Vernis au fluor pour la prévention des caries dentaires chez l'enfant et l'adolescent

Question de la revue

La principale question examinée par cette revue est celle de l'efficacité de l'utilisation du vernis au fluor pour la prévention des caries chez l'enfant et l'adolescent comparé au placebo (un traitement sans principe actif, à savoir le fluor) ou à l'absence de traitement.

Contexte

Les caries dentaires sont un important problème de santé dans le monde entier. Elles touchent non seulement la grande majorité des adultes, mais aussi les enfants, entre 60 et 90 % d'entre eux. En d'autres termes, six à neuf enfants sur 10 sont victimes de caries dentaires. Les taux de caries dentaires varient à la fois entre les différents pays et au sein de ces pays, mais il se vérifie en général que les enfants issus de groupes socio-économiques inférieurs (mesurés par les revenus, le niveau d'études et l'activité professionnelle) ont des taux de caries dentaires plus élevés. Les caries dentaires non traitées entraînent une destruction progressive de la partie supérieure des dents (la couronne) et cela s'accompagne souvent d'importantes douleurs. La réparation et le remplacement des dents cariées sont extrêmement coûteux en termes de temps et d'argent et ponctionnent largement les ressources des systèmes de santé.

La prévention des caries dentaires chez l'enfant et l'adolescent est considérée comme une priorité pour les services dentaires et est perçue comme ayant un meilleur rapport coût/efficacité que leur traitement. Le fluor est un minéral qui prévient la carie dentaire. Le fluor est ajouté à l'alimentation en eau dans de nombreuses régions. Il peut également être appliqué directement sur les dents sous la forme d'un vernis au fluor. Celui-ci est appliqué sur les premières dents (dents de lait) et les dents permanentes (selon l'âge de l'enfant), généralement par un professionnel de la santé dentaire, de deux à quatre fois par an. Du fait qu'il reste sur la surface de la dent pendant relativement longtemps, il libère le fluor de manière efficace.

Caractéristiques des études

Cette revue d'études existantes a été réalisée par le groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire et les preuves sont à jour à la date du 13 mai 2013.
Cette revue mise à jour inclut désormais 22 essais publiés entre 1975 et 2012, dans lesquels un total de 12 455 enfants ont été randomisés pour recevoir un traitement avec un vernis au fluor ou un placebo/absence de traitement. La durée des études allait d'un à cinq ans dans les essais inclus (12 d'entre eux ont duré deux ans).

Résultats principaux

Il s'avère que les preuves produites sont de qualité modérée en raison de problèmes liés aux plans d'étude. Cependant, dans les 13 essais ayant examiné des enfants et des adolescents ayant des dents permanentes, la revue a découvert que les jeunes traités avec du vernis au fluor connaissaient une réduction de 43 % en moyenne des surfaces de dents cariées, manquantes et obturées. Dans les 10 essais ayant examiné l'effet du vernis au fluor sur les premières dents ou dents de lait, les preuves suggèrent une réduction de 37 % des surfaces de dents cariées, manquantes et obturées. Il y avait peu d'informations concernant les éventuels effets indésirables ou l'acceptabilité du traitement.

Qualité des preuves

Les preuves présentées sont de qualité modérée en raison de problèmes liés aux plans d'étude.

Conclusions des auteurs: 

Les conclusions de cette revue mise à jour restent identiques à celles de la première publication. La revue suggère un effet substantiel d'inhibition des caries pour le vernis au fluor, tant pour les dents permanentes que pour les premières dents, cependant la qualité des preuves a été évaluée comme modérée, car elles ont inclus principalement des études ayant un risque de biais élevé et présentant une importante hétérogénéité.

