Traitements pour le lichen plan érosif affectant les muqueuses

Le lichen plan érosif (LPE) est une affection de la bouche, de l'œsophage (gorge comprise) et de la région ano-génitale. Il est causé par la suractivation du système immunitaire. Il est souvent plus douloureux et invalidant que les formes non-érosives de lichen plan. Selon la région affectée, les personnes touchées peuvent éprouver des douleurs et avoir des difficultés pour manger, uriner ou avoir des rapports sexuels. Le traitement est difficile et vise à contrôler les symptômes plutôt qu'à guérir. Plusieurs crèmes et comprimés sont utilisés, avec des résultats variables.

Cette revue a examiné l'efficacité des traitements du LPE. Quinze études ont été incluses dans cette revue, soit un total de 473 participants atteints de LPE. Toutes portaient sur la forme orale, et non génitale, de la maladie. De nombreuses études ont été exclues, soit parce qu'il ne s'agissait pas d'essais contrôlés randomisés (dans lesquels les participants sont divisés en deux groupes de manière aléatoire), soit parce qu'elles avaient recruté des participants atteints de toutes formes de lichen plan et ne s'étaient pas limitées aux sous-types érosifs. Toutes ces études portaient sur un petit nombre de cas (entre 12 et 94) et utilisaient une variété de méthodes d'évaluation et de calendriers différents ; il ne fut donc pas possible de combiner ou de comparer directement les résultats des études.

Nous n'avons trouvé que de faibles preuves de l'efficacité des différents traitements du LPE buccal. Aucune des études ne s'est intéressée aux formes génitale ou œsophagienne de la maladie et aucun constat n'a donc pu être établi concernant le traitement de ces affections. Une petite étude a constaté que le propionate de clobétasol à 0,025 % (un stéroïde topique très puissant) administré par vaporisation réduisait significativement mieux la douleur qu'en pommade. Dans une autre étude, une différence significative au niveau de la douleur avait été observée dans le petit sous-groupe de 11 participants atteints de LPE, donnant un avantage à la solution de ciclosporine par rapport à l'acétonide de triamcinolone 0,1 % dans de l'Orabase (un stéroïde topique puissant). Dans une étude impliquant 45 participants atteints de LPE, le gel d'aloe vera était six fois plus susceptible d'aboutir à un allégement d'au moins 50 % des symptômes de douleur, en comparaison avec le placebo.

Plusieurs effets secondaires ont été signalés, mais aucun n'était grave. Avec les corticostéroïdes topiques, les principaux effets secondaires étaient l'infection par candidose buccale et des douleurs ou une gène dans le haut de l'abdomen. Des brûlures passagères ont été fréquemment signalées lors de l'utilisation d'une pommade de tacrolimus à 0,1 % et d'une crème de pimecrolimus à 0,1 %.

Dans l'ensemble, il n'y avait pas de preuves irréfutables de l'efficacité d'un quelconque des traitements généralement utilisés comme traitement de première intention pour le LPE, stéroïdes topiques compris. Cela était principalement dû à l'absence d'essais de bonne qualité et bien menés, ainsi qu'aux petits effectifs de participants.

Conclusions des auteurs: 

Cette revue suggère qu'il n'y a que de faibles preuves de l'efficacité des différents traitements du LPE buccal, alors qu'aucune preuve n'a été trouvée concernant le LPE génital. Des ECR supplémentaires à plus grande échelle sont nécessaires dans les populations de personnes atteintes de LPE buccal et génital. Nous suggérons que les études futures adoptent des mesures de résultat standardisées qui soient de réelle importance clinique pour les personnes touchées. Nous recommandons la mesure d'un score de gravité clinique et d'un score de symptômes établi par le participant, au moyen d'outils de notation de la gravité approuvés et validés. Nous recommandons également le développement d'un outil combiné et validé de notation de la gravité qui puisse être utilisé tant pour les cas buccaux que génitaux.

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Contexte: 

Le lichen plan érosif (LPE) affectant les muqueuses est une maladie auto-immune chronique d'étiologie inconnue. Il est souvent plus douloureux et invalidant que les formes non-érosives de lichen plan. Le traitement est difficile et à visée palliative plutôt que curative. Plusieurs agents topiques et systémiques sont utilisés, avec des résultats variables.

Objectifs: 

Évaluer les effets de traitements du lichen plan érosif affectant les régions buccale, ano-génitale et œsophagienne.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons cherché dans les bases de données suivantes jusqu'à septembre 2009 : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la peau, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans The Cochrane Library, MEDLINE (à partir de 2005), EMBASE (à partir de 2007) et LILACS (à partir de 1982). Nous avons également passé en revue des bibliographies d'articles, ainsi que des registres d'essais en ligne dans le but de trouver des essais en cours.

Critères de sélection: 

Nous avons pris en considération tout essai contrôlé randomisé (ECR) ayant évalué l'efficacité d'une quelconque intervention topique ou systémique pour le LPE affectant soit la bouche, soit la région génitale, soit les deux zones, chez des participants de tout âge, sexe ou race.

Recueil et analyse des données: 

Les principaux critères de résultat étaient les suivants :

(a) La diminution de la douleur, exprimée par les participants sur une échelle visuelle analogique ;
(b) L'évaluation globale du médecin ; et
(c) L'auto-évaluation globale effectuée par le participant.

À la fin du traitement, les variations des scores par rapport aux valeurs initiales ont été analysées.

Résultats principaux: 

Quinze ECR en tout ont été identifiés, soit un total de 473 participants atteints de LPE. Les études portaient toutes exclusivement sur le LPE buccal. Six des 15 études incluaient des participants atteints de lichen plan non érosif. Pour ces études, seul le sous-groupe érosif a été inclus dans l'analyse par sous-groupe prévue. Nous n'avons pas pu regrouper de données provenant d'aucune des neuf études portant exclusivement sur des personnes atteintes de LPE ou des six études incluant un sous-groupe de LPE, en raison des petits effectifs et de l'hétérogénéité des interventions, méthodes de conception et critères de résultat mesurés. Une petite étude portant sur 50 participants a constaté que le propionate de clobétasol à 0,025 % administré sous forme de microsphères liquides réduisait significativement la douleur en comparaison avec la pommade (différence moyenne (DM) -18,30 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % -28,57 à -8,03), mais les données des résultats n'étaient disponibles que pour 45 participants. Cependant, dans une autre étude, une différence significative au niveau de la douleur avait été observée dans le petit sous-groupe de 11 participants atteints de LPE, donnant un avantage à la solution de ciclosporine par rapport à l'acétonide de triamcinolone 0,1 % dans de l'Orabase (DM -1,40 ; IC à 95 % -1,86 à -0,94). Dans une étude impliquant 45 participants atteints de LPE, le gel d'aloe vera était six fois plus susceptible d'aboutir à un allégement d'au moins 50 % des symptômes de douleur, en comparaison avec le placebo (Rapport de risque (RR ) 6,16 ; IC à 95 % 2,35 à 16,13). Dans une étude portant sur 20 participants atteints de LPE, la crème de pimecrolimus à 1% était 7 fois plus susceptible d'aboutir à une forte amélioration, selon le critère d'évaluation globale du médecin, que la crème excipient (RR 7,00, IC à 95 % de 1,04 à 46,95).

Il n'y a pas de preuves irréfutables de l'efficacité d'un quelconque des traitements généralement utilisés comme traitement de première intention pour le LPE, stéroïdes topiques compris. Plusieurs effets secondaires ont été signalés, mais aucun n'était grave. Avec les corticostéroïdes topiques, les principaux effets secondaires étaient la candidose buccale et la dyspepsie.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.