Traitement par des médicaments oraux autres que les stéroïdes pour réduire l'inflammation pulmonaire et la détérioration de la fonction pulmonaire chez les personnes atteintes de fibrose kystique

Problématique de la revue

Nous avons examiné les données probantes afin de déterminer si des médicaments autres que des stéroïdes pouvaient réduire l'inflammation dans les poumons et empêcher la fonction pulmonaire de s'aggraver chez des personnes atteintes de fibrose kystique.

Contexte

L'inflammation des poumons augmente les dommages qui leur sont infligés et constitue la cause la plus fréquente de décès précoce chez les personnes atteintes de fibrose kystique. À fortes doses, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, en particulier l'ibuprofène, pourraient agir contre l'inflammation, mais à faibles doses, certaines données probantes suggèrent qu'ils pourraient causer l'inflammation. L'utilisation de doses élevées a également soulevé des inquiétudes quant à la possibilité d'apparition d’effets indésirables, ce qui a limité l'utilisation de ces médicaments dans la fibrose kystique.

Date de recherche

Les données probantes sont à jour au : 21 novembre 2018.

Caractéristiques de l'étude

Nous avons cherché des essais comparant des anti-inflammatoires non stéroïdiens oraux à un placebo (un comprimé ne contenant aucun médicament actif). Nous avons cherché à étudier n'importe quelle dose, mais l'essai devait durer au moins deux mois chez des personnes atteintes de fibrose kystique. Nous avons trouvé 17 essais et en avons inclus quatre avec un total de 287 personnes, âgées de cinq à 39 ans ; un autre essai n'a pas encore été publié en entier et deux sont toujours en cours ; nous les évaluerons lorsque nous aurons plus de renseignements. Trois des quatre essais inclus comparaient l'ibuprofène à un placebo ; deux de ces essais ont été menés dans le même centre et ont fait appel à certaines des mêmes personnes. Un essai comparait un médicament appelé piroxicam à un placebo. L’essai le plus long a duré quatre ans.

Nous avons cherché à rapporter les résultats portant sur la fonction pulmonaire, l'état nutritionnel, les radiographies pulmonaires, la fréquence d’administration nécessaire des antibiotiques intraveineux, les détails sur les admissions à l'hôpital, la survie et les effets secondaires.

Principaux résultats

Nous avons combiné les résultats des deux plus gros essais cliniques avec ibuprofène et montré que le taux annuel de déclin de la fonction pulmonaire était plus faible chez ceux qui prenaient de l'ibuprofène, résultat constant sur les trois mesures de la fonction pulmonaire. Nous avons ensuite examiné ces résultats répartis selon l'âge (bien que nous n'ayons pas prévu de le faire) et constaté que deux des mesures montraient un déclin annuel de la fonction pulmonaire plus lent chez les jeunes enfants. Les résultats de quatre essais ont montré que moins de participants du groupe ibuprofène ont été admis au moins une fois à l'hôpital, comparativement au placebo, bien qu'il n’était pas clair si la différence était due ou non au hasard. Dans un essai, les personnes prenant une dose élevée d'ibuprofène à long terme étaient moins susceptibles d'avoir besoin d'antibiotiques par voie intraveineuse, avaient un meilleur état nutritionnel et des poumons en meilleure santé, selon les radiographies. Aucun effet secondaire majeur n'a été signalé dans les essais, mais ils n'avaient pas été conçus pour montrer une différence dans les taux d'effets secondaires.

En résumé, nous avons trouvé des données probantes montrant qu'une dose élevée d’anti-inflammatoire non stéroïdien, en particulier l'ibuprofène, pourrait ralentir la progression des lésions pulmonaires chez les personnes atteintes de fibrose kystique, et notamment les jeunes. Les résultats d'innocuité à long terme sont limités, mais nous pensons que suffisamment de données probantes suggèrent que les anti-inflammatoires non stéroïdiens devraient temporairement être arrêtés lorsque les personnes atteintes de fibrose kystique reçoivent des aminoglycosides intraveineux ou d'autres médicaments qui pourraient causer de graves lésions rénales.

L'essai du médicament piroxicam n'a pas rapporté beaucoup de résultats sous une forme nous permettant de l’analyser dans la revue. Nous n'avons obtenu aucun résultat pour notre critère de jugement principal, la fonction pulmonaire. Les seuls résultats que nous ayons ne retrouve pas de différence entre le groupe piroxicam et le groupe placebo quant au nombre d'hospitalisations.

Qualité des données probantes

Nous avons jugé les données probantes comme étant, dans l’ensemble, de qualité moyenne. Nous avons jugé que les trois essais sur l'ibuprofène présentaient un niveau de qualité méthodologique bon ou adéquat avec peu de risque de biais dans les résultats, mais ils utilisaient un éventail de différents critères de jugement et de mesures sommaires. Nous n'avions pas de préoccupation quant aux risques de biais de l'essai comparant le piroxicam au placebo.

