Chimioradiothérapie pour traiter le cancer cervical : résultats d'une méta-analyse

Les femmes atteintes d'un cancer cervical trop grand pour être extirpé chirurgicalement ou étendu aux tissus autour du col de l'utérus (souvent appelé cancer cervical localement avancé) peuvent être traitées avec la radiothérapie (traitement avec rayons X). Elles peuvent également être traitées par chimiothérapie (traitement médicamenteux) parallèlement à la radiothérapie.Ce traitement est appelé chimioradiothérapie (ou radiochimiothérapie).Cette revue a rassemblé 18 essais contrôlés randomisés (ECR) réalisés dans un grand nombre de pays.Les résultats de la revue ont montré que les femmes traitées par chimioradiothérapie pour un cancer cervical ont plus de chances de vivre plus longtemps que les femmes traitées uniquement par radiothérapie.Cinq ans après le traitement, 66 femmes sur 100 qui ont reçu la chimioradiothérapie étaient encore vivantes par comparaison à 60 femmes sur 100 traitées par radiothérapie uniquement.Les femmes traitées par chimioradiothérapie avaient moins de chances d'avoir une récurrence du cancer ou sa propagation à d'autres parties du corps.La chimioradiothérapie a aidé toutes les femmes, y compris les femmes avec les tumeurs les plus grandes ou avec les tumeurs qui s'étaient propagées le plus. De plus, les différents médicaments utilisés dans les essais (cisplatine, 5-fluorouracile ou mitomycine-C) ont tous aidé les femmes à prolonger leur espérance de vie ou à éviter le retour ou la propagation du cancer. Certains effets indésirables à court terme furent pires chez les femmes qui ont reçu la chimioradiothérapie. Les médecins peuvent généralement aider les femmes à faire face aux effets indésirables à court terme de leur traitement. Malheureusement, on ne disposait pas d'informations suffisantes pour être sûrs que les effets indésirables à long terme sont pires avec la chimioradiothérapie ou sans elle.

Cette revue semblait également avoir montré que les femmes ayant eu une chimiothérapie additionnelle (après la chimioradiothérapie) ont vécu plus longtemps que celles traitées par chimioradiothérapie uniquement.Cependant, les investigateurs sont moins sûrs de ces résultats et suggèrent que de nouveaux ECR sont nécessaires pour déceler si une session additionnelle de chimiothérapie est préférable ou non chez les femmes atteintes de cancer cervical.

Conclusions des auteurs: 

Ces résultats soutiennent les recommandations de l'alerte du NCI mais démontrent aussi qu'elles peuvent s'appliquer à toutes les femmes et démontrent aussi le bénéfice de la chimioradiothérapie non basée sur le platine De plus, malgré le fait que ces résultats suggèrent un avantage additionnel pour la chimiothérapie adjuvante cela doit être testé dans des ECR.

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Contexte: 

Après une alerte clinique émise en 1999 par l'Institut national du cancer des États-Unis (NCI), la chimiothérapie est devenue largement utilisée pour traiter les femmes atteintes de cancer cervical. Deux revues systématiques ont trouvé que l'interprétation des bénéfices était compliquée et que quelques questions cliniques importantes étaient restées sans réponse.

Objectifs: 

Nous avons commencé une méta-analyse recherchant les données individuelles actualisées des patientes (DIP) provenant de tous les essais contrôlés randomisés (ECR) afin d'évaluer les effets de la chimiothérapie sur tous les critères de jugement.Nous avons spécifié au préalable les analyses destinées à déterminer si les effets de la chimiothérapie étaient différents selon les essais ou les caractéristiques des patientes.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons complété les recherches de MEDLINE, LILACS et CANCERLIT avec des informations provenant de registres d'essais en recherchant manuellement des actes de réunions scientifiques et en engageant des discussions avec les personnes qui ont réalisé les essais et les organisations. Les recherches ont été mises à jour jusqu'à octobre 2009.

Critères de sélection: 

Les essais publiés ainsi que les essais non publiés étaient éligibles à l'inclusion, à condition que les patientes aient été randomiséés entre la radiothérapie (avec ou sans chirurgie) et la chimioradiothérapie (avec ou sans chirurgie) ; que la méthode de randomisation ait exclu la connaissance préalable du traitement assigné ; et que l'essai ait terminé le recrutement des patientes avant la date des analyses finales.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons réalisé une méta-analyse quantitative en utilisant des informations actualisées sur les patientes individuelles provenant de tous les ECR disponibles. Nous avons recherché des données de tous les patientes randomisées dans tous les essais éligibles. Nous avons obtenu des informations actualisées sur la survie, la récurrence et la date de dernier suivi. Pour éviter les biais potentiels, nous avons demandé des informations pour toutes les patientes randomisées, y compris celles qui avaient été exclues des analyses originelles des investigateurs.

Résultats principaux: 

Dix-huit essais ont été identifiés et 15 de ces essais ont été considérés éligibles pour être inclus dans l'analyse principale. Sur la base des 13 essais qui ont comparé la chimioradiothérapie à la même radiothérapie seule, il y eut une amélioration de 6% de la survie à 5 ans avec la chimioradiothérapie (rapport de risque (RR) = 0,81, P < 0,001), Des avantages plus amples concernant la survie ont été observés pour les deux essais additionnels dans lesquels la chimiothérapie a été administrée après la chimioradiothérapie. Il y eut un bénéfice de survie significatif pour le groupe d'essai qui a utilisé la chimioradiothérapie à base de platine (RR = 0,83, P = 0,017) et la chimioradiothérapie non basée sur le platine (RR = 0,77, P = 0,009), mais on n'observa pas de preuve d'une différence de l'importance du bénéfice selon la dose de radiothérapie ou de chimiothérapie ou la programmation. La chimioradiothérapie a également réduit la récurrence locale et à distance et amélioré la survie sans récidive (SSR).Il y eut une certaine possibilité d'une différence dans l'importance du bénéfice de la survie selon le stade de la tumeur mais non pas dans d'autres sous-groupes de patientes. La toxicité aigue hématologique et gastro-intestinale a augmenté avec la chimioradiothérapie mais les données étaient trop clairsemées pour analyser la toxicité tardive.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.