Prostaglandine vaginale (PGE2 et PGF2a) dans le déclenchement du travail à terme

Le déclenchement du travail est proposé aux femmes enceintes, lorsque l'on pense qu’il est sera préférable pour la mère et/ou son bébé que le bébé naisse plutôt que de poursuivre la grossesse. Les principales raisons incluent une grossesse prolongée, une rupture prématurée des membranes, des inquiétudes concernant la santé de la mère (comme la prééclampsie) ou du bébé (retard de croissance). Les prostaglandines sont des hormones produites dans tout le corps et elles peuvent être utilisées pour déclencher (provoquer) le travail. Elles sont appliquées localement à l'intérieur du vagin sous la forme de comprimés, de gels, de suppositoires ou de pessaires (éponge) afin de réduire les effets secondaires. La dose, le nombre de doses et le délai entre les doses varient considérablement. Les pessaires à libération prolongée réduisent le besoin de doses répétées et par conséquent, le nombre d'examens vaginaux.

Cette revue a pour objectif de déterminer l'efficacité et l'innocuité des prostaglandines par voie vaginale pour la maturation cervicale pendant le troisième trimestre et le déclenchement du travail (le ramollissement du col de l'utérus, son raccourcissement, son ouverture ainsi que le début de ses contractions régulières). Huit comparaisons différentes ont été effectuées. Différentes prostaglandines vaginales ont été comparées à des placebos ou à l'absence de traitement ou à d'autres prostaglandines vaginales (PGE2 et PGF2a, sauf le misoprostol) et les différentes préparations et dosages ont été comparés. Nous avons identifié 70 études impliquant un total de 11487 femmes. Les prostaglandines vaginales augmentent la probabilité d'accouchement par voie vaginale dans les 24 heures, mais elles peuvent également trop stimuler les contractions utérines, ce qui peut provoquer ralentissement du cœur du bébé. Par contre, elles n’ont pas augmenté le nombre de césarienne pratiquée et elles peuvent même les réduire. Dans l'ensemble, les études ne démontent aucun effet (amélioration ou détérioration) parmi les résultats importants (principaux). La prostaglandine E2 en comprimés, en gels ou en pessaire, incluant les préparations à libération prolongée, semblent être aussi efficaces les uns par rapport aux autres ou les différences entre eux sont petites et n'ont pas encore été détectées dans les études. Les posologies de faibles doses, telles que définie dans la revue, sembleraient être aussi bonne que les posologies de fortes doses (huit études, 1615 femmes).

Il y a très peu de données disponibles dans les études incluses sur la durée du travail et la satisfaction des patients. Quelques études ont examiné des questions relatives à l’innocuité de l'utilisation de prostaglandines vaginales pour le déclenchement du travail chez les patientes ambulatoires (non hospitalisées, mais qui se présentent à l’hôpital).

Conclusions des auteurs: 

Les prostaglandines PGE2 augmentent probablement les chances d'un accouchement par voie vaginale dans les 24 heures, elles augmentent l'hyperstimulation utérine avec des changements du rythme cardiaque fœtal, mais elles n’ont pas d'effet ou pourraient réduire les taux de césariennes. Elles augmentent la probabilité de modifications du col de l'utérus sans augmenter le taux d'accouchements. Les comprimés, gels et pessaires de PGE2 semblent être aussi efficaces les uns par rapport aux autres. Les différences entre les formulations sont marginales, mais pourraient être importantes.

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Contexte: 

Les prostaglandines sont utilisées pour le déclenchement du travail depuis les années 1960. Cette revue fait partie d'une série de revues évaluant des méthodes de déclenchement du travail. Cette revue se concentre sur les prostaglandines administrées par voie vaginale, comparées à un placebo (ou la prise en charge non interventionniste) et les unes par rapport aux autres ; les prostaglandines (PGE2 et PGF2a) ; différentes formulations (comprimés, gels, pessaires) et doses.

Objectifs: 

Déterminer l’effet des prostaglandines vaginales E2 et F2a dans la maturation cervicale pendant le troisième trimestre ou le déclenchement du travail en comparaison avec un placebo/l'absence de traitement ou avec d'autres prostaglandines vaginales (sauf le misoprostol).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et l’accouchement (1er mars 2014) et les bibliographies des articles pertinents.

Critères de sélection: 

Essais cliniques comparant les prostaglandines par voie vaginale utilisées pour la maturation cervicale pendant le troisième trimestre ou le déclenchement du travail avec un placebo/l'absence de traitement, les unes aux autres, ou avec d'autres méthodes susmentionnées dans une liste prédéfinie de méthodes de déclenchement du travail.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons évalué les études et extrait les données de manière indépendante.

Résultats principaux: 

Soixante-dix essais contrôlés randomisés (ECR) (11 487 femmes) ont été incluses. Dans cette mise à jour, sept nouveaux ECR (778 femmes) ont été ajoutés. Deux de ces nouveaux essais comparent la PGE2 à l'absence de traitement, quatre comparent différentes formulations de PGE2 (gels versus comprimés ou les pessaires à libération prolongée) et un essai compare PGF2a avec un placebo. La majorité des essais présentaient un risque de biais incertain pour la plupart des domaines.

Dans l'ensemble, la prostaglandine E2 vaginale, comparée à un placebo ou à l'absence de traitement, réduit probablement les probabilités de ne pas accoucher par voie vaginale dans les 24 heures. Le risque d'hyperstimulation utérine avec des modifications du rythme cardiaque fœtal est augmenté (4,8 % par rapport à 1,0 %, risque relatif (RR) 3,16, intervalle de confiance à 95 % (IC) 1,67 à 5,98, 15 études, 1359 femmes). Le taux de césarienne est probablement réduit d'environ 10 % (13,5 % contre 14,8 %, RR 0,91, IC à 95 % de 0,81 à 1,02, 36 études, 6599 femmes). L'effet global sur l'amélioration des résultats pour la mère et le fœtus (à travers une multitude de mesures) est incertain.

La PGE2 en comprimés, en gels et en pessaires (incluant les préparations à libération prolongée) semblent être aussi efficaces les uns par rapport aux autres. De petites différences sont détectées entre certains résultats, mais cela peut être dû au hasard.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.