Interventions pour la prévention des lésions des tissus mous des membres inférieurs chez les coureurs

Les lésions des tissus mous des membres inférieurs sont courantes chez les coureurs. La plupart des lésions liées à la course sont des blessures de surmenage dont les causes sont souvent multifactorielles. Les stratégies de prévention tentent de cibler les facteurs de risque modifiables. 25 essais portant sur un total de 30 252 participants ont été inclus dans cette revue. Trois essais seulement recrutaient des coureurs issus de la population générale, et un essai recrutait des arbitres de football. Dix-neuf essais portaient sur du personnel militaire (armée, marine, etc.) soumis à un entraînement de base incluant des périodes intensives de course à pied ainsi que d'autres activités. Deux essais avaient été réalisés dans des prisons.

Les essais inclus examinaient quatre catégories d'interventions : des exercices, une modification des programmes d'entraînement, l'utilisation d'orthèses et l'utilisation de chaussures et de chaussettes.

Dans le compte-rendu suivant, lorsqu'il n'existait aucune preuve d'efficacité d'une intervention, les résultats étaient compatibles avec une réduction ou une augmentation du nombre de lésions des tissus mous.

Aucune preuve n'indique que l'amélioration des capacités physiques par l'exercice (étirements ou exercices de conditionnement) réduisait les lésions des tissus mous des membres inférieurs.

Concernant la modification des programmes d'entraînement, aucune preuve n'indique qