Comparer différentes durées d'administration de paclitaxel (un médicament anticancéreux) dans l'adénocarcinome avancé

Le paclitaxel est issu de l'if (une variété d'arbre) et peut être utilisé dans le traitement de plusieurs cancers, notamment du poumon, de l'utérus, de l'ovaire et du sein. Il était initialement administré sous forme de perfusion (injection) longue pendant 24 heures, avec une prémédication pour éviter toute réaction allergique. On pensait également que cette méthode était plus active contre les tumeurs. Six essais randomisés ont été inclus dans cette revue, qui a observé que les perfusions courtes (trois heures) étaient plus pratiques et entraînaient moins d'effets indésirables (secondaires) (diminution du nombre des globules blancs, fièvre, infection ou plaies buccales). Le paclitaxel en perfusion courte n'entraînait pas de perte évidente d'efficacité par rapport aux perfusions plus longues, mais d'autres essais cliniques sont nécessaires afin de s'en assurer.

Conclusions des auteurs: 

Des essais multicentriques à grande échelle seraient souhaitables car les critères de jugement n'étaient pas documentés de manière exhaustive dans les essais inclus dans cette revue. Il pourrait être utile de concevoir un essai à bras multiples comparant des perfusions de 3, 24 et 96 heures ou examinant éventuellement différentes périodes de traitement. En l'absence d'essais de cette nature, le choix de la durée de perfusion (courte ou longue) dans l'adénocarcinome avancé pourrait devoir être adapté à chaque patient. Il semble toutefois que la toxicité soit inférieure chez les femmes, hors lésions des nerfs sensoriels, lorsqu'une perfusion plus courte est utilisée. L'efficacité semble similaire quelle que soit de la durée de la perfusion.

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Contexte: 

Le paclitaxel est devenu un traitement standard dans plusieurs cancers communs. Initialement, des perfusions longues étaient utilisées pour réduire le débit de médicament et l'incidence des réactions allergiques de type hypersensibilité. Des essais portant sur une perfusion de plus courte durée et utilisant un cocktail de médicaments antiallergiques pour prévenir les réactions d'hypersensibilité, quelques-uns randomisés, ont été mis en œuvre. Selon l'interprétation qui en a été faite, l'efficacité du traitement n'était pas affectée par une durée de perfusion plus courte. Ces études semblaient également montrer que certaines toxicités importantes étaient moins fréquentes sous perfusions courtes et que celles-ci étaient plus pratiques pour le patient et l'hôpital.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la toxicité des perfusions de paclitaxel courtes versus longues dans le traitement de n'importe quel adénocarcinome avancé.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les cancers gynécologiques, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), numéro 1, 2009, MEDLINE et EMBASE jusqu'en mars 2009. Nous avons également consulté les registres d'essais cliniques, les résumés de réunions scientifiques et les références bibliographiques des essais inclus, et contacté des experts dans ce domaine ainsi que des sociétés pharmaceutiques.

Critères de sélection: 

La revue était circonscrite aux essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur du paclitaxel seul ou combiné à d'autres médicaments, et dont la seule variable était la durée de perfusion de paclitaxel. Cette revue porte uniquement sur des patients atteints d'adénocarcinome avancé.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont, de façon indépendante, extrait les données et évalué les risques de biais. Dans la mesure du possible, les données ont été synthétisées en une méta-analyse.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié six essais remplissant nos critères d'inclusion. Ces essais comparaient des perfusions de 3, 24 et 96 heures et un essai examinait différentes périodes de traitement (1 jour versus 3 jours). Sur la base des ECR inclus, nous n'avons identifié aucune preuve de différence entre les perfusions courtes et longues en termes de survie globale et sans progression et d'absence de réponse tumorale. Dans la plupart des cas, une incidence accrue d'événements indésirables et de toxicité sévère était observée dans le groupe de la perfusion de 24 heures par rapport au groupe de la perfusion de 3 heures, avec une majorité d'analyses hautement significatives d'un point de vue statistique (RR = 0,32, IC à 95 %, entre 0,22 et 0,47, RR = 0,06, IC à 95 %, entre 0,02 et 0,17, RR = 0,59, IC à 95 %, entre 0,40 et 0,88, RR = 0,52, IC à 95 %, entre 0,28 et 0,97 pour les critères de jugement de l'hypersensibilité sévère, la neutropénie fébrile, les ulcérations buccales et les diarrhées, respectivement). Néanmoins, une méta-analyse de trois essais révélait que les perfusions de 3 heures étaient associées à une augmentation statistiquement significative du risque de changements neurosensoriels par rapport aux perfusions de 24 heures (RR = 1,26, IC à 95 %, entre 1,09 et 1,46). Les événements indésirables n'étaient documentés de manière exhaustive pour aucune des autres comparaisons. Les critères de jugement n'étaient pas correctement documentés et la qualité de vie n'était rapportée dans aucun des essais. Les preuves de cette revue sont limitées car elles reposent sur des méta-analyses portant sur un très petit nombre d'essais ou sur des analyses d'essais individuels, que tous les essais présentaient un risque de biais modéré et que deux étaient publiés sous forme de résumé uniquement.

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