Interventions psychologiques pour le traitement de la maladie inflammatoire de l'intestin

Cette revue examine les effets des interventions psychologiques chez les patients atteints de maladies inflammatoires de l'intestin (maladie de Crohn et colite ulcéreuse) en termes de qualité de vie liée à la santé, d'état émotionnel et d'activité de la maladie. Au total, 21 études ont été incluses dans la revue, mais toutes n'apportaient pas de données suffisantes concernant les différentes questions étudiées. Toutes les études étaient de faible qualité méthodologique. La plupart des études examinaient des traitements combinés visant souvent à améliorer la gestion du stress. À titre d'exemple, un traitement pouvait inclure des séances visant à informer les patients, une formation à des techniques de relaxation et des séances de psychothérapie, telle qu'une thérapie de groupe. D'autres se limitaient à fournir des documents informatifs aux patients. Aucune des études incluses ne rapportait d'effets secondaires liés aux interventions psychologiques.

Chez les adultes, la psychothérapie n'était pas efficace à 6 et 12 mois pour tous les critères de jugement (qualité de vie, état émotionnel/dépression et récidive/activité de la maladie) sur la base de 3 études. Aucune différence n'était observée en fonction du type de maladie (maladie de Crohn versus colite ulcéreuse) ou de l'intensité du traitement. Chez les adolescents, un petit effet positif était observé pour tous les critères de jugement (qualité de vie, adaptation, dépression et anxiété), mais seuls des effets à court terme étaient rapportés chez ce groupe de patients. L'activité de la maladie et les taux de récidive n'étaient pas examinés chez les adolescents. Chez les adultes, les interventions éducatives étaient inefficaces pour améliorer la qualité de vie et l'évolution de la maladie pendant 1 an sur la base de 5 études.

À l'heure actuelle, une psychothérapie ne peut pas être systématiquement recommandée chez tous les patients atteints de MII. Nous partons du principe qu'une psychothérapie pourrait être bénéfique chez les adolescents et les patients présentant des besoins spéciaux (ex. : problèmes émotionnels). Des recherches supplémentaires sont nécessaires afin d'évaluer les effets de la psychothérapie en examinant spécifiquement la situation psychologique individuelle des patients atteints de MII.

Conclusions des auteurs: 

De manière générale, aucune preuve ne vient étayer l'efficacité de la psychothérapie chez les patients adultes atteints de MII. Chez les adolescents, les interventions psychologiques pourraient être bénéfiques mais les preuves sont limitées. Des preuves supplémentaires sont nécessaires afin d'évaluer l'efficacité de ces traitements chez des sous-groupes identifiés comme nécessitant des interventions psychologiques, et identifier le type de traitement le plus utile.

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Contexte: 

L'effet des interventions psychologiques dans les maladies inflammatoires de l'intestin (MII) est controversé.

Objectifs: 

Évaluer les effets des interventions psychologiques (psychothérapie, formation des patients, techniques de relaxation) sur la qualité de vie liée à la santé, l'adaptation, l'état émotionnel et l'activité de la maladie dans les MII.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les MII/TFI et CENTRAL (numéro 5, 2010), ainsi que les bases de données suivantes depuis leur création jusqu'en avril 2010 : Medline, Embase, LILACS, Psyndex, CINAHL, PsyInfo, CCMed, SOMED et Social SciSearch. Les abstract de congrès et les références bibliographiques ont également été examinés.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés, quasi-randomisés et non randomisés examinant des interventions psychologiques chez des enfants ou des adultes atteints de MII avec un suivi minimum de 2 mois.

Recueil et analyse des données: 

Les données ont été extraites et la qualité des études a été évaluée par deux évaluateurs de manière indépendante. Les différences moyennes pondérées (DMP) combinées et les intervalles de confiance (IC) à 95% ont été calculés à l'aide d'un modèle à effets aléatoires.

Résultats principaux: 

Vingt-et-une études étaient éligibles dans la revue (1 745 participants ; 19 études chez des adultes et 2 chez des adolescents). La plupart des études utilisaient des approches multimodulaires. Le risque de biais était élevé dans toutes les études. Chez les adultes, la psychothérapie n'avait aucun effet sur la qualité de vie à 12 mois environ (3 études, 235 patients, DMS de -0,07 ; IC à 95 %, entre -0,33 et 0,19), l'état émotionnel (dépression, 4 études, 266 patients, DMS de 0,03 ; IC à 95 %, entre -0,22 et 0,27) ou le nombre de patients sans rémission (5 études, 287 patients, rapport des cotes de 0,85 ; IC à 95 %, entre 0,48 et 1,48). Les résultats étaient similaires à 3 et 8 mois. Il n'existait aucune preuve d'hétérogénéité statistique ou d'effet de sous-groupe en fonction du type de maladie ou de l'intensité du traitement. Chez les adolescents, la psychothérapie était associée à des effets positifs à court terme sur la plupart des critères de jugement évalués, y compris la qualité de vie (2 études, 71 patients, DMS de 0,70 ; IC à 95 %, entre 0,21 et 1,18) et la dépression (1 étude, 41 patients, DMS de -0,62 ; IC à 95%, entre -1,25 et 0,01). Les interventions éducatives n'avait aucun effet sur la qualité de vie à 12 mois (5 études, 947 patients, DMS de 0,11 ; IC à 95 %, entre -0,02 et 0,24), la dépression (3 études, 378 patients, DMS de -0,08 ; IC à 95 %, entre -0,29 et 0,12) et le nombre de patients sans rémission (3 études, 434 patients, rapport des cotes de 1,00 ; IC à 95 %, entre 0,65 et 1,53). Aucun événement indésirable n'était rapporté dans les études incluses.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.