L'immunothérapie par voie sublinguale (comprimés, spray ou gouttes sous la langue) pour traiter l'inflammation de la conjonctive due à l'allergie

La conjonctivite est une inflammation de la conjonctive. La conjonctive est la mince « membrane » qui recouvre la partie blanche de l'œil et l'intérieur des paupières. La conjonctivite allergique est l'inflammation de la conjonctive due à l'allergie. La cause la plus fréquente est une allergie aux pollens pendant la saison du rhume des foins. Les symptômes incluent des rougeurs au niveau des yeux, des démangeaisons, des larmoiements plus importants et le gonflement de la conjonctive et des paupières. Si la conjonctivite allergique est combinée à une allergie nasale, l'affection s'appelle rhinoconjonctivite allergique. Quand les médicaments ne soulagent plus suffisamment, une autre option est l'immunothérapie, qui déclenche l'immunité contre l'allergène à l'origine de la réaction. L'immunothérapie peut être administrée sous la langue, par voie nasale ou par injection. Cette revue a inclus 42 essais totalisant 3 958 participants présentant une conjonctivite allergique ; 2 011 qui avaient suivi une immunothérapie par voie sublinguale et 1 947 qui avaient pris un placebo. Cette revue a constaté que l'immunothérapie par voie sublinguale (à savoir, administrée sous la langue) peut réduire les symptômes de la conjonctivite allergique.

Conclusions des auteurs: 

Dans l'ensemble, l'immunothérapie par voie sublinguale (ITSL) est modérément efficace pour réduire le score total des symptômes oculaires et le score des symptômes oculaires individuels chez les participants présentant une rhinoconjonctivite allergique (RCA) et une conjonctivite allergique (CA). Toutefois, des inquiétudes ont été soulevées quant à la qualité globale de la base des preuves, concernant notamment les descriptions inappropriées de l’assignation secrète dans certaines études, l'hétérogénéité statistique et la possibilité de biais de publication. Il est nécessaire de mener d'autres études de conception plus rigoureuse et à grande échelle pour évaluer l'efficacité à long terme après l'arrêt du traitement et établir le rapport coût-efficacité de l'immunothérapie par voie sublinguale (ITSL).

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Contexte: 

Les symptômes oculaires allergiques, bien que souvent banalisés, sont courants et représentent une comorbidité importante de la rhinite allergique. L'immunothérapie par voie sublinguale (ITSL) est un traitement efficace et bien toléré pour la rhinite allergique, mais ses effets sur les symptômes de l'allergie oculaire ne sont pas encore bien établis.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité de l'immunothérapie par voie sublinguale (ITSL) comparée à un placebo pour réduire les symptômes oculaires, les besoins en médicaments oculaires topiques et l'hypersensibilité immédiate à l'allergène de la conjonctive.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (qui contient le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur l'œil et la vision) (The Cochrane Library 2011, numéro 1), MEDLINE (de janvier 1950 à janvier 2011), EMBASE (de janvier 1980 à janvier 2011), Latin American and Caribbean Literature on Health Sciences (LILACS) (de janvier 1982 à janvier 2011), Web of Science (de janvier 1970 à janvier 2011), Biosis Previews, (de janvier 1979 à janvier 2011), le méta-registre des essais contrôlés (mREC) (www.controlled-trials.com) (janvier 2011), ClinicalTrials.gov (www.clinicaltrials.gov) (janvier 2011), le registre des essais cliniques australiens et néo-zélandais (ANZCTR) (www.actr.org.au) (juillet 2010), SCOPUS (novembre 2008) et le UK Clinical Trials Gateway (janvier 2010). Aucune restriction concernant la langue ou la date n'a été appliquée aux recherches électroniques d'essais. Les dernières recherches dans toutes les bases de données électroniques ont été effectuées le 19 janvier 2011, sauf pour SCOPUS, UK Clinical Trials Gateway et le registre ANZCTR.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés (ECR), en double aveugle et contrôlés par placebo, ayant évalué l'efficacité de l'immunothérapie par voie sublinguale (ITSL) chez des patients présentant des symptômes de rhinoconjonctivite allergique (RCA) ou de conjonctivite allergique (CA).

Recueil et analyse des données: 

Le critère de jugement principal était le score total des symptômes oculaires. Les critères secondaires incluaient le score des symptômes oculaires individuels (notamment les démangeaisons et les rougeurs au niveau des yeux, les larmoiements, les yeux gonflés), le score des médicaments oculaires (gouttes ophtalmiques) et l'hypersensibilité immédiate à l'allergène de la conjonctive (HSIAC). Les données ont été analysées et rapportées sous forme de différences moyennes standardisées (DMS) à l'aide du logiciel Review Manager.

Résultats principaux: 

Quarante-deux essais (n = 3 958 participants au total ; n = 2 011 sous immunothérapie par voie sublinguale (ITSL) et n = 1 947 sous placebo) comprenaient des données permettant d'évaluer l'efficacité de l'immunothérapie par voie sublinguale (ITSL) sur la conjonctivite allergique (CA) et ont été inclus dans les méta-analyses. L'hétérogénéité entre les études (statistique I2 ) était d'environ 50 % ou moins pour tous les critères. L'immunothérapie par voie sublinguale a induit une réduction significative des deux scores, le score total des symptômes oculaires (DMS -0,41 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % -0,53 à -0,28 ; P < 0,00001 ; I2 = 59 %) et le score des symptômes oculaires individuels pour les rougeurs au niveau des yeux (DMS -0,33 ; IC à 95 % -0,45 à -0,22 ; P < 0,00001 ; I2 = 27 %), les démangeaisons au niveau des yeux (DMS -0,31 ; IC à 95 % -0,42 à -0,20 ; P < 0,00001 ; I2 = 46 %) et les larmoiements des yeux (DMS -0,23 ; IC à 95 % -0,34 à -0,11 ; P < 0,0001 ; I2 = 42 %) comparativement au placebo. Les participants sous traitement actif ont présenté une augmentation de la dose seuil pour le test de provocation à l'allergène de la conjonctive (DMS 0,35 ; IC à 95 % 0,00 à 0,69 ; P = 0,05 ; I2 = 43 %). Aucune réduction significative n'a été observée au niveau de l'utilisation des gouttes ophtalmiques (DMS -0,10 ; IC à 95 % -0,22 à 0,03 ; P = 0,13 ; I2 = 34 %).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.