Sertindole dans la schizophrénie

Cette revue inclut trois études portant sur un total de 1 104 participants. Nous avons exclu deux grandes études importantes car les données étaient inutilisables. Les trois études incluses suggéraient que le sertindole (20 mg/jour) avait un effet antipsychotique supérieur à celui du placebo, était aussi acceptable que le placebo (concernant divers événements indésirables, y compris les troubles du mouvement et la somnolence) et était mieux toléré que l'halopéridol. Le sertindole était associé à moins de troubles du mouvement que l'halopéridol, mais entraînait davantage de prise de poids, en plus de l'effet secondaire potentiel de dysfonction sexuelle chez les hommes. Des problèmes cardiaques (intervalles QTc d'au moins 500 ms) étaient observés, même dans les essais randomisés. Le sertindole à 16 mg/jour (dose optimale rapportée dans une étude) entraînait davantage de rhinite que l'halopéridol.

Conclusions des auteurs: 

Le sertindole à 20 mg/jour avait un effet antipsychotique supérieur à celui du placebo. À 8, 12 ou 20 mg/jour, il semblait aussi acceptable que le placebo (concernant divers événements indésirables, y compris les troubles du mouvement et la somnolence), mais était associé à davantage de problèmes cardiaques (8, 12 ou 20 mg/jour) et à une augmentation de la prise de poids (20 mg/jour) par rapport au placebo.

Le sertindole à une dose de 24 mg/jour était mieux toléré que l'halopéridol (en termes d'arrêts prématurés). Il était également associé à moins de troubles du mouvement (à 8, 16, 20 ou 24 mg/jour) et de sédation (8 ou 24 mg/jour) que l'halopéridol. Néanmoins, il entraînait davantage d'anomalies cardiaques (16, 20 ou 24 mg/jour), de prise de poids (toutes doses confondues), de rhinite (16 ou 24 mg/jour), et de problèmes de fonctionnement sexuel (24 mg/jour) que l'halopéridol. Une étude à court terme rapportait que 16 mg/jour de sertindole constituaient la dose optimale.

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Contexte: 

Le sertindole est un antipsychotique atypique dont on pense qu'il entraîne moins d'effets secondaires extrapyramidaux à des doses cliniquement efficaces que les médicaments antipsychotiques typiques. En décembre 1998, Lundbeck Ltd., fabricant du sertindole, a volontairement suspendu la commercialisation du médicament en raison de problèmes potentiels d'arythmie cardiaque et de mort cardiaque subite associées à son utilisation. Néanmoins, sur le conseil d'un groupe d'experts réuni à cet effet, le Comité des spécialités pharmaceutiques (CSP) a levé la suspension du sertindole en octobre 2001, une décision ratifiée par la Commission européenne le 26 juin 2002. Lundbeck s'est engagé auprès du CSP à réaliser deux études de pharmacovigilance (initiées en juillet 2002) afin d'apporter des données épidémiologiques supplémentaires dans des conditions d'utilisation normale du médicament. La commercialisation initiale du produit sera limitée et Lundbeck est actuellement en pourparlers avec les autorités sanitaires américaines (FDA) afin de déterminer s'il est possible (et si oui, à quelle date) de lancer le Serdolect sur le marché américain.

Objectifs: 

Déterminer les effets du sertindole par rapport à un placebo, des médicaments antipsychotiques typiques ou d'autres médicaments antipsychotiques atypiques dans la schizophrénie et les psychoses de même nature.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches électroniques initiales dans Biological Abstracts (1980-1999), la Bibliothèque Cochrane (numéro 1, 1999), le registre du groupe Cochrane sur la schizophrénie (août 2000), EMBASE (1980-1999), LILACS (1982-1996), MEDLINE (1966-1999), PSYNDEX (1977-1995) et PsycLIT (1974-1999). Nous avons également consulté les bases de données pharmaceutiques de Dialog Corporation Datastar et Dialog services. Les références bibliographiques de toutes les études identifiées ont été consultées afin d'identifier des essais supplémentaires. Nous avons contacté le fabricant du sertindole et les auteurs des essais.

Nous avons mis à jour la recherche bibliographique en consultant le registre des essais du groupe Cochrane sur la schizophrénie en avril 2003.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés comparant du sertindole à un placebo ou à un autre traitement antipsychotique (atypique ou typique) chez des patients atteints de schizophrénie ou de psychose de même nature.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons examiné les références bibliographiques et les résumés (dans la mesure du possible) de manière indépendante ; nous avons obtenu les articles en vue d'une réinspection et d'une évaluation de la qualité, et avons extrait les données de manière indépendante.

