L'interféron alpha pour le traitement d’entretien du lymphome folliculaire non-hodgkinien

L'objectif de cette revue systématique est de rendre compte des éventuels effets bénéfiques (à savoir la prolongation de la survie) ainsi que des inconvénients (événements indésirables) du traitement par l'interféron alpha, administré en monothérapie ou en association à d'autres schémas thérapeutiques éprouvés (désignés par chimiothérapie) chez des patients atteints de lymphome folliculaire non-hodgkinien. Les interférons sont des protéines sécrétées par les cellules des vertébrés qui exercent plusieurs fonctions biologiques différentes. Ils confèrent la résistance contre de nombreux virus différents, inhibent la prolifération des cellules normales et malignes, augmentent l'activité des cellules tueuses naturelles et présentent plusieurs autres fonctions immunomodulatrices. Les interférons, des types alpha-2a ou alpha-2b, sont généralement administrés en association à d'autres médicaments pour traiter toute une variété de maladies infectieuses et néoplasiques. Les résultats indiquaient un bénéfice significatif quant à la survie sans progression chez les patients traités par l'interféron alpha en monothérapie ou en association à la chimiothérapie par rapport aux traitements comparatifs. Il y avait, toutefois, moins de preuves indiquant que l'interféron alpha avait démontré un effet bénéfique sur la survie globale. En outre, la présence d'évènements indésirables significatifs liés aux médicaments suggérait qu'une analyse minutieuse des risques et des effets bénéfiques doit être réalisée lorsqu'il s'agit de prendre une décision clinique spécifique au sujet de ce traitement.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves indiquant que l'ajout de l'IFN comme traitement d’entretien du lymphome folliculaire améliore la survie sans progression. Un bénéfice net pour la survie globale est moins évident. Dans les études incluses, l'IFN était associé à des toxicités significatives susceptibles d'avoir d'importantes répercussions sur la qualité de vie du patient.

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Contexte: 

Le lymphome non-hodgkinien indolent, en particulier le lymphome folliculaire (LF), est caractérisé par de multiples rémissions et rechutes. Plusieurs études ont utilisé l'interféron alpha (IFN) pour lutter contre cette maladie, aussi bien comme traitement d'induction que comme traitement d’entretien. On ignore encore si l'IFN peut être associé à un effet bénéfique sur la survie même s'il est susceptible de prolonger la survie sans progression.

Objectifs: 

Déterminer les effets de l'IFN dans le traitement d’entretien du lymphome folliculaire (LF).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library, numéro 4, 2008), les bases de données MEDLINE (de 1966 à 2008) et DARE (de 1990 à 2008), SCOPUS (recherche datant de décembre 2008) et Current Contents (de 1975 à 2008). .

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés comparant l'IFN à l'absence d'intervention ou un placebo, ou l'IFN plus une chimiothérapie à une chimiothérapie seule, dans un contexte de traitement d'entretien chez des patients atteints de lymphome folliculaire (LF) non-hodgkinien. Les critères de jugement principaux étaient la survie globale et la survie sans progression.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de revue ont évalué la qualité des essais et extrait les données de manière indépendante. Nous avons contacté les auteurs des études afin d'obtenir des informations complémentaires. Dans les essais, nous avons recueilli des informations sur les événements indésirables.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus huit essais (1 563 patients). Le médicament était l'IFN alpha-2b dans six essais et alpha-2a dans les deux autres. Les essais étaient hétérogènes en termes de diagnostic de lymphome folliculaire et ont utilisé plusieurs systèmes de classification. L'IFN avait été comparé à un placebo/l'absence d'intervention dans cinq essais et à une autre chimiothérapie dans les trois autres. L'effet de l'IFN était similaire à celui du placebo sur la survie globale (hazard ratio (HR) 0,90, IC à 95 % 0,61 à 1,34) tandis que l'IFN était plus efficace lorsqu'il avait été ajouté à la chimiothérapie (HR 0,68, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,52 à 0,90). Considérant l'IFN par rapport à tous les comparatifs, l'IFN était efficace pour prolonger la survie sans progression (HR 0,66, IC à 95 % 0,57 à 0,77) et la survie globale (effets fixes HR 0,79, IC à 95 % 0,67 à 0,94, I2 = 52 %). Après ajustement pour tenir compte de l'hétérogénéité, cette signification statistique avait disparu (effets aléatoires HR 0,82, IC à 95 % 0,63 à 1,08). La toxicité et les patients perdus de vue étaient significativement supérieurs dans les groupes sous IFN.

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