Libération endoscopique pour le syndrome du canal carpien

Question de la revue

Nous avons examiné les preuves relatives à la sûreté et à l'efficacité de la libération endoscopique du canal carpien (LECC) par rapport à n'importe quel autre type de chirurgie pour le syndrome du canal carpien (SCC).

Contexte

Le SCC est la cause la plus courante de compression du nerf dans le bras. Le canal carpien est l'espace entre un ligament qui s'étend dans le poignet et dans les os situés au-dessous. Lors de SCC, la pression sur un nerf augmente (le nerf médian) en passant du poignet vers la paume de la main à travers le canal carpien. Afin de libérer la pression sur le nerf dans le canal carpien, les chirurgiens coupent le ligament. Cette opération peut être réalisée en tant que chirurgie «ouverte» traditionnelle (COT), ou au moyen d'un endoscope (LECC), à l'aide d'une petite caméra avec une ou deux petites entailles dans la peau.

Nous avons effectué des recherches dans beaucoup d'essais qui comparaient la LECC avec d'autres types de chirurgie.

Les caractéristiques de l'étude

Nous avons trouvé 28 études, portant sur 2 586 personnes pouvant être incluses dans la revue. Nous avons pris en compte les résultats à moins de trois mois et plus de trois mois après la chirurgie.

Résultats principaux et qualité des preuves

Avec uniquement l'appui de preuves de faible qualité, la COT est aussi efficace que la LECC pour soulager les symptômes et améliorer la fonction de la main lors de SCC. La LECC engendre probablement des taux de complications mineures plus faibles (telles que la douleur de la cicatrice et les infections) comparé à la COT, mais elle démontre des taux similaires de complications majeures. La LECC permet également un retour plus rapide au travail ou aux activités quotidiennes. Cependant, les restrictions dans les études de cette revue limitent la qualité de cette preuve.

Une seule étude a déclaré un conflit d'intérêt et neuf études n'ont rapporté aucun conflit d'intérêt. Quatre études ont été financées par une source académique. D'après l'estimation GRADE, l'évaluation révèle une qualité des preuves faible à modérée pour les résultats fournis.

Les preuves dans la revue sont à jour en novembre 2012. Nous avons relancé les recherches peu de temps avant la publication et nous évaluerons intégralement trois autres études à partir de cette recherche une fois la revue mise à jour.

Conclusions des auteurs: 

Dans cette revue, avec uniquement l'appui de preuves de faible qualité, la LECC et la COT pour libérer le canal carpien sont aussi efficaces l'une que l'autre dans le soulagement des symptômes et l'amélioration du statut fonctionnel. Bien que la LECC puisse être significativement plus bénéfique que la COT du point de vue fonctionnel pour l'amélioration de la force de préhension. La LECC semble être associée à moins de complications mineures par rapport à la COT, mais nous n'avons trouvé aucune différence dans les taux de complications majeures. Le retour au travail est plus rapide après une libération endoscopique, d'en moyenne huit jours. Les conclusions de cette revue sont limitées par le risque de biais élevé, une imprécision statistique et un manque de cohérence dans les études incluses.

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Contexte: 

Le syndrome du canal carpien (SCC) est la neuropathie compressive des extrémités supérieures la plus courante. Elle est causée par une augmentation de la pression sur le nerf médian entre le ligament carpien transverse et l'os carpien. Le traitement chirurgical consiste à libérer le nerf en pratiquant une incision du ligament carpien transverse. Cela peut être effectué par une approche ouverte ou par voie endoscopique.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité des techniques de libération endoscopique du canal carpien par rapport à n'importe quelle autre intervention chirurgicale pour le traitement du SCC. Plus spécifiquement, pour évaluer l'impact relatif des techniques endoscopiques dans le soulagement des symptômes, la récupération fonctionnelle (le retour au travail et la reprise des activités quotidiennes) et la réduction des taux de complication.

Stratégie de recherche documentaire: 

Cette revue intègre de manière exhaustive les résultats des recherches menées jusqu'au 5 novembre 2012, suite à nos investigations dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuromusculaires, CENTRAL, MEDLINE et EMBASE. Aucune restriction concernant la langue n'a été appliquée. Nous avons examiné les références bibliographiques des articles pertinents et contacté les auteurs des essais. Nous avons également effectué des recherches dans les registres des essais en cours. Nous avons effectué un dépistage préliminaire des recherches jusqu'à novembre 2013 afin d'identifier d'autres publications récentes.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi-ECR comparant une libération endoscopique du canal carpien (LECC) avec une autre intervention chirurgicale pour le traitement du SCC.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé des procédures méthodologiques standards prévues par la Collaboration Cochrane.

Résultats principaux: 

Vingt-huit études (2 586 mains) ont été incluses. Vingt -trois études comparaient la LECC à la libération traditionnelle du canal carpien (COT), cinq études comparaient la LECC avec la COT pratiquant une incision modifiée et deux études utilisaient un plan d'étude à trois groupes pour comparer la LECC, la COT traditionnelle et la COT modifiée.

