Traitements par agents antiviraux, interféron et débridement des affections oculaires dues à l'Herpes simplex

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L'herpès oculaire est une infection oculaire fréquente et récurrente. Sans traitement, seulement la moitié des infections herpétiques non compliquées de la surface cornéenne disparaissent en deux semaines. Plusieurs traitements, allant de l'administration de médicaments à l’essuyage superficiel, ont pour objectif de raccourcir la durée de l'infection herpétique de la surface cornéenne. Cette revue apporte des données factuelles sur l'efficacité comparative des interventions pour une kératite épithéliale due au virus Herpes simplex (VHS), en analysant systématiquement les essais cliniques réalisés en Europe, en Amérique du Nord, en Asie, en Australie et en Afrique. Les taux de cicatrisation de la cornée ont été examinés au cours des traitements par des antiviraux, par interféron, ou par débridement de la surface de la cornée. Les premiers médicaments antiviraux nucléosidiques topiques, l’idoxuridine et la vidarabine, étaient modérément efficaces, mais les nouveaux médicaments antiviraux tels que la trifluridine et l'acyclovir se sont avérés meilleurs. Les préparations ophtalmiques avec trifluridine, acyclovir, ganciclovir et brivudine avaient une efficacité quasi équivalente et ont permis une cicatrisation d’environ 90 % des yeux traités sous deux semaines. Parallèlement au développement de médicaments antiviraux nucléosidiques, l'interféron, qui est une protéine antivirale du système de défense immunitaire, a été étudié dans des essais qui indiquaient l'efficacité des formulations topiques. Comparé à un traitement antiviral, l’association d'interféron avec un agent antiviral nucléosidique semble avoir favorisé une cicatrisation précoce. Les effets tels que toxicité oculaire et allergie oculaire ont été rares et transitoires. Avant l'introduction des médicaments antiviraux et de l’interféron, la surface de la cornée était enlevée par raclage physique ou abrasion chimique, mais il n’existe pas suffisamment de preuves établissant l'efficacité et la sécurité des méthodes de débridement physico-chimiques. L'utilisation conjointe d’un traitement par débridement et d’un traitement antiviral a favorisé la cicatrisation de la cornée, mais n’a pas donné de meilleurs résultats que les seuls médicaments antiviraux, en ce qui concerne la réépithalisation de la cornée.

Conclusions des auteurs: 

La trifluridine et l'acyclovir sont plus efficaces que l'idoxuridine ou la vidarabine et ont une efficacité thérapeutique similaire. La brivudine et le ganciclovir sont au moins aussi efficaces que l'acyclovir. Bien qu'elle n'améliore pas les résultats, l'association d'interféron et d'un agent antiviral peut accélérer la cicatrisation. L'efficacité du débridement épithélial cornéen est améliorée par un agent antiviral.

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Contexte: 

Une pathologie oculaire due au virus Herpes simplex (HSV) se présente généralement sous forme de kératite épithéliale.

Objectifs: 

Comparer l'efficacité relative des agents antiviraux, de l'interféron, et du débridement de la cornée dans le traitement de la kératite épithéliale aiguë due au VHS.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (The Cochrane Library 2010, Numéro 4), MEDLINE (de janvier 1950 à octobre 2010), EMBASE (de janvier 1980 à octobre 2010), Latin American and Caribbean Literature on Health Sciences (LILACS) (de janvier 1982 à octobre 2010), Zetoc (British Library's Electronic Table of Contents), Système d'information sur la littérature grise en Europe (openSIGLE), Biosciences Information Service (BIOSIS), le metaregistre des essais contrôlés (mREC) (www.controlled-trials.com), ClinicalTrials.gov (www.clinicaltrials.gov), Japan Information Center of Science and Technology (JICST-EPlus), et la base de données China Academic Journals (CAJ) via China National Knowledge Infrastructure (CNKI) avec confirmation des citations au moyen de China/Asia On Demand (COAD). Aucune restriction concernant la langue ou la date de publication n'a été appliquée aux recherches d'essais. Les dernières recherches dans toutes les bases de données à l'exception de CNKI et de COAD ont été effectuées le 27 octobre 2010 ; les recherches dans CNKI et COAD ont été effectuées le 1er avril 2010. Nous avons également effectué des recherches dans les synthèses de la littérature, les actes de conférences et les références bibliographiques.

Critères de sélection: 

Parmi les 152 études éligibles, 106 essais thérapeutiques comparatifs portant sur 5872 yeux atteints de kératite épithéliale dendritique ou géographique ont été analysés au plan de la cicatrisation cornéenne sur deux semaines.

Recueil et analyse des données: 

Les interventions ont été comparées 14 jours après inclusion dans l'essai en calculant le rapport de risque (RR), qui a été ajusté avec le RR indirect, évaluées par un indice d'incohérence (I2) et complétées par un RR de sept jours et un hazard ratio (HR).

Résultats principaux: 

L’idoxuridine, bien qu’il ne soit pas certain qu’elle donne de meilleurs résultats de cicatrisation que le médicament comparateur témoin en raison du faible nombre d'essais avec 14 jours de suivi, a permis d’obtenir une réépithélialisation cornéenne plus précoce. La vidarabine a donné des résultats significativement meilleurs que le placebo dans un essai (RR = 1,96 ; IC à 95 % de 1,10 à 3,49). Comparativement à l’idoxuridine, dans les analyses directes et indirectes combinées, la vidarabine (RR = 1,11 ; IC à 95 % de 1,03 à 1,19), la trifluridine (RR = 1,31 ; IC à 95 % de 1,20 à 1,42), l'acyclovir (RR = 1,23 ; IC à 95 % de 1,16 à 1,31), brivudine (RR = 1,38 ; IC à 95 % de 1,18 à 1,61), et le ganciclovir (RR = 1,40 ; IC à 95% de 1,25 à 1,57) se sont avérés significativement plus efficaces. La trifluridine (RR = 1,12 ; IC à 95 % de 1,04 à 1,21) et l'acyclovir (RR = 1,11 ; IC à 95 % de1,05 à 1,19) ont semblé plus efficaces que la vidarabine. Aucune différence significative en terme de cicatrisation n’a été observée dans les comparaisons entre l'acyclovir, la trifluridine et la brivudine. La comparaison du ganciclovir à l'acyclovir a été limitée par l'hétérogénéité et les possibles biais de publication L'utilisation conjointe de deux antiviraux topiques (RR = 1,00 ; IC à 95 % de 0,89 à 1,12) et l'utilisation d'acyclovir par voie orale en monothérapie (RR = 0,92 ; IC à 95 % de 0,79 à 1,07) ou en association avec un médicament antiviral topique (RR = 1,08 ; IC à 95 % de 0,99 à 1,17) semblent avoir été aussi efficaces que le traitement antiviral topique. Comparativement à la monothérapie antivirale, l'association d'un médicament antiviral avec de l'interféron (RR = 1,03 ; IC à 95 % de 0,99 à 1,07) ou avec un débridement (RR = 1,04 ; IC à 95% de 0,95 à 1,14) n'a pas donné de résultats significativement meilleurs, mais a peut-être accéléré la cicatrisation. La cicatrisation épithéliale de la cornée a été améliorée lorsqu'un traitement antiviral a été administré après le débridement (RR = 1,21 ; IC à 95 % de 1,04 à 1,42).

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.