Conclusions des auteurs: 

Une dose élevée d'ibuprofène peut ralentir la progression de la maladie pulmonaire chez les personnes atteintes de fibrose kystique, particulièrement chez les enfants, ce qui suggère que les stratégies de modulation de l'inflammation pulmonaire peuvent être bénéfiques pour les personnes atteintes de fibrose kystique.

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Contexte: 

Les lésions pulmonaires progressives sont la cause de la plupart des décès dans la fibrose kystique. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l'ibuprofène) pourraient prévenir la détérioration pulmonaire progressive et la morbidité observée dans la fibrose kystique. Il s’agit d’une mise à jour d'une revue déjà publiée.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité des anti-inflammatoires non stéroïdiens administrés par voie orale dans le traitement de la fibrose kystique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons fait des recherches dans le Registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la fibrose kystique et autres maladies génétiques, comprenant des références tirées de recherches exhaustives dans des bases de données électroniques, de recherches manuelles dans des revues pertinentes et de comptes rendus de conférences. Nous avons contacté des fabricants d'anti-inflammatoires non stéroïdiens et effectué des recherches dans les registres d'essais en ligne.

Dernière recherche dans le registre des essais du Groupe : 21 novembre 2018.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés comparant des anti-inflammatoires non stéroïdiens administrés par voie orale, à n'importe quelle dose pendant au moins deux mois, à un placebo, chez des personnes atteintes de fibrose kystique.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont évalué de façon indépendante les essais en vue de leur inclusion et leur risque potentiel de biais. Deux auteurs ont évalué indépendamment la qualité des données probantes pour chaque critère de jugement à l'aide des recommandations GRADE.

Résultats principaux: 

Les recherches ont permis d'identifier 17 essais ; quatre d'entre eux ont été inclus (287 participants âgés de cinq à 39 ans ; suivi maximum de quatre ans), un est actuellement en attente de classification en attendant la publication du rapport complet de l'essai et deux sont en cours. Trois essais ont comparé l'ibuprofène à un placebo (deux du même centre avec certains mêmes participants) ; un essai a comparé le piroxicam à un placebo.

Les trois essais sur l'ibuprofène ont été jugés comme ayant une qualité méthodologique bonne ou adéquate, mais ils ont utilisé divers critères de jugement et mesures sommaires. Les examinateurs ont pris en considération les mesures de la fonction pulmonaire, l'état nutritionnel, l'évaluation radiologique de l'atteinte pulmonaire, l'utilisation d'antibiotiques par voie intraveineuse, les hospitalisations, la survie et les effets indésirables. Les données combinées des deux plus grands essais cliniques sur l'ibuprofène ont montré un taux annuel inférieur dans la baisse de la fonction pulmonaire, évaluée par le pourcentage de la valeur prédite du volume expiratoire maximal seconde (VEMS), différence moyenne (DM) de 1,32 (intervalle de confiance (IC) à 95% 0,21 à 2,42) (données probantes de qualité moyenne) ; la capacité vitale forcée (CVF), DM 1,27 (IC à 95 % : 0,26 à 2,28) (données probantes de qualité moyenne) ; et le débit expiratoire forcé (DEF 25 %-75 %) (en anglais : forced expiratory flow, FEF 25%-75%), DM 1,80 (IC à 95 % : 0,15 à 3,45). L'analyse post hoc des données de deux essais répartis selon l'âge a montré un taux plus lent de diminution annuelle du VEMS (% de la valeur prédite) et de la CVF dans le groupe ibuprofène chez les jeunes enfants, DM 1,41 % (IC à 95 % : 0,03 à 2,80) (données probantes de qualité moyenne) et DM 1,32 % (IC à 95 % : 0,04 à 2,60) (données probantes de qualité moyenne) respectivement. Les données de quatre essais ont démontré que la proportion de participants ayant été hospitalisés au moins une fois pourrait être légèrement inférieure dans le groupe ibuprofène comparativement au placebo, Peto odds ratio 0,61 (IC à 95 % : 0,37 à 1,01) (données probantes de qualité moyenne). Dans un essai, l'utilisation à long terme de fortes doses d'ibuprofène était associée à une réduction de l'utilisation d'antibiotiques par voie intraveineuse, à une amélioration de l'état nutritionnel et de l’état radiologique des poumons. Aucun effet indésirable majeur n'a été rapporté, mais la puissance des essais pour identifier des différences cliniquement importantes d'incidence des effets indésirables était faible.

Nous n'avions pas de préoccupation quant au risque de biais pour l'essai comparant le piroxicam à un placebo. Cependant, l'essai n'a pas rapporté beaucoup de données sous une forme nous permettant de les analyser dans cette revue. Il n’y avait pas de données disponibles pour le critère de jugement principal de la revue, à savoir la fonction pulmonaire ; les données disponibles sur les hospitalisations n'ont pas révélé de différence entre les groupes. Il n’y avait pas de données analysables disponibles pour les autres critères de jugement de la revue.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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