Corticostéroïdes dans le traitement de la polyradiculonévrite inflammatoire démyélinisante chronique

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Objectif de la revue

Nous avons examiné les éléments de preuve sur les avantages et les inconvénients de l'utilisation de corticostéroïdes dans le traitement de la polyradiculonévrite inflammatoire démyélinisante chronique (PIDC)

Contexte

La PIDC est une maladie paralysante rare, progressive ou récurrente, provoquée par l'inflammation des nerfs périphériques. Elle entraîne une faiblesse et un engourdissement des membres à évolution lente. Certaines personnes traversent des périodes d'aggravation récurrentes suivies d'une amélioration ou d'une rémission. Nous voulions découvrir la réponse à deux questions : tout d'abord, si l'utilisation de corticostéroïdes est utile ; et d'autre part, si un type de traitement est meilleur qu'un autre.

Caractéristiques des études

En date du 27 octobre 2014, nous avons trouvé une étude traitant de chacune de ces questions.

Une étude américaine datant de 1982 avait comparé des comprimés quotidiens de prednisone pendant 12 semaines à l'absence de traitement. Trente-cinq personnes y avaient participé. Quatorze participants ont reçu la prednisone (10 hommes ou garçons et quatre femmes ou filles, avec un âge médian de 46,5 ans) et 14 n'ont pas reçu la prednisone (neuf hommes ou garçons et cinq femmes ou des filles, avec un âge médian de 50 ans).

La seconde étude, dont les résultats ont été rapportés en 2010, a comparé des comprimés quotidiens de prednisolone à dose standard avec des comprimés de dexaméthasone à dose élevée sur quatre jours par mois pendant six mois. Plusieurs centres européens ont réalisé l'essai. Quarante et une personnes y ont participé, dont une s'est retirée après un jour parce qu'elle ne souhaitait pas poursuivre l'essai et le diagnostic était faux. Parmi les autres, 24 personnes (18 hommes et six femmes, âge moyen 59,9 ans) ont reçu la dexaméthasone mensuelle et 16 personnes (10 hommes et six femmes, âge moyen 60,8 ans) ont reçu la prednisolone quotidienne.

Aucune de ces deux études n'avait reçu un soutien commercial. Les deux étaient financées par un centre universitaire ou des fonds de bienfaisance.

Principaux résultats

Aucune des études incluses ne rendait compte du principal critère de jugement préféré de cette revue.

L'un des critères d'évaluation secondaires était disponible pour l'essai contrôlé randomisé (ECR) sans insu sur la prednisone : après 12 semaines, 12 participants sur 19 sous prednisone présentaient une amélioration de la mesure par le neurologue de la gravité de leur maladie, contre 5 participants sur 16 qui n'étaient pas sous prednisone. Ainsi, l'amélioration était environ deux fois plus commune avec la prednisone. Les petits nombres signifient que même cette différence n'était pas significative. Les auteurs n'ont pas rapporté les événements indésirables en détail, mais un participant traité à la prednisone est décédé. Les corticostéroïdes sont couramment utilisés pour traiter la PIDC dans la pratique, sur la base de rapports favorables issus d'études non randomisées. Ils sont bien connus pour causer des effets secondaires, notamment dans le cas de doses importantes prises pendant des périodes prolongées.

L'analyse du critère principal défini par les auteurs dans l'ECR comparant deux traitements corticoïdes montre que 10 des 24 personnes sous dexaméthasone mensuelle et six des 16 personnes sous prednisolone quotidienne se portaient bien et étaient sans traitement après un an. Ce n'est pas une différence significative. La dexaméthasone mensuelle et la prednisolone quotidienne ont eu des effets secondaires semblables, si ce n'est que la perte de sommeil et l'aspect en forme de lune du visage ont été significativement moins courants avec le traitement mensuel à forte dose.

Qualité des preuves

La qualité des preuves sur les avantages et les inconvénients de la prednisone dans la PIDC est très faible, car les données proviennent d'une unique petite étude randomisée avec un risque élevé de biais.

