La quétiapine versus les médicaments antipsychotiques typiques pour la schizophrénie

Les médicaments antipsychotiques constituent le principal traitement de la schizophrénie, agissant à la fois sur les symptômes positifs (comme entendre des voix, voir des choses et croire des choses étranges) et sur les symptômes négatifs (notamment l'apathie, la fatigue et la perte d'émotion) de cette maladie. Le choix du médicament antipsychotique le plus efficace pouvant être toléré par la personne souffrant de schizophrénie est crucial pour la réussite du traitement. Les médicaments les plus anciens (également appelés antipsychotiques typiques ou de première génération), tels que la chlorpromazine et l'halopéridol, sont utilisés depuis 50 ans dans le traitement de la schizophrénie. Bien que ces médicaments anciens soient efficaces pour traiter les symptômes positifs de la schizophrénie, ils ont tendance à provoquer des effets secondaires indésirables. Ces effets secondaires peuvent faire que les personnes ne tolèrent pas ou n'aiment pas prendre ces médicaments, ce qui peut conduire à la rechute et à l'hospitalisation. Depuis 1988, on dispose d'une nouvelle génération de médicaments antipsychotiques. Ces nouveaux médicaments (appelés antipsychotiques atypiques ou de deuxième génération) sont efficaces pour traiter les symptômes de la schizophrénie mais considérés avoir moins d'effets secondaires que les médicaments plus anciens. Cependant, bien que les nouveaux médicaments provoquent moins d'effets secondaires (moins de troubles du mouvement par exemple), on les a associés à d'autres effets secondaires tels que des problèmes cardiaques ou de prise de poids. La quétiapine est un nouveau médicament antipsychotique pour la schizophrénie qui est disponible depuis plus d'une décennie. Il n'est cependant pas clair en quoi la quétiapine diffère dans ses effets des antipsychotiques plus anciens. Cette revue a évalué l'efficacité et la tolérabilité de la quétiapine en comparaison avec les anciens antipsychotiques. La revue a inclus 43 essais totalisant 7217 personnes. La plupart des études provenaient de Chine. Pour l'essentiel, la quétiapine ne différait pas des anciens médicaments pour ce qui est du traitement des symptômes positifs de la maladie mentale. Il n'y avait pas non plus de différences claires pour ce qui est du traitement des symptômes négatifs. Cependant, il est important de noter que les résultats de ces essais suggèrent que la quétiapine provoque moins d'effets secondaires (tels que gain de poids, vertiges, troubles du mouvement, incapacité à rester assis, tremblements, trépidation et niveaux anormaux de l'hormone prolactine, qui peuvent contribuer à des problèmes de santé sexuelle et mentale). Toutefois, les données fournies par les essais sont limitées en raison du nombre élevé de personnes ayant abandonné avant terme dans presque toutes les études. On a besoin d'études bien conçues comparant la quétiapine à des médicaments antipsychotiques plus anciens, afin d'obtenir des données supplémentaires

Ce résumé en langage simplifié a été rédigé par un consommateur, Benjamin Gray, Bénéficiaire du service : RETHINK.

Conclusions des auteurs: 

La quétiapine ne semble pas différer des antipsychotiques typiques pour le traitement des symptômes positifs et la psychopathologie générale. Il n'y a pas de nettes différences pour ce qui est du traitement des symptômes négatifs. Elle provoque cependant moins d'effets indésirables en termes d'ECG anormal, d'effets extrapyramidaux, de taux de prolactine anormaux et de prise de poids.

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Contexte: 

La quétiapine est un antipsychotique atypique largement utilisé pour la schizophrénie et qui est sur le marché depuis plus d'une décennie. Il n'est cependant pas clair en quoi les effets de la quétiapine diffèrent de ceux des antipsychotiques typiques.

