Techniques de préparation du sperme pour l’insémination intra-utérine

Problématique de la revue

Les auteurs de Cochrane ont passé en revue les données probantes sur l'efficacité de trois techniques différentes de préparation du sperme (gradient de densité, «swim-up» et lavage) sur les résultats cliniques après insémination intra-utérine (en anglais : intrauterine insemination, IUI).

Contexte

Les techniques de préparation du sperme sont utilisées en reproduction assistée pour séparer les spermatozoïdes ayant un aspect normal et se déplaçant spontanément de la partie liquide du sperme, dans laquelle ils sont en suspension. L'efficacité des techniques spécifiques de préparation du sperme pour augmenter les taux de grossesse chez les couples hypofertiles subissant une IUI est inconnue.

Caractéristiques des études

Nous avons trouvé six essais contrôlés randomisés comparant un gradient, une technique de «swim-up» ou une technique de lavage, portant sur un total de 485 couples ayant recours à une IUI. Les données sont à jour jusqu'en mars 2019.

Principaux résultats

Nous ne savons pas s'il existe une différence dans les taux de grossesse entre les trois techniques de préparation du sperme pour les couples hypofertiles subissant une IUI. Aucune étude n'a rapporté de résultats sur les taux de naissances vivantes.

Technique de «swim-up» par rapport à la technique du gradient

Compte tenu de la qualité des données probantes (très faible), l’existence d’une différence des taux de grossesse clinique (en anglais : clinical pregnancy rates, CPR), pour la technique de «swim-up» par rapport à la technique du gradient, reste incertaine. Les résultats suggèrent que si l’on suppose que la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique du gradient est de 24 %, la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique du «swim-up» se situe entre 14 et 30 %. Nous ne savons pas s'il existait une différence entre les taux de grossesse par couple, les taux de grossesses multiples (en anglais : multiple pregnancy rates, MPR) par couple ou les taux de fausses couches (en anglais : miscarriage rates, MR) par couple lorsque la technique de «swim-up» était comparée à la technique du gradient. La qualité des données probantes à l'appui de ces résultats était très faible. Aucune étude n'a rapporté de données quant aux grossesses extra-utérines, anomalies fœtales ou taux d'infection.

Technique du «swim-up» par rapport à la technique de lavage

Compte tenu de la qualité des données probantes (très faible), l’existence d’une différence entre les taux de grossesses cliniques après une technique de «swim-up» et après une technique de lavage et de centrifugation reste incertaine. Les résultats suggèrent que si l’on suppose que la probabilité d’une grossesse après l'utilisation d'une technique de lavage est de 38 %, la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique de «swim-up» se situe entre 9 % et 41 %. Compte tenu de la très faible qualité des données probantes, nous ne savons pas s'il existait une différence dans les taux de grossesses multiples entre la technique de «swim-up» et la technique de lavage. Une seule étude a rapporté le taux de fausses couches : aucune fausse couche n'a été rapportée dans les deux groupes de traitement. Aucune étude n'a rapporté de résultats sur le taux de grossesses en cours, le taux de grossesses extra-utérines, le taux d’anomalies fœtales ou le taux d'infection.

Technique du gradient par rapport à la technique de lavage

Compte tenu de la qualité des données probantes (très faible), l’existence d’une différence dans les taux de grossesses cliniques après un gradient par rapport à la technique de lavage et de centrifugation reste incertaine. Les résultats suggèrent que si l’on suppose que la probabilité de grossesse après l'utilisation d'une technique de lavage est de 13 %, la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique du gradient se situe entre 8 et 46 %. Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence entre les taux de grossesses multiples par couple selon les groupes de traitement reste incertaine. Compte tenu de la qualité des données probantes, nous ne savons pas non plus s'il existait une différence entre les taux de fausses couches par couple selon les groupes de traitement. Aucune étude n'a rapporté de résultats sur le taux de grossesses en cours, le taux de grossesses extra-utérines, le taux d’anomalies fœtales ou le taux d'infection.

Qualité des données probantes

La qualité des preuves était très faible. Les principales limites étaient le risque (uncertain) de biais, les signes d'imprécision (petit nombre d'études/participants inclus) et l’irrégularité des résultats entre les études.

Conclusions des auteurs: 

La très faible qualité des données probantes disponibles ne nous permet pas d'être certains de l'efficacité relative des différentes techniques de préparation du sperme : «swim-up», gradient et lavage et centrifugation. Aucune étude n'a rapporté de résultats sur les taux de naissances vivantes. Nous ne savons pas s'il existe une différence entre les trois techniques de préparation du sperme en ce qui concerne les taux de grossesses cliniques, les taux de grossesses en cours, les taux de grossesses multiples ou les taux de fausses couches par couple. D'autres essais randomisés qui rapportent des données sur les naissances vivantes sont nécessaires.

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Contexte: 

Des techniques de préparation du sperme pour la reproduction assistée, y compris l'insémination intra-utérine (IUI), ont été développées pour sélectionner des spermatozoïdes mobiles morphologiquement normaux. Le rendement de nombreux spermatozoïdes mobiles et morphologiquement normaux pourrait influencer les choix de traitement et donc les résultats.

