Traitements médicamenteux pour enfants atteints d'incontinence urinaire (énurésie) nocturne, à l'exclusion des médicaments de type desmopressine ou tricycliques

L'incontinence urinaire (énurésie) nocturne consiste en la perte involontaire d'urine pendant la nuit, non-causée par une maladie organique sous-jacente. Il peut en résulter des problèmes sociaux, des taquineries de la part des frères et sœurs et une mauvaise estime de soi. Elle touche environ 15 à 20 % des enfants de cinq ans, et jusqu'à 2 % des adultes. De nombreux types de médicaments ont été utilisés pour traiter les enfants atteints d'incontinence urinaire nocturne. Il n'y a pas suffisamment de données fiables pour démontrer que des médicaments autres que la desmopressine ou les antidépresseurs tricycliques, lorsqu'utilisés isolément, réduisent l'incontinence urinaire chez l'enfant au cours du traitement, malgré leur risque d'effets secondaires indésirables. Dans d'autres revues Cochrane, les alarmes déclenchées par l'incontinence, ainsi que la desmopressine et les antidépresseurs tricycliques se sont avérés efficaces pendant la durée du traitement. Toutefois, les alarmes ont un effet plus durable que la desmopressine et les antidépresseurs tricycliques après la fin du traitement. Les effets indésirables de l'alarme énurésie (fatigue et réveil d'autres membres de la famille) sont relativement bénins et spontanément résolutifs en comparaison avec les effets indésirables des médicaments. Une classe de médicaments (les anticholinergiques) semblent améliorer l'efficacité d'autres traitements établis tels que les antidépresseurs tricycliques, les alarmes énurésie et la desmopressine. Le coût du traitement des enfants atteints d'incontinence urinaire nocturne par alarme énurésie ou médicaments peut varier selon les pays.

Conclusions des auteurs: 

Il n'y avait pas suffisamment de données probantes pour juger si les médicaments inclus utilisés seuls avaient ou non guéri l'énurésie nocturne. Des données probantes limitées laisser pensent que la desmopressine, l'imipramine et les alarmes d'énurésie sont meilleures que les médicaments auxquels elles ont été comparées. Dans d'autres revues, les interventions de desmopressine, d'antidépresseurs tricycliques et d'alarmes d'énurésie se sont montrées efficaces pendant la période de traitement. Il y avait également des données laissant penser que la combinaison avec un traitement anticholinergique augmentait l'efficacité de thérapies établies, telles que l'imipramine, la desmopressine et les alarmes d'énurésie, en réduisant les taux de rechute d'environ 20 %, bien qu'il n'ait pas été possible de caractériser les enfants pouvant tirer bénéfice d'un traitement combiné. Les études futures devraient évaluer le rôle de la thérapie combinée par rapport aux traitements établis dans des essais rigoureux et suffisamment puissants.

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Contexte: 

L’énurésie (incontinence urinaire nocturne) est une affection stressante et stigmatisante au niveau social qui touche de 15 à 20 % des enfants âgés de cinq ans et jusqu’à 2 % des jeunes adultes. Bien que le taux de rémission spontanée soit élevé, les coûts sociaux, émotionnels et psychologiques pour les enfants peuvent être importants. On a souvent tenté de traiter l'énurésie nocturne à l'aide de médicaments (notamment la desmopressine, les antidépresseurs tricycliques et autres médicaments).

Objectifs: 

Évaluer les effets de médicaments autres que la desmopressine et les antidépresseurs tricycliques sur l'énurésie nocturne chez l'enfant, et les comparer à d'autres interventions.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons cherché dans le registre spécialisé des essais du groupe Cochrane sur l’incontinence (recherche effectuée le 15 décembre 2011), qui inclut des recherches dans MEDLINE et CENTRAL, afin d'identifier des essais randomisés et quasi-randomisés, publiés ou non publiés. Les références bibliographiques d'articles pertinents ont également fait l’objet d’une recherche.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus dans le revue tous les essais randomisés de médicaments (à l'exception de la desmopressine et des antidépresseurs tricycliques) pour le traitement de l'énurésie nocturne chez les enfants jusqu'à l'âge de 16 ans. Les essais étaient éligibles à l'inclusion si les enfants avaient été randomisés pour recevoir des médicaments en comparaison avec un placebo, d'autres médicaments ou des interventions comportementales pour l'énurésie nocturne. Nous avons également inclus dans cette revue des études comprenant des enfants souffrant d'incontinence urinaire diurne ou des enfants atteints d'affections organiques, à condition que l'étude ait porté sur l'énurésie nocturne. Nous avons exclus les essais portant exclusivement sur ​​l'incontinence urinaire diurne et les essais sur les adultes souffrant d'énurésie nocturne.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont, de manière indépendante, évalué la qualité des essais éligibles et extrait les données. Les désaccords entre ces auteurs ont été réglés par la discussion avec un troisième auteur de la revue.

Résultats principaux: 

Quarante essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés (dont 10 nouveaux dans cette mise à jour) répondaient aux critères d'inclusion, dans lesquels un total de 1780 enfants, sur les 2440 enrôlés, avaient reçu un médicament actif autre que la desmopressine ou les antidépresseurs tricycliques. En tout, 31 médicaments ou catégories de médicaments différents avaient été testés. Les essais étaient généralement de petite taille ou de mauvaise qualité méthodologique. Il y avait une pénurie générale de données concernant les résultats après l'arrêt du traitement.

Pour les comparaisons de médicaments à un placebo, l'indométhacine (risque relatif [RR] 0,36 ; IC à 95% 0,16 à 0,79), le diazépam (RR 0,22 ; IC à 95% 0,11 à 0,46), la mestorelone (RR 0,32 ; IC à 95% 0,17 à 0,62) et l'atomoxétine (RR 0,81 ; IC à 95% 0,70 à 0,94) semblaient réduire le nombre d'enfants ne parvenant pas à avoir 14 nuits sèches consécutives. Bien que l'indométacine et le diclofénac fussent meilleurs que le placebo durant le traitement, ils n'étaient pas aussi efficaces que la desmopressine et présentaient un risque plus élevé d'effets indésirables. Aucun médicament n'avait été efficace à réduire les taux de rechute, même si seulement cinq essais contrôlés par placebo avaient rendu compte de ce critère de résultat.

Pour ce qui est des médicaments comparés à d'autres médicaments, le traitement combiné d'imipramine et d'oxybutynine avait été plus efficace que la monothérapie d'imipramine (RR 0,68 ; IC à 95% 0,50 à 0,94) et bénéficiait également de taux de rechute significativement plus bas que la monothérapie d'imipramine (RR 0,35 ; IC à 95% 0,16 à 0,77). Il y avait une pénurie générale de données concernant les résultats après l'arrêt du traitement.

Pour les comparaisons entre médicaments et thérapies comportementales, les alarmes énurésie se sont avérées supérieures aux amphétamines (RR 2,2 ; IC à 95% 1,12 à 4,29), à l'oxybutynine (RR 3,25 ; IC à 95% 1,77 à 5,98) et à l'oxybutynine avec exercices de retenue (RR 3,3 ; IC à 95% 1,84 à 6,18) dans la diminution du nombre d'enfants ne parvenant pas à avoir 14 nuits sèches consécutives.

Des effets indésirables de médicaments ont été observés dans 19 essais, mais 17 essais n'avaient pas correctement rendu compte de la survenue d'effets secondaires.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.