Pour les données dichotomiques homogènes, le risque relatif (RR), l'intervalle de confiance (IC) à 95 % et, le cas échéant, le nombre de sujets à traiter pour observer un bénéfice (NST) ou un effet nuisible (NNN) du traitement ont été calculés sur la base de l'intention de traiter. Pour les données continues, nous avons calculé les différences moyennes pondérées (DMP). Nous avons examiné l'hétérogénéité de toutes les données.

Résultats principaux: 

Cette revue inclut actuellement trois essais portant sur un total de 1 104 participants. L'un était une étude à moyen terme (huit semaines) contrôlée par placebo qui examinait trois doses différentes de sertindole (8, 12 et 20 mg/jour). Les deux autres études comparaient du sertindole à de l'halopéridol (10 mg/jour). L'une était une étude à court terme (six semaines) qui examinait quatre doses différentes de sertindole (8, 16, 20 et 24 mg/jour) et l'autre était une étude à long terme (un an) qui évaluait l'utilisation de sertindole 24 mg/jour chez des patients en consultation externe.

Nous avons exclu deux grandes études importantes car les données étaient inutilisables. (Toutes deux présentaient une perte de suivi supérieure à 50 % et les données relatives aux arrêts prématurés étaient incorrectement rapportées.)

Sertindole versus placebo :

Le sertindole à 20 mg/jour était plus efficace que le placebo en termes de scores BPRS totaux (1 étude, n = 78, DM de 6,2, IC entre -11,8 et -0,6) et de scores CGI totaux en fin d'étude (1 étude, n = 78, DM de -0,9, IC entre -1,6 et -0,2). Un nombre supérieur de participants (signification statistique marginale) recevant 20 mg de sertindole présentaient une amélioration très importante par rapport à ceux recevant un placebo (1 étude, n = 102, RR de 7,6, IC entre 1,0 et 57,9, NST de 7,9, IC entre 4,3 et 41,1). Aucune différence statistiquement significative n'était observée entre le sertindole à 8 ou 12 mg/jour et le placebo pour ces trois mesures de résultats.

Aucune différence statistiquement significative n'était observée entre le sertindole (8, 12 ou 20 mg) et le placebo concernant l'incidence des symptômes extrapyramidaux, des événements extrapyramidaux ou du recours à des médicaments pour éviter les symptômes extrapyramidaux. Aucune différence statistiquement significative n'était observée entre le sertindole et le placebo concernant les troubles du mouvement (akathisie, rigidité pallidale, hypertonie et tremblements) ou la somnolence.

À huit semaines, une différence statistiquement significative était observée entre le placebo et tous les groupes sous sertindole (8, 12 et 20 mg) en termes de changement moyen des intervalles QT et QTc par rapport à l'inclusion (valeurs de p et écart type non rapportés).

Une prise de poids moyenne supérieure statistiquement significative était observée chez les participants sous sertindole (20 mg, prise de poids moyenne de 3,3 kg) par rapport au placebo (prise de poids moyenne de 0,8 kg ; p < 0,05).

Sertindole versus halopéridol :

À un an, davantage de participants sous halopéridol par rapport au sertindole (24 mg/jour) abandonnaient l'étude de manière prématurée pour n'importe quelle raison (1 étude, n = 282, RR de 0,6, IC entre 0,4 et 1,0, NNN de 8,8, IC entre 4,7 et 74,0) ou pour cause de non-observance (1 étude, n = 282, RR de 0,2, IC entre 0,0 et 0,7, NNN de 12,8, IC entre 7,7 et 37,8). Néanmoins, à six semaines, aucune différence statistiquement significative n'était observée entre le sertindole (à 8, 16, 20 ou 24 mg) et l'halopéridol pour ce dernier critère de jugement.