Lors du suivi à court terme (trois mois ou moins), une seule étude fournissait des données pour l'amélioration générale. Nous n'avons trouvé aucune différence sur l'échelle évaluant la gravité des symptômes (SSS) (échelle de zéro à cinq) (cinq études, différence moyenne standardisée (DMS) -0,13, IC à 95 % -0,47 à 0,21) ou sur l'échelle évaluant les capacités fonctionnelles (FSS) (échelle de zéro à cinq) (cinq études, DMS de -0,23, IC à 95 % -0,60 à 0,14) dans les trois mois après l'opération entre la LECC et la COT. Les scores de douleur étaient favorables à la LECC par rapport à la COT conventionnelle (deux études, DMS de -0,41, IC à 95 % -0,65 à -0,18). Aucune différence n'a été trouvée entre la LECC et la COT (traditionnelle et modifiée) lorsque la douleur était évaluée sur les échelles dichotomiques non-continues (cinq études, RR de 0,69, IC à 95 % 0,33 à 1,45). De plus, aucune différence n'était observée concernant l'engourdissement (cinq études, RR 1,14 ; IC à 95 % 0,76 à 1,71). La force de préhension augmentait après la LECC par rapport à la COT (six études, DMS de 0,36, IC à 95 % 0,09 à 0,63). Cela correspond à une différence moyenne (DM) de 4 kg (IC à 95 % 1 à 6,9 kg) par rapport à la COT, ce qui n'est probablement pas cliniquement significatif.

À long terme (plus de trois mois après l'opération), il n'y avait aucune différence significative dans l'amélioration globale entre la LECC et la COT (quatre études, RR 1,04, IC à 95 % 0,95 à 1,14). SSS et FSS étaient également similaires dans les deux groupes de traitement (deux études, DM de 0,02, IC à 95 % -0,18 à 0,22 pour SSS et DM 0,01, IC à 95 % -0,14 à 0,16 pour FSS. Pour la douleur, la LECC et la COT ne différaient pas dans le long terme (six études, RR de 0,88, IC à 95 % 0,57 à 1,38), ni pour l'engourdissement (quatre études, RR 0,64, IC à 95 % 0,31 à 1,35). Les résultats d'examens pour la force de préhension favorisaient la LECC (deux études, DMS de 1,13, IC à 95 % 0,56 à 1,71), ce qui correspond à une DM de 11 kg (IC à 95 % 6,2 à 18,81). Les participants traités avec la LECC reprenaient le travail ou leurs activités quotidiennes huit jours plus tôt que les participants traités avec la COT (quatre études, DM -8,10 jours, IC à 95 % -14,28 à -1,92 jours).

Les deux traitements étaient pareillement sûrs, avec seulement quelques rapports de complications majeures (principalement atteints de syndrome douloureux régional complexe) (15 études, RR 1,00, IC à 95 % 0,38 à 2,64).

La LECC a entraîné un taux significativement plus faible de complications mineures (18 études, RR 0,55, IC à 95 % 0,38 à 0,81), ce qui correspond à une baisse relative de 45 % de la probabilité de complications (IC à 95 % de 62 % à 19 %). Plus fréquemment, La LECC entraînait des problèmes nerveux transitoires (c'est-à-dire, une neuropraxie, un engourdissement et une paresthésie), tandis que la COT impliquait davantage de complications au niveau de la plaie (c'est-à-dire, une infection, une cicatrice hypertrophique et une sensibilité de la cicatrice). La LECC était plus sûre que la COT lorsque le nombre total de complications était évalué (20 études, RR 0,60, IC à 95 % 0,40 à 90), ce qui représente une baisse relative de la probabilité de 40 % (IC à 95 % de 60 % à 10 %).

Les taux de récidive des symptômes et la nécessité d'une intervention chirurgicale répétée étaient comparables entre les groupes de la LECC et de la COT.

Le risque de biais global dans les études qui fournissaient des données pour ces résultats est relativement élevé; moins de 25 % des études incluses présentaient une assignation secrète adéquate, une génération de séquence d'assignation ou une mise en aveugle de l'évaluateur de résultats.

La qualité des preuves dans cette revue peut être considérée comme généralement faible. Cinq de ces études ont été présentées uniquement sous forme de résumés, avec des informations insuffisantes pour juger leur risque de biais. En ce qui concerne les biais de sélection et d'attrition ou d'autres biais (différences de base et conflits d'intérêts financiers), nous ne sommes pas parvenus à un jugement sûr concernant un risque élevé ou faible. La mise en aveugle des participants n'était pas possible en raison de la nature des interventions.

Nous avons identifié trois autres études potentiellement éligibles lors de la mise à jour des recherches, juste avant la publication. Ces essais comparaient une LECC avec une COT (deux études) ou mini libération ouverte du canal carpien (une étude) et devront être pleinement évalués lorsque nous mettrons la revue à jour.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.