Il n'existe pas suffisamment de données permettant de soutenir l'utilisation de l'interruption nerveuse chirurgicale en cas de dysménorrhée

La dysménorrhée (crampes menstruelles douloureuses) est une affection courante. La pilule contraceptive et les anti-inflammatoires (AINS) sont des traitements efficaces chez 80 % des femmes souffrant de dysménorrhée mais pour les autres, la chirurgie est une option envisageable. L'ablation du nerf utérin (ANU) et la neurectomie présacrée (NPS) impliquent toutes deux une interruption chirurgicale des fibres nerveuses sensorielles situées à proximité du col de l'utérus afin de bloquer la voie douloureuse. La revue des essais a démontré qu'il n'existait que des données limitées permettant de soutenir l'utilisation de la chirurgie pour la dysménorrhée primaire et des données insuffisantes pour son utilisation chez les femmes souffrant d'endométriose. Aucun effet indésirable n'a été découvert avec l'ANU, par contre, il a été constaté que la NPS pouvait générer une constipation traitable. Des recherches supplémentaires doivent être effectuées.

Conclusions des auteurs: 

Il n'existe pas suffisamment de données permettant de recommander l'utilisation de l'interruption nerveuse dans la traitement de la dysménorrhée, quelle qu'en soit la cause. Des ECR suffisamment puissants et pertinents d'un point de vue méthodologique devront être réalisés à l'avenir.

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Contexte: 

La dysménorrhée se caractérise par des crampes menstruelles douloureuses d'origine utérine ; il s'agit d'une affection gynécologique très courante qui a un effet négatif sur la qualité de vie des patientes qui en souffrent. La thérapie médicamenteuse pour la dysménorrhée comprend les pilules contraceptives orales (PCO) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui agissent tous les deux en inhibant les taux de prostaglandine. Même si ces traitements sont très efficaces, il subsiste toujours un taux d'échec de 20 à 25 %, dans ces cas, la chirurgie est une option envisagée. L'ablation du nerf utérin (ANU) et la neurectomie présacrée (NPS) sont deux traitements chirurgicaux qui sont de plus en plus utilisés ces dernières années en raison des avancées dans les procédures laparoscopiques. Ces procédures interrompent toutes les deux la majorité des fibres nerveuses sensorielles du col de l'utérus. Des études observationnelles ont soutenu l'utilisation de ces procédures pour la dysménorrhée primaire. Pour autant, ces deux opérations n'interrompent que partiellement les fibres nerveuses sensorielles du col de l'utérus et par conséquent, ce type de chirurgie peut ne pas être toujours bénéfique pour les femmes souffrant de dysménorrhée.

Objectifs: 

Evaluer l'efficacité de l'interruption chirurgicale des voies nerveuses pelviennes en tant que traitement de la dysménorrhée primaire et secondaire, et déterminer le traitement chirurgical le plus efficace.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur les troubles menstruels et l'infertilité (le 9 juin 2004), CENTRAL (The Cochrane Library Numéro 2, 2004), MEDLINE (de 1966 à nov. 2003), EMBASE (de 1980 à nov. 2003) et CINAHL (de 1982 à oct. 2003). Nous avons également tenté d'identifier les essais dans le méta-registre des essais contrôlés et dans les bibliographies des articles de la revue et des essais inclus. Dans la plupart des cas, le premier auteur ou l'auteur correspondant de chaque essai inclus a été contacté pour obtenir des informations supplémentaires.

Critères de sélection: 

Les critères d'inclusion étaient les comparaisons randomisées des techniques chirurgicales d'interruption des voies nerveuses pelviennes (utilisant à la fois les procédures ouvertes et laparoscopiques) pour traiter une dysménorrhée primaire et secondaire. Les principaux critères de jugement étaient le soulagement de la douleur et les effets indésirables.

Recueil et analyse des données: 

Onze essais contrôlés randomisés (ECR) ont été identifiés, ils semblaient initialement répondre aux critères d'inclusion de cette revue. Deux essais ont été exclus par la suite (Garcia Leon 2003 ; Sutton 1991). Sur les neuf essais restants, huit ont été inclus dans la méta-analyse. Les résultats d'un essai ont été inclus dans le corps de la revue pour être discutés parce que les données n'étaient pas disponibles sous une forme qui leur permettait d'être combinées dans la méta-analyse. Cinq essais étudiaient l'ablation laparoscopique du nerf utérin (ALNU), deux essais étudiaient la neurectomie présacrée laparoscopique (NPSL) et deux étudiaient la neurectomie antéro-sacrée (NAS) ouverte.

Résultats principaux: 

Pour le traitement de la dysménorrhée primaire, il existait des données concernant l'efficacité de l'ablation laparoscopique du nerf utérin (ALNU) par rapport à un groupe témoin ou l'absence de traitement. La comparaison entre l'ALNU et la neurectomie présacrée laparoscopique (NPSL) pour la dysménorrhée primaire a montré qu'il n'existait aucune différence significative dans le soulagement de la douleur à court terme ; toutefois, il a été démontré que la NPSL à long terme était plus efficace que l'ALNU. Pour le traitement de la dysménorrhée secondaire, six ECR identifiés abordaient l'endométriose et un incluait des femmes avec des myomes utérins. Le traitement de l'ALNU associé à un traitement chirurgical des implants de l'endomètre par rapport au traitement chirurgical de l'endométriose seul a démontré que l'addition de l'ALNU ne favorisait pas le soulagement de la douleur. Pour la NPS associée au traitement de l'endométriose par rapport au traitement de l'endométriose seul, il a été constaté une différence globale du soulagement de la douleur bien que les données suggéraient que cela puisse être spécifique à la laparoscopie et uniquement pour les douleurs abdominales médianes. Les effets indésirables étaient bien plus courants avec la neurectomie présacrée ; pour autant, la majorité étaient des complications, telles que la constipation, susceptibles de s'améliorer spontanément.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.