L'incidence des symptômes extrapyramidaux était supérieure chez les patients traités à l'halopéridol par rapport au sertindole à 8, 16, 20 ou 24 mg/jour (8 mg : 1 étude, n = 245, RR de 0,1, IC entre 0,0 et 0,7, NNN de 11,4, IC entre 7,1 et 29,8 ; 16 mg : 1 étude, n = 252, RR de 0,3, IC entre 0,1 et 1,0, NNN de 15,5, IC entre 8,0 et 217,9 ; et 20 mg : 1 étude, n = 253, RR de 0,2, IC entre 0,1 et 0,8, NNN de 13,7, IC entre 7,7 et 68,3 ; 24 mg : 2 études, n = 524, RR de 0,6, IC entre 0,4 et 0,8, NNN de 8,7, IC entre 5,4 et 23,0). Davantage de participants sous halopéridol présentaient une akathisie, des tremblements et une hypertonie par rapport aux participants sous sertindole (akathisie - 8 mg : 1 étude, n = 245, RR de 0,2, IC entre 0,1 et 0,5, NNN de 6,0, IC entre 4,1 et 11,2 ; 16 mg : 1 étude, n = 252, RR de 0,1, IC entre 0,0 et 0,3, NNN de 5,4, IC entre 3,9 et 9,0 ; 20 mg : 1 étude, n = 253, RR de 0,3, IC entre 0,2 et 0,7, NNN de 7,3, IC entre 4,6 et 17,9 ; 24 mg : 2 études, n = 524, RR de 0,5, IC entre 0,3 et 0,7, NNN de 8,6, IC entre 5,6 et 18,3. Tremblements - 8 mg : 1 étude, n = 245, RR de 0,3, IC entre 0,1 et 0,7, NNN de 8,5, IC entre 5,2 et 24,0 ; 16 mg : 1 étude, n = 252, RR de 0,2, IC entre 0,1 et 0,5, NNN de 7,3, entre 4,8 et 15,6 ; 20 mg : 1 étude, n = 253, RR de 0,2, IC entre 0,1 et 0,6, NNN de 7,8, IC entre 4,9 et 18,1 ; 24 mg : 2 études, n = 524, RR de 0,4, IC entre 0,2 et 0,6, NNN de 8,2, IC entre 5,6 et 15,3. Hypertonie - 24 mg : 2 études, n = 524, RR de 0,5, IC entre 0,3 et 0,8, NNN de 12,4, IC entre 7,5 et 35,0 ; pour le sertindole 8, 16 et 20 mg, aucune différence statistiquement significative n'était observée entre les groupes de traitement).

Une étude rapportait qu'à six semaines, une augmentation supérieure statistiquement significative entre la valeur finale et la valeur à l'inclusion de l'intervalle QTc moyen était observée dans les groupes du sertindole 16, 20 et 24 mg (20, 26 et 24 ms, respectivement) par rapport au groupe de l'halopéridol (0 ms ; la valeur de p n'était pas rapportée), mais aucun écart type ni aucune autre mesure de la variance des quantités d’effet n'étaient documentés. Dans une étude à long terme, un seul participant du groupe du sertindole (24 mg) présentait un intervalle QT supérieur à 500 ms (1 étude, n = 282, RR de 3,0, IC entre 0,1 et 73,0), mais 11 participants sous sertindole présentaient des intervalles QTc d'au moins 500 ms, contre aucun participant dans le groupe de l'halopéridol (1 étude, n = 282, RR de 23,0, IC entre 1,4 et 386,6, NNN de 12,8, IC entre 8,2 et 29,6).

À six semaines, moins de participants sous sertindole 8 ou 24 mg étaient atteints de somnolence par rapport à ceux sous halopéridol (sertindole 8 mg : 1 étude, n = 245, RR de 0,1, IC entre 0,0 et 0,7, NNN de 11,4, IC entre 7,1 et 29,8 ; 24 mg : 2 études, n = 524, RR de 0,6, IC entre 0,4 et 1,0, NNN de 14,8, IC entre 7,7 et 205,2).

La rhinite présentait une incidence supérieure statistiquement significative chez les participants sous sertindole 16 ou 24 mg par rapport à l'halopéridol (16 mg : 1 étude, n = 252, RR de 10,8, IC entre 1,4 et 82,6, NNN de 12,7, IC entre 7,7 et 36,7 ; 24 mg : 2 études, n = 524, RR de 2,1, IC entre 1,4 et 3,1, NNN de 8,7, IC entre 5,6 et 18,6).

À un an, 33 participants traités au sertindole (24 mg) avaient connu un événement sexuel indésirable caractérisé par une diminution du volume éjaculatoire, contre six participants traités à l'halopéridol. Néanmoins, le nombre de participants de sexe masculin n'était pas rapporté et le RR n'a donc pas pu être calculé.

À un an, davantage de participants sous sertindole (24 mg/jour) avaient pris du poids par rapport à ceux sous halopéridol (1 étude, n = 282, RR de 6,3, IC entre 1,9 et 20,9, NNN de 8,8, IC entre 5,7 et 19,1). À six semaines, tous les groupes sous sertindole présentaient une augmentation du poids corporel comprise entre 1,3 et 1,9 kg entre l'inclusion et l'évaluation finale, ce qui représente un changement de poids statistiquement significatif par rapport à celui enregistré dans le groupe de l'halopéridol (-0,1 kg). Néanmoins, la prise de poids réelle correspondant à chaque dose de sertindole n'était pas rapportée et aucun écart type ni aucune autre mesure de la variance n'étaient fournis.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.