Objectifs: 

Comparer les effets de la quétiapine et des antipsychotiques typiques dans le traitement de la schizophrénie et de la psychose de type schizophrénique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la schizophrénie (mars 2010) et nous avons examiné les références bibliographiques de toutes les études identifiées.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tout essai contrôlé randomisé comparant la quétiapine orale à des médicaments antipsychotiques typiques chez des personnes atteintes de schizophrénie ou de psychose de type schizophrénique.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons extrait les données de manière indépendante. Pour les données dichotomiques, nous avons calculé le risque relatif (RR) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % à l'aide d'un modèle à effets aléatoires. Nous avons présenté des critères de résultat choisis dans une table « Résumé des conclusions » et, le cas échéant, les risques comparatifs. Pour les variables continues, nous avons calculé la différence moyenne (DM), sur la base d'un modèle à effets aléatoires. Nous avons évalué le risque de biais des études incluses.

Résultats principaux: 

Cette revue inclut 43 essais contrôlés randomisés (ECR) totalisant 7217 participants. La plupart des études provenaient de Chine. Les pourcentages de participants ayant abandonné les études avant terme étaient similaires (36,5 % dans le groupe de la quétiapine et 36,9 % dans celui des antipsychotiques typiques) et aucune différence significative n'est apparue entre les groupes concernant l'abandon avant terme pour une raison spécifique quelconque (23 ECR, n = 3576 ; RR 0,91 [IC 0,81 à 1,01] ; données de qualité moyenne). Toutefois, moins de participants dans le groupe à quétiapine avaient abandonné les études avant terme pour cause d'événements indésirables (15 ECR, n = 3010 ; RR 0,48 [IC 0,30 à 0,77]).

L'état global était dans l'ensemble similaire entre les groupes (pas de réponse cliniquement significative ; 16 ECR, n = 1607 ; RR 0,96 [IC 0,75 à 1,23] ; données de qualité modérée) et il n'y avait pas de différence significative quant aux symptômes positifs (sous-score positif PANSS: 22 ECR, n = 1934 ; DM 0,02 [IC -0,39 à 0,43] ; données de qualité modérée). La psychopathologie générale était équivoque (sous-score PANSS de psychopathologie générale : 18 ECR, n = 1569 ; DM -0,20 [IC -0,83 à 0,42]) entre ceux assignés à la quétiapine et ceux assignés aux antipsychotiques typiques. La quétiapine était cependant plus efficace de manière statistiquement significative pour les symptômes négatifs (sous-score PANSS négatif : 22 ECR, n = 1934 ; DM -0,82 [IC -1,59 à -0,04] ; données de qualité modérée), mais ce résultat était très hétérogène et causé par deux petites études aberrantes dans lesquelles les effets étaient de grande ampleur. Sans ces deux études, il n'y avait ni hétérogénéité ni différence statistiquement significative entre la quétiapine et les antipsychotiques typiques.

En comparaison avec les antipsychotiques typiques, la quétiapine semble causer moins d'effets indésirables (9 ECR, n = 1985 ; RR 0,76 [IC 0,64 à 0,90] ; nombre nécessaire à traiter pour nuire (NNN) 10 [IC 8 à 17]), moins d'ECG anormaux (2 ECR, n = 165 ; RR 0,38 [IC 0,16 à 0,92] ; NNN 8 [IC 4 à 55]), moins d'effets extrapyramidaux globaux (8 ECR, n = 1 095 ; RR 0,17 [IC 0,09 à 0,32] ; NNN 3 [IC 3 à 3], données de qualité modérée) et moins d'effets extrapyramidaux spécifiques, comme l'akathisie, le parkinsonisme, la dystonie et la trépidation. Il se pourrait en outre qu'elle cause à court terme un taux moins élevé de prolactine (4 ECR, n = 1034 ; DM -16,20 [IC -23,34 à -9,07] ; données de qualité modérée) et une moindre prise de poids que certains antipsychotiques typiques (9 ECR, n = 866 ; RR 0,52 [0,34 à 0,80] ; NNN 8 [IC 6 à 15]).

Il n'y avait toutefois pas de différence significative entre les deux groupes pour les tentatives de suicide, le suicide, le décès, l'allongement du QTc, l'hypotension artérielle, la tachycardie, la sédation, la gynécomastie, la galactorrhée, les irrégularités menstruelles et le nombre de globules blancs.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.