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Contexte: 

Les vernis au fluor appliqués localement sont largement utilisés depuis plus de trente ans à titre d'intervention de prévention des caries pratiquée par l'opérateur. La présente revue met à jour la première revue Cochrane concernant les vernis au fluor pour la prévention des caries dentaires chez l'enfant et l'adolescent, publiée pour la première fois en 2002.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité et la sécurité des vernis au fluor pour prévenir les caries dentaires chez l'enfant et l'adolescent et examiner les facteurs modifiant potentiellement leur effet.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire (jusqu'au 13 mai 2013), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library 2013, numéro 4), MEDLINE via OVID (de 1946 jusqu'au 13 mai 2013), EMBASE via OVID (de 1980 jusqu'au 13 mai 2013), CINAHL via EBSCO (de 1980 jusqu'au 13 mai 2013), LILACS et BBO via la BIREME Virtual Health Library (de 1980 au 13 mai 2013), ProQuest Dissertations and Theses (de 1861 au 13 mai 2013) et les actes de conférence de Web of Science (de 1945 jusqu'au 13 mai 2013). Une recherche d'essais en cours a été effectuée sur ClinicalTrials.gov le 13 mai 2013. Aucune restriction de langue ou de date de publication n’a été appliquée aux recherches dans les bases de données électroniques.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés avec utilisation ou indication d'une évaluation des critères de jugement en aveugle, comparant un vernis au fluor appliqué localement à un placebo ou à l'absence de traitement chez l'enfant jusqu'à 16 ans pendant au moins un an. Le critère de jugement principal était l'augmentation des caries, mesurée par le changement des surfaces de dents cariées, absentes et obturées tant sur les dents permanentes (CAOD) que sur les premières dents (CEOD).

Recueil et analyse des données: 

Au moins deux auteurs de la revue ont évalué tous les résultats de recherche, extrait les données et procédé à une analyse du risque de biais de façon indépendante. Des auteurs d'études ont été contactés pour obtenir des informations supplémentaires. La principale mesure d'effet a été la fraction évitée, à savoir la différence d'augmentation moyenne des caries entre les groupes de traitement et les groupes témoins, exprimée sous la forme d'un pourcentage par rapport à l'augmentation moyenne dans le groupe témoin. On a utilisé les augmentations de caries les plus proches de trois ans pour chaque étude incluse. Des méta-analyses à effets aléatoires ont été réalisées lorsque les données ont pu être combinées. Les sources potentielles d'hétérogénéité ont été examinées dans des analyses de méta-régression à effets aléatoires. Les informations sur les effets indésirables présentées ont été recueillies dans les essais inclus.

Résultats principaux: 

Vingt-deux essais, portant sur 12 455 participants randomisés (dont 9 595 utilisés dans des analyses) ont été inclus. Pour les 13 essais ayant fourni des données pour la méta-analyse des surfaces de dents permanentes, l'estimation combinée de la fraction évitée de CAOD comparant le vernis au fluor à un placebo ou à l'absence de traitement a été de 43 % (intervalle de confiance (IC) à 95 % 30 % à 57 % ; P < 0,0001). On a observé une hétérogénéité substantielle, confirmée statistiquement (P < 0,0001 ; I2 = 75 %), cependant l'ensemble des données ont été évaluées comme étant de qualité modérée. L'estimation combinée de la fraction évitée de CEOD a été de 37 % (IC à 95 % 24 % à 51 % ; P < 0,0001) pour les 10 essais ayant fourni des données pour la méta-analyse des surfaces des premières dents, avec une certaine hétérogénéité également (P = 0,009 ; I2 = 59 %). Cette fois encore, l'ensemble des données ont été évaluées comme étant de qualité modérée. Il n'a été découvert aucune association significative entre les estimations des fractions évitées de CAOD ou de CEOD et les facteurs prédéfinis de gravité des caries à l'origine, d'exposition naturelle au fluor, de caractéristiques d'application, telles que la prophylaxie antérieure, la concentration de fluor, la fréquence d'application. Il n'y a pas eu non plus d'association significative entre les estimations des fractions évitées de CAOD ou de CEOD et les facteurs post hoc : l'utilisation ou non d'un placebo ou de l'absence de traitement, la durée du suivi ou l'utilisation d'une randomisation individuelle ou en grappes, dans les modèles de méta-régression. Le graphique en entonnoir des essais inclus dans les méta-analyses principales n'a indiqué aucune relation claire entre la fraction évitée et la précision des études. Dans les deux méthodes, la puissance est limitée lorsque peu d'essais sont inclus. Il y avait peu d'informations concernant les éventuels effets indésirables ou l'acceptabilité du traitement.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.