Lubéluzole dans l'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique aigu

Le lubéluzole n'est pas efficace chez les patients victimes d'un AVC ischémique aigu. Après un AVC, au cours duquel une région du cerveau ne reçoit pas suffisamment de sang, un excès d'agents chimiques, connus sous le nom de neurotransmetteurs d'acides aminés excitateurs, se produit. Cet excès peut entraîner la lésion voire la mort de certaines cellules cérébrales (une lésion permanente des cellules est appelée infarctus cérébral). Les médicaments qui bloquent les effets de ces acides aminés peuvent protéger contre un infarctus cérébral. Cette revue est axée sur les effets du lubéluzole, un inhibiteur des acides aminés excitateurs. Cette revue d'essais n'a mis en évidence aucun bénéfice du lubéluzole chez les humains pour prévenir les décès après un AVC ischémique aigu ou réduire l'incapacité résultante. De plus, le lubéluzole peut entraîner des troubles de la conduction cardiaque.

Conclusions des auteurs: 

Le lubéluzole, donné en phase aiguë d'un AVC ischémique, n'est pas associé à une réduction significative de la mortalité ou de la dépendance à la fin de la période de suivi prévue, mais semble être associé à une augmentation significative des troubles de la conduction cardiaque (Q-T prolongé > 450 msec).

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Contexte: 

Des études expérimentales ont démontré que les crises ischémiques entraînent une libération excessive de neurotransmetteurs des acides aminés excitateurs (AAE), en particulier du glutamate. La réabsorption du glutamate est empêchée dans des conditions ischémiques. Dans des modèles précliniques d'AVC des antagonistes des acides aminés excitateurs ou de la libération de glutamate protègent contre les lésions ischémiques, même lorsqu'ils sont administrés après la crise ischémique. Le lubéluzole et un dérivé du benzothiazole qui possède des propriétés neuroprotectrices avérées dans différents modèles expérimentaux inhibant la libération de glutamate, la synthèse d'oxyde nitrique (ON) et bloquant les chaînes ions Na+ et Ca2+ voltage dépendant.

Objectifs: 

L'objectif de cette revue est d'évaluer l'efficacité et l'innocuité du lubéluzole donné en phase aiguë d'un AVC ischémique aigu.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre d'essais du groupe Cochrane sur les accidents vasculaires cérébraux, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL/CCTR), MEDLINE, EMBASE, Pascal BioMed (de 1996 à 2001) et Current Contents CCSearch (de 1996 à 2001). Nous avons contacté la Janssen Research Foundation pour identifier d'autres études.

Critères de sélection: 

Tous les essais randomisés non biaisés comparant le lubéluzole et un placebo ou un groupe témoin ouvert, réalisés auprès de patients présentant un syndrome clinique définitivement considéré comme un AVC aigu chez qui un examen tomodensitométrique a montré un infarctus ou un état normal.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont sélectionné indépendamment les essais à inclure, évalué la qualité des essais et extrait les données.

Résultats principaux: 

Cinq essais impliquant un total de 3 510 patients ont été inclus. La qualité des essais n'était pas très variable. L'analyse de la sensibilité/sous-groupes n'a pas été réalisée intégralement en raison du manque de données. Le lubéluzole donné à des doses de 5, 10 et 20 mg/jour pendant cinq jours a été testé contre un groupe témoin sous placebo. Il n'existe aucune preuve indiquant que le lubéluzole donné à n'importe quelle dose réduit les risques de décès toutes causes confondues (rapport des cotes (RC) 0,93, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,79 à 1,09) ou réduit les risques d'être décédé ou dépendant à la fin du suivi (RC 1,04, IC à 95 % de 0,91 à 1,19). D'autre part, administré à n'importe quelle dose, le lubéluzole a été associé à un excès significatif des troubles de la conduction cardiaque (Q-T prolongé > 450 msec) à la fin du suivi (RC 1,43, IC à 95 % de 1,09 à 1,87).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.