Question de la revue
Nous avons examiné les effets de l'inhalation d'air chauffé et humidifié émis par un appareil (RhinoTherm) pour les patients atteints de rhume.
Contexte
Le rhume est l'infection la plus courante chez les humains. Il n'entraîne généralement pas de complications, mais il peut conduire à des jours d'absence au travail ou à l'école en raison de la gêne engendrée par les symptômes. Le diagnostic s'effectue sur la base des symptômes, et les traitements sont principalement symptomatiques. Les symptômes comprennent la fièvre, la perte d'appétit, une sensation de malaise, une sensation de froid, avec des maux de tête, des courbatures et des douleurs musculaires. De nombreux signes et symptômes sont causés par la congestion résultant du gonflement des membranes et de l'épaississement du mucus nasal. Le rhume est traité depuis des décennies par l'inhalation de vapeur pour faciliter l'écoulement du mucus. Il existe des données de laboratoire selon lesquelles le virus du rhume pourrait être sensible à la chaleur, mais aucun essai clinique à grande échelle n'a été entrepris pour tester son efficacité. L'inhalation de vapeur continue à être utilisée, car elle entraîne un soulagement subjectif des symptômes du rhume.
Date de la recherche
Cette recherche est à jour jusqu'au 24 février 2017.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus six essais randomisés en double aveugle tirés de cinq publications, parues entre 1987 et 1995 dans des revues en anglais et portant sur un total de 387 participants. Tous les essais inclus utilisaient l'appareil RhinoTherm, qui émettait de l'air chauffé et humidifié pendant différentes durées et à différents débits pour traiter les symptômes du rhume. Trois essais étaient réalisés aux États-Unis, deux au Royaume-Uni, et un en Israël. La plupart des études recrutaient des personnes ayant contracté un rhume naturellement, mais une étude provoquait des rhumes en infectant les participants.
Sources de financement de l'étude
Les appareils RhinoTherm étaient fournis par Netzer Sereni pour quatre de ces études et A Beacham pour les deux autres. Une étude était financée par des fonds internes à la clinique de Cleveland, et une autre était soutenue par des fonds discrétionnaires des auteurs. Les études restantes ne faisaient pas mention de leurs sources de financement.
Résultats principaux
Aucune des études incluses ne constatait d'aggravation des scores cliniques des symptômes après l'inhalation d'air chauffé et humidifié. Les participants de deux des essais montraient une absence de symptômes persistants, cependant les résultats étaient incohérents. Deux études signalaient des effets indésirables mineurs. Il n'y avait aucun effet du traitement sur l'excrétion de rhinovirus.
Qualité des preuves
Sur la base des critères GRADE , nous avons évalué la qualité des preuves comme faible en raison du risque de biais et de l'incohérence des résultats des études pour les critères de jugement de la réduction de la gravité clinique du rhume (mesurée par une réduction du score des symptômes), du nombre de participants avec la réponse subjective « la thérapie n'apportait pas d'amélioration », et du nombre de participants présentant une culture virale positive dans les lavages nasaux.
Les données actuelles ne montrent pas de bénéfices ou d'effets nocifs liés à l'utilisation d'air chauffé et humidifié administré par l'appareil RhinoTherm pour le traitement du rhume. Il est nécessaire de réaliser davantage d'essais randomisés en double aveugle incluant des modalités de traitement standardisées.
L'air chauffé et humidifié est utilisé par les personnes souffrant d'un rhume depuis longtemps. La base théorique est que la vapeur pourrait faciliter l'écoulement du mucus congestionné et que la chaleur pourrait détruire le virus du rhume comme elle le fait in vitro. Ceci est une mise à jour d'une revue précédemment publiée en 2013.
Évaluer les effets de l'inhalation de vapeur d'eau chauffée dans le traitement du rhume, en comparant les symptômes, l'excrétion virale, et la résistance nasale.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (jusqu'à février 2017), MEDLINE (de 1966 au 24 février 2017), Embase (de 1990 au 24 février 2017) et Current Contents (de 1998 au 24 février 2017). Nous avons également consulté le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l’OMS (8 mars 2017) et ClinicalTrials.gov (8 mars 2017), ainsi que les références bibliographiques des études incluses.
Les essais contrôlés randomisés utilisant la vapeur d'eau chauffée chez des participants souffrant d'un rhume ou des volontaires atteints d'un rhume provoqué expérimentalement étaient éligibles pour l'inclusion.
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard prévues par Cochrane. Trois auteurs de la revue ont indépendamment évalué pour l'inclusion les titres et les résumés des études potentielles identifiées par les recherches. Nous avons enregistré le processus de sélection avec suffisamment de détails pour produire un organigramme PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses). Nous avons utilisé un formulaire de recueil des données pour les caractéristiques de l'étude et les critères de jugement, qui a été développé et utilisé pour les versions précédentes de cette revue. Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données, et un troisième auteur de la revue a réglé tous les désaccords. Nous avons utilisé le logiciel Review Manager 5 pour analyser les données.
Nous avons inclus six essais issus de cinq publications et portant sur un total de 387 participants. Nous n'avons inclus aucune nouvelle étude dans cette mise à jour de 2017. L'évaluation du « risque de biais » a indiqué un risque de biais indéterminé dans le domaine de la randomisation et un faible risque de biais en ce qui concerne la performance, la détection, l'attrition et la notification.
Il n'a pas été établi avec certitude que l'air chauffé et humidifié apporte un soulagement symptomatique pour le rhume, puisque l'analyse à effets fixes a montré un effet (rapport des cotes (RC) 0,30, intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,16 à 0,56 ; 2 études, 149 participants), mais l'analyse à effets aléatoires n'a montré aucune différence significative dans les résultats (RC 0,22, IC à 95 % 0,03 à 1,95 ). Il existe un débat quant à l'utilisation de l'une ou l'autre forme d'analyse. Aucune étude n'a montré d'exacerbation des scores de symptômes cliniques. Une étude menée aux États-Unis indiquait une aggravation de la résistance nasale, mais une étude israélienne réalisée plus tôt signalait une amélioration. Une étude examinait l'excrétion virale dans les lavages nasaux, ne détectant aucune différence significative entre le groupe de traitement et le groupe placébo (RC 0,47, IC à 95 % 0,04 à 5,19). Selon l'évaluation subjective de la réponse au traitement (c.-à.-d. le traitement n'a pas aidé), le nombre de participants signalant une résolution des symptômes n'était pas significativement plus élevé dans le groupe air chauffé et humidifié (RC 0,58, IC à 95 % 0,28 à 1,18 ; 2 études, 124 participants). Il y avait une hétérogénéité significative des effets de l'air chauffé et humidifié sur les différents critères de jugement, par conséquent, nous avons évalué la qualité des données comme étant faible. Certaines des études rapportaient des effets indésirables mineurs (y compris une gêne ou une irritation du nez).
Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France