Objectifs: 

Comparer l'efficacité de trois techniques de préparation du sperme différentes (gradient ; «swim-up» ; lavage et centrifugation) sur des critères de jugement cliniques (taux de naissances vivantes ; taux de grossesses cliniques) chez les couples hypofertiles subissant une IUI.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du Cochrane Gynaecology and Fertility Group (Cochrane Gynaecology and Fertility Group, CGFG), CENTRAL, MEDLINE, Embase, Science Direct Database, National Research Register, Biological Abstracts et dans des registres d’essais cliniques en mars 2019, ainsi que vérifié les références et contacté les auteurs des études pour trouver des études supplémentaires.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant l'efficacité, en termes de résultats cliniques, des techniques de préparation du sperme utilisées chez des couples hypofertiles subissant une IUI.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard recommandées par Cochrane. Les critères de jugement principaux de la revue sont le taux de naissances vivantes et le taux de grossesses cliniques par couple.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus sept ECRs dans la revue ; dont six, pour un total de 485 couples, ont été inclus dans la méta-analyse. Aucun essai n’a rapporté de résultats le critère de jugement principal des naissances vivantes. Les preuves étaient de très faible qualité. Les principales limites étaient le risque (uncertain) de biais, les signes d'imprécision et d’irrégularité des résultats entre les études et le petit nombre d'études/participants inclus.

Technique de «swim-up» par rapport à la technique du gradient

Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence entre les taux de grossesse clinique (en anglais : clinical pregnancy rates, CPR) entre la technique de «swim-up» et la technique du gradient (odds ratio (OR) 0,83, IC à 95 % 0,51 à 1,35 ; I² = 71 % ; 4 ECR, 370 participants ; données de très faible qualité) reste incertaine. Les résultats suggèrent que si l’on suppose que la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique du gradient est de 24 %, la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique du «swim-up» se situe entre 14 et 30 %. Nous ne savons pas s'il existait une réelle différence entre les taux de grossesses en cours par couple (OR 0,39, IC à 95 % : 0,19 à 0,82 ; hétérogénéité non applicable ; 1 ECR, 223 participants ; preuves de très faible qualité). Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence entre les taux de grossesses multiples (en anglais : multiple pregnancy rates, MPR) par couple entre la technique de «swim-up» et la technique de gradient (MPR par couple 0% contre 0% ; 1 ECR, 25 participants ; preuves de très faible qualité) reste incertaine. Compte tenu de la qualité des données probantes, nous ne savons pas non plus s'il existait une différence entre les taux de fausses couches (en anglais : miscarriage rates, MR) par couple entre la technique de «swim-up» et la technique de gradient (OR 0,85, IC à 95 % : 0,28 à 2,59 ; I² = 44 % ; 3 ECR, 330 participants ; données de très faible qualité). Aucune étude n'a rapporté de données quant aux grossesses extra-utérines, anomalies fœtales ou taux d'infection.

Technique du «swim-up» par rapport à la technique de lavage

Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence dans les taux de grossesses cliniques entre la technique de «swim-up» et la technique de lavage et de centrifugation (OR 0,41, IC à 95 % : 0,15 à 1,13 ; I² = 55 % ; 2 ECR, 78 participants ; données de très faible qualité) reste incertaine. Les résultats suggèrent que si l’on suppose que la probabilité d’une grossesse après l'utilisation d'une technique de lavage est de 38 %, la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique de «swim-up» se situe entre 9 % et 41 %. Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence dans les taux de grossesses multiples entre la technique de «swim-up» et la technique de lavage (OR 0,49, IC à 95 % : 0,02 à 13,28 ; hétérogénéité non applicable ; 1 ECR, 26 participants ; données de très faible qualité) reste incertaine. Une seule étude a rapporté le taux de fausses couches : aucune fausse couche n'a été rapportée dans les deux groupes de traitement. Aucune étude n'a rapporté de résultats sur le taux de grossesses en cours, le taux de grossesses extra-utérines, le taux d’anomalies fœtales ou le taux d'infection.

Technique du gradient par rapport à la technique de lavage

Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence dans les taux de grossesses cliniques entre la technique de gradient et la technique de lavage et de centrifugation (OR 1,78, IC à 95 % : 0,58 à 5,46 ; I² = 52 % ; 2 ECR, 94 participants ; données de très faible qualité) reste incertaine. Les résultats suggèrent que si l’on suppose que la probabilité de grossesse après l'utilisation d'une technique de lavage est de 13 %, la probabilité de grossesse après l'utilisation de la technique du gradient se situe entre 8 et 46 %. Compte tenu de la qualité des données probantes, l’existence d’une différence dans les taux de grossesses multiples par couple entre les groupes de traitement (OR 0,33 ; IC à 95 % : 0,01 à 8,83 ; données de très faible qualité) reste incertaine. Compte tenu de la qualité des données probantes, nous ne savons pas non plus s'il existait une différence dans les taux de fausses couches par couple entre les groupes de traitement (OR 6,11 ; IC à 95 % : 0,27 à 138,45 ; données de très faible qualité). Aucune étude n'a rapporté de résultats sur le taux de grossesses en cours, le taux de grossesses extra-utérines, le taux d’anomalies fœtales ou le taux d'infection.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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