Antidépresseurs pour les patients souffrant d'acouphènes

L'acouphène est décrit comme la perception d'un son ou d'un bruit en l'absence de stimulation acoustique réelle et est fréquemment associé à la dépression ou aux symptômes dépressifs. Six études, portant sur un total de 610 patients, ont rempli les critères d'inclusion pour cette revue. Quatre évaluaient trois agents antidépresseurs tricycliques (l'amitriptyline, la nortriptyline et la trimipramine) pour le traitement des acouphènes. Ces études n'ont pas trouvé suffisamment de preuves pour démontrer l'efficacité de ces agents dans la prise en charge des acouphènes. Une étude évaluait la paroxétine, un antidépresseur inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine et une évaluait la trazodone, un antidépresseur atypique. Aucune de ces études n'a démontré un bénéfice de la paroxétine ou de la trazodone dans le traitement des acouphènes. Les effets secondaires, bien que relativement mineurs, ont été courants dans tous les groupes d'antidépresseurs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe pas à ce jour de preuves suffisantes pour déterminer si le traitement par médicaments antidépresseurs améliore les acouphènes.

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Contexte: 

Cette revue est une mise à jour d'une revue Cochrane publiée pour la première fois dans The Cochrane Library dans le numéro 4, 2006 et déjà mise à jour en 2009.

L'acouphène est décrit comme la perception d'un son ou d'un bruit en l'absence de stimulation acoustique réelle. Il a été comparé à une douleur chronique et peut être associé à la dépression ou aux symptômes dépressifs, ce qui peut affecter la qualité de vie et la capacité à travailler. Les médicaments antidépresseurs sont utilisés pour traiter les acouphènes chez les patients avec ou sans symptômes dépressifs.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité des antidépresseurs dans le traitement des acouphènes et déterminer si le bénéfice éventuel est dû à un effet direct sur les acouphènes ou à un effet secondaire dû au traitement des états dépressifs concomitants.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur l'otorhinolaryngologie, dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), ainsi que dans PubMed, EMBASE, PsycINFO, CINAHL, Web of Science, BIOSIS, ICTRP et autres sources afin de trouver des essais publiés et non publiés. La recherche la plus récente a été effectuée le 5 janvier 2012.

Critères de sélection: 

Des études cliniques contrôlées randomisées portant sur les médicaments antidépresseurs versus placebo chez les patients souffrant d'acouphènes.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont évalué de façon critique les études obtenues et extrait les données de manière indépendante. Nous avons contacté les auteurs des études afin d'obtenir des informations complémentaires lorsque cela s'est révélé nécessaire.

Résultats principaux: 

Six essais impliquant 610 patients ont été inclus. La qualité des essais était généralement faible. Quatre des essais, portant sur 405 patients, étudiaient l'effet d'antidépresseurs tricycliques sur les acouphènes. Un essai étudiait l'effet d'un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) dans un groupe de 120 patients. Une étude examinait la trazodone, un antidépresseur atypique, versus un placebo. Seul l'essai utilisant le médicament ISRS a atteint le standard de qualité le plus élevé. Aucun des autres essais inclus n'a atteint cette qualité élevée en raison de l'utilisation de critères de jugement inadéquats, d'importants taux d'abandon ou de l'absence de séparation entre les effets sur les acouphènes et les effets sur les symptômes de l'anxiété et de la dépression. Tous les essais évaluant des antidépresseurs tricycliques ont suggéré qu'il existait une légère amélioration des acouphènes, mais ces effets pourraient être attribués à un biais méthodologique. L'essai qui étudiait le médicament ISRS n'a démontré aucune amélioration globale pour aucun des critères de jugement validés qui étaient utilisés dans l'étude, bien qu'il y ait eu un bénéfice possible pour un sous-groupe ayant reçu des doses importantes du médicament. Cette observation mérite d'être étudiée davantage. Dans l'essai étudiant la trazodone, les résultats ont démontré une amélioration concernant l'intensité des acouphènes et la qualité de vie après traitement, mais n'ont dans aucun de ces deux cas atteint une signification statistique. Les notifications d'effets secondaires, notamment la sédation, les troubles sexuels et la sécheresse buccale, ont été courantes.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.