Des preuves de qualité modérée issues d'un essai soutiennent un bénéfice semblable de la dexaméthasone mensuelle et de la prednisolone quotidienne dans la PIDC, mais moins d'effets secondaires dus à la dexaméthasone mensuelle.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves de très faible qualité issues d'un essai randomisé, réalisé à petite échelle, n'ont pas montré de bénéfice statistiquement significatif de la prednisone par voie orale comparé à l'absence de traitement. Néanmoins, les corticostéroïdes sont couramment utilisés dans la pratique. D'après des preuves de qualité modérée issues d'un ECR, l'efficacité de la dexaméthasone orale mensuelle à forte dose n'a pas été statistiquement différente de celle de la prednisolone orale en dose standard quotidienne. La plupart des événements indésirables sont intervenus à des fréquences similaires dans les deux groupes, mais la perte de sommeil et le visage rond ont été significativement moins courants avec la dexaméthasone mensuelle. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier les facteurs permettant de prévoir la réponse.

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Contexte: 

La polyradiculonévrite inflammatoire démyélinisante chronique (PIDC) est une maladie paralysante progressive ou récurrente et rémittente probablement due à une réponse auto-immune contre laquelle les corticostéroïdes devraient être bénéfiques. Les études non randomisées suggèrent que les corticostéroïdes sont bénéfiques. Deux corticostéroïdes utilisés couramment sont la prednisone et la prednisolone. Les deux sont généralement administrés sous la forme de comprimés. La prednisone est convertie en prednisolone dans le foie, de sorte que l'effet des deux médicaments est généralement le même. Un autre corticostéroïde, appelé dexaméthasone, est plus puissant et est utilisé à plus faibles doses.

Objectifs: 

Évaluer les effets du traitement aux corticostéroïdes comparé à un placebo ou à l'absence de traitement contre la PIDC et comparer les effets de différents schémas de corticostéroïdes.

Stratégie de recherche documentaire: 

Le 27 octobre 2014, nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuro-musculaires, CENTRAL, MEDLINE et EMBASE pour des essais randomisés de corticostéroïdes dans la PIDC. Nous avons consulté trois autres bases de données pour trouver des informations à inclure dans la discussion ainsi que des registres d'essais cliniques pour les essais en cours.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais randomisés ou quasi-randomisés portant sur le traitement avec toute forme de corticostéroïdes ou avec l'hormone adrénocorticotrope contre la PIDC diagnostiquée selon une définition acceptée internationalement.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont extrait les données et évalué les risques de biais de façon indépendante. Le critère de jugement principal devait être le changement du degré d'incapacité, les critères de jugement secondaires étant le changement dans la déficience après 12 semaines, et les événements indésirables.

Résultats principaux: 

Dans un essai contrôlé randomisé (ECR) non mis en aveugle portant sur 35 participants éligibles, le critère de jugement principal pour cette revue n'était pas disponible. L'essai présentait un risque élevé de biais. Douze participants sur 19 traités à la prednisone, comparé à cinq participants sur 16 randomisés dans un groupe sans traitement, présentaient des scores d'aggravation des neuropathies améliorés après 12 semaines ; le risque relatif (RR) pour l'amélioration était de 2,02 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,90 à 4,52). Les événements indésirables n'étaient pas indiqués en détail, mais un participant traité à la prednisone est décédé.

Dans un ECR en double aveugle comparant la prednisolone orale en dose standard quotidienne à la dexaméthasone orale à forte dose mensuelle chez 40 participants, aucun des critères de jugement pour cette revue n'était disponible. L'essai était à faible risque de biais. Il n'y avait aucune différence significative en termes de rémission (RR 1,11 ; IC à 95 % 0,50 à 2,45 en faveur de la dexaméthasone mensuelle) ou de changement du degré d'incapacité ou de l'altération après un an. Huit participants sur 16 dans le groupe de la prednisolone et sept participants sur 24 dans le groupe de la dexaméthasone ont vu leur état se détériorer. Les événements indésirables ont été semblables avec les deux schémas de traitement, si ce n'est que la perte de sommeil et les visages ronds (aspect en forme de lune du visage) ont été significativement moins courants avec le traitement mensuel à la dexaméthasone.

L'expérience issue d'études non randomisées à grande échelle suggère que les corticostéroïdes sont bénéfiques, mais l'utilisation à long terme provoque de graves effets secondaires.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.