Médicaments pour la fatigue liée au cancer

La fatigue associée au cancer est un problème d'envergure. Elle peut être due aux effets secondaires du traitement ou à la maladie en elle-même. Elle peut avoir un impact significatif sur les capacités fonctionnelles du patient. Les causes de la fatigue ne sont pas entièrement connues et il est très difficile de la traiter de manière appropriée. Cette revue s'est attachée à examiner la pharmacothérapie pour le traitement de la fatigue en tant que solution potentielle à ce problème. Les auteurs de la revue ont étudié des essais portant sur tous types de cancers à toutes les étapes du traitement. Cinquante études étaient conformes aux critères d'inclusion mais seules 31 (7 104 participants) ont été considérées éligibles pour l'analyse détaillée car elles étudiaient la fatigue de manière suffisamment approfondie. Elles rapportaient des résultats contrastés ; certains médicaments avaient un effet sur la fatigue - en particulier les médicaments qui stimulent la production de globules rouges et ceux qui améliorent les niveaux de concentration. Le méthylphénidate, un stimulant qui améliore la concentration, est efficace pour gérer la fatigue liée au cancer mais, en raison des tailles d'échantillons réduites des études disponibles, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer son rôle. L'érythropoïétine et la darbépoétine, des médicaments qui améliorent l'anémie, sont efficaces pour gérer la fatigue liée au cancer. En raison de problèmes de sécurité et d'effets secondaires, ces médicaments ne peuvent cependant plus être recommandés pour le traitement de la fatigue liée au cancer.

Conclusions des auteurs: 

Les essais portant sur les psychostimulants apportent de plus en plus de preuves de leur efficacité pour améliorer la FLC à un niveau cliniquement significatif. Un ECR à grande échelle portant sur le méthylphénidate est cependant nécessaire pour confirmer les résultats préliminaires de cette revue. De nouvelles données en matière de sécurité indiquent que les facteurs de croissance hématopoïétique sont associés à davantage de résultats indésirables. Ces médicaments ne peuvent plus être recommandés pour le traitement de la FLC. Il est conseillé aux personnes ayant lu la première revue de relire le document dans son ensemble.

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Contexte: 

Cette revue est une mise à jour d'une revue précédemment publiée dans la base des revues systématiques Cochrane (Numéro 1, 2008). La fatigue liée au cancer (FLC), bien que courante, est souvent mal reconnue et difficile à traiter. Certaines études ont examiné les interventions médicamenteuses visant à améliorer la FLC mais les résultats se sont avérés contradictoires pour les différentes populations étudiées et les différentes mesures de résultats utilisées. Aucune revue précédente n'a étudié cette question de manière exhaustive ni n'a synthétisé toutes les données disponibles.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité des médicaments pour la gestion de la FLC.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre Cochrane central des essais contrôlés (à partir du Numéro 2, 2007), MEDLINE et EMBASE de janvier 2007 à octobre 2009, ainsi qu'une sélection de revues sur le cancer. Nous avons consulté les références des articles identifiés et contacté les auteurs pour obtenir les données non rapportées.

Critères de sélection: 

Pour être incluses dans cette revue, les études devaient 1) évaluer une pharmacothérapie pour la gestion de la FLC par rapport à un placebo, à des soins habituels ou à une intervention non pharmacologique dans le cadre 2) d'essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur 3) des patients adultes pour lesquels un diagnostic clinique de cancer avait été établi.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de revue ont évalué la qualité des essais et extrait les données de manière indépendante. Des méta-analyses ont été effectuées sur différentes catégories de médicaments à l'aide de données variables continues.

Résultats principaux: 

Cinquante études étaient conformes aux critères d'inclusion. Six études supplémentaires ont été identifiées depuis la revue originale. Seules 31 de ces études (portant sur 7 104 participants) utilisaient une mesure de la fatigue suffisamment robuste pour faire l'objet d'une analyse détaillée. Les médicaments étaient toujours analysés par catégorie (psychostimulants ; facteurs de croissance hématopoïétique ; antidépresseurs et stéroïdes progestatifs). Le méthylphénidate permettait une légère amélioration significative de la fatigue par rapport au placebo (Z = 2,83 ; P = 0,005). Depuis la publication de la revue originale, de nouvelles préoccupations ont été exprimées concernant la sécurité de l'érythropoïétine, qui ne peut plus être recommandée dans la pratique. Les essais présentaient un niveau d'hétérogénéité statistique et clinique élevé dont les raisons sont discutées ici.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.