Lévodopa pour le traitement du syndrome des jambes sans repos

Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un trouble neurologique courant qui se caractérise par une nécessité nocturne de bouger les jambes, généralement associée à des sensations désagréables dans les membres inférieurs. Les symptômes se manifestent principalement pendant le repos, le soir et la nuit. Ce sont les troubles du sommeil qui poussent souvent les patients à consulter un médecin. Ce trouble est généralement considéré comme une affection chronique. La lévodopa est recommandée dans le traitement du SJSR.

Neuf essais comparant de la lévodopa à un placebo ou à d'autres traitements actifs dans le SJSR pendant une à huit semaines ont été inclus dans la méta-analyse. Les patients présentaient un SJSR modéré à sévère et recevaient des doses allant de 100 mg de lévodopa/25 mg de dopa-décarboxylase à 400 mg de lévodopa/100 mg de dopa-décarboxylase. Ces études avaient été réalisées dans des pays d'Europe et d'Amérique du Nord.

La lévodopa réduisait davantage la gravité des symptômes que le placebo. Les cliniciens indiquaient également que les symptômes de SJSR s'amélioraient davantage sous lévodopa que sous placebo. Les mouvements périodiques des membres pendant le sommeil, surveillés par polysomnographie, diminuaient davantage sous lévodopa que sous placebo ; néanmoins, le temps de sommeil total n'était pas affecté. La qualité du sommeil et la qualité de vie évaluées par le patient présentaient une amélioration notable. Seul un très petit nombre de patients arrêtaient le traitement pour cause d'événements indésirables, mais davantage de patients sous lévodopa rapportaient des événements indésirables par rapport au placebo. Les preuves issues de trois essais contrôlés par traitement actif, comparant de la lévodopa à de la cabergoline, du pergolide et du pramipexole, étaient favorables aux agonistes de la dopamine en termes de réduction de la gravité du SJSR (questionnaire IRLS), d'amélioration des symptômes (ICG) et de qualité de vie. Les résultats pour les cinq autres critères de jugement n'étaient favorables à aucun traitement par rapport à un autre. Néanmoins, compte tenu des larges intervalles de confiance dans ces quelques essais, la supériorité d'un agent spécifique ne peut pas être exclue.

Un événement indésirable grave se développant au cours d'un traitement dopaminergique de longue durée, connu sous le nom d'augmentation, se caractérise par un début plus précoce des symptômes pendant la journée, une apparition plus rapide des symptômes au repos, une propagation des symptômes aux membres supérieurs et au tronc, et une réduction de la durée de l'effet thérapeutique. L'augmentation n'était pas évaluée de manière systématique dans la plupart des études cliniques. Les futurs essais devront examiner un traitement de plus longue durée et le comparer à d'autres options thérapeutiques afin d'évaluer l'incidence de l'augmentation et l'efficacité de la lévodopa dans le SJSR.

Conclusions des auteurs: 

La lévodopa est efficace dans le traitement à court terme du SJSR. L'augmentation, l'événement indésirable le plus important d'un point de vue clinique, n'était pas évaluée de manière suffisamment approfondie.

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Contexte: 

Une combinaison de lévodopa et d'un inhibiteur de la dopa-décarboxylase est couramment utilisée dans le traitement du syndrome des jambes sans repos (SJSR).

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité de la lévodopa dans le SJSR par rapport à un placebo et à d'autres agents actifs.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté CENTRAL (Bibliothèque Cochrane, 2008, numéro 4), MEDLINE, EMBASE, PsycINFO et CINAHL de janvier 1985 à décembre 2008, examiné les références bibliographiques des articles et contacté des sociétés pharmaceutiques.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) en double aveugle comparant de la lévodopa à un placebo ou un autre traitement pendant au moins sept jours chez des patients atteints de SJSR (âgés de ≥ 18 ans). Les critères de jugement comprenaient la gravité des symptômes, l'échelle CGI-I (impression clinique globale de l'amélioration de la maladie), les paramètres du sommeil objectifs et évalués par l'intéressé, la qualité de vie et les paramètres de sécurité.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont extrait les données, évalué le risque de biais et contacté des sociétés pharmaceutiques et les auteurs afin d'obtenir des informations supplémentaires. Nous avons recueilli les données concernant les sorties d'étude pour cause d'événements indésirables et les patients ayant présenté des événements indésirables.

Résultats principaux: 

Six ECR contrôlés par placebo et trois ECR contrôlés par traitement actif ont été inclus (521 participants). La gravité des symptômes (échelle d'évaluation en 11 points, 0 point indiquant une absence de symptômes, et 10 points indiquant une gravité maximale des symptômes) diminuait davantage sous lévodopa que sous placebo dans deux études (différence moyenne (DM) de -1,34, intervalle de confiance (IC) à 95 %, entre -2,18 et -0,5, P = 0,002). Les mouvements périodiques des jambes pendant le sommeil par heure de sommeil (index PLMS ; PLMSI) présentaient une amélioration de -26,28/h par rapport au placebo (IC à 95 %, entre -30,53 et -22,02, P < 0,00001). Le score CGI-I présentait une variation plus importante sous lévodopa que sous placebo dans deux études (DM de -1,25, IC à 95 %, entre -1,89 et -0,62, P = 0,0001). Deux études rapportaient que la qualité du sommeil (questionnaire sur le sommeil, échelle visuelle analogue) était associée à un effet important (différence moyenne standardisée (DMS) de 0,92, IC à 95 %, entre 0,52 et 1,33, P < 0,00001), tandis que la qualité de vie (échelles visuelles analogues de 50 mm) s'améliorait de 3,23 par rapport au placebo (IC à 95 %, entre 1,64 et 4,82, P < 0,0001). Peu de patients abandonnaient le traitement de manière prématurée (3 patients sur 218), mais davantage de patients recevant de la lévodopa présentaient des événements indésirables par rapport au placebo (rapport des cotes de 2,61, IC à 95 %, entre 1,35 et 5,04, P = 0,004). Deux études contrôlées par agonistes de la dopamine rapportaient que les effets de la lévodopa étaient inférieurs à ceux de la cabergoline et du pramipexole en termes de score IRLS (DM de 5,25, IC à 95 %, entre 2,10 et 8,40, P = 0,001), de score CGI-I (DM de 0,62, IC à 95 %, entre 0,37 et 0,87, P < 0,00001) et de qualité de vie (DM de 5,54, IC à 95 %, entre 2,65 et 8,43, P = 0,0002).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.