Les tocolytiques en cas de rupture prématurée des membranes avant terme

La rupture prématurée des membranes avant terme (RPMAT) représente un tiers des naissances prématurées. Les bébés nés avant 37 semaines risquent de souffrir de problèmes liés à la prématurité et pouvant même entrainer la mort. Des médicaments destinés à arrêter l'accouchement sont souvent administrés afin d'essayer d'éviter une naissance prématurée. On ne sait pas si ces médicaments doivent être utilisés chez les femmes présentant une RPMAT. Cette revue de huit études (impliquant 408 femmes) a constaté que ces médicaments n'ont aucun effet sur la mortalité périnatale mais qu'ils augmentent la latence et pourraient augmenter la morbidité maternelle (chorioamniotite par exemple) et néonatale (par ex. Apgar à cinq minutes inférieur à sept et besoin accru de ventilation du nouveau-né).

Conclusions des auteurs: 

Notre revue suggère qu'il n'y a pas assez d'éléments probants pour appuyer un traitement tocolytique chez les femmes présentant une RPMAT, puisqu'il y avait une augmentation des chorioamniotites maternelles sans bénéfices significatifs pour le nourrisson. Cependant, dans ces études, on n'avait pas systématiquement administré d'antibiotiques et de corticostéroïdes durant la période de latence, alors que ces substances sont aujourd'hui considérées comme la norme de soin.

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Contexte: 

Chez les femmes en travail avant terme, la tocolyse ne s'est pas avérée capable de diminuer la mortalité périnatale ; toutefois elle est souvent donnée pendant 48 heures pour permettre aux corticostéroïdes d'agir sur la maturation fœtale. Chez les femmes présentant une rupture prématurée des membranes avant terme (RPMAT), l'utilisation de la tocolyse est encore controversée. En théorie, la tocolyse peut prolonger la grossesse chez les femmes présentant une RPMAT, permettant ainsi l'action des corticostéroïdes et la réduction de la morbidité et de la mortalité associées à la prématurité.

Objectifs: 

Évaluer les avantages et les inconvénients potentiels de la tocolyse chez les femmes présentant une rupture prématurée des membranes avant terme.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la grossesse et l'accouchement (le 15 janvier 2014).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les femmes enceintes ayant une grossesse unique et présentant une RPMAT (de 23 semaines à 36 semaines et six jours). Nous avons inclus toute thérapie tocolytique comparée à l'absence de tocolyse, à un placebo ou à une autre thérapie tocolytique.

Recueil et analyse des données: 

Tous les auteurs de la revue ont évalué les études candidates à l'inclusion. Nous avons extrait les données et évalué leur qualité.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus huit études totalisant 408 femmes. Sept de ces études comparaient la tocolyse à l'absence de tocolyse. Une étude comparait la nifédipine à la terbutaline. Comparativement à l'absence de tocolyse, la tocolyse n'était pas associée à un effet significatif sur la mortalité périnatale chez les femmes présentant une RPMAT (risque relatif (RR) 1,67 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,85 à 3,29). La tocolyse était associée à un plus long temps de latence (différence moyenne (DM) 73,12 heures ; IC à 95 % 20,21 à 126,03 ; trois essais sur 198 femmes) et à moins de naissances dans les 48 heures (RR moyen 0,55 ; IC à 95 % 0,32 à 0,95 ; six essais sur 354 femmes ; effets aléatoires, Tau² = 0,18, I² = 43 %) par rapport à l'absence de tocolyse. Toutefois, la tocolyse a été associée à une plus grande occurrence d'Apgar à cinq minutes inférieur à sept (RR 6,05 ; IC à 95 % 1,65 à 22,23 ; deux essais sur 160 femmes) et à un besoin accru de ventilation du nouveau-né (RR 2,46 ; IC à 95 % 1,14 à 5,34 ; un essai sur 81 femmes). Dans l'analyse par sous-groupes comparant les bêtamimétiques à l'absence de bêtamimétiques, la tocolyse a été associée à une latence accrue et à une signifiance limite pour la chorioamniotite. La tocolyse prophylactique en cas de RPMAT a été associée à une augmentation de la latence globale, sans avantages supplémentaires au niveau de la mère ou du nouveau-né. Pour les femmes présentant une RPMAT avant 34 semaines, il y avait une augmentation significative du risque de chorioamniotite chez les femmes ayant fait l'objet d'une tocolyse. Les résultats néonataux ne furent toutefois pas significativement différents. Il n'y avait pas de différences significatives au niveau des résultats pour la mère et le nouveau-né dans les analyses par sous-groupes comparant un coxib avec l'absence de tocolyse, un inhibiteur des canaux calciques avec un bêtamimétique, un antibiotique, un corticostéroïde ou une combinaison antibiotique/corticostéroïde.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.