les deux définitions (27/84 (32,1 %) versus 46/91 (50,5 %) ; RR 0,59 , IC à 95 % 0,40 à 0,86 , P = 0,007 , I2 = 18 %, 3 essais ; et 85/350 (24,3 %) versus 146/353 (41,4 %) ; RR 0,59 , IC à 95 % 0,47 à 0,73 , P <0,000001 , I2 = 0 %, 3 essais). La durée du traitement n'avait pas significativement influencé l'observance (247/279 (88,5 %) versus 252/274 (92,0 %) ; RR 0,95 , IC à 95 % 0,84 à 1,07 , P = 0,42, I2 = 69 %, 3 essais). Dans le seul essai qui avait rendu compte des effets indésirables, aucune différence significative n'avait été observée entre les deux groupes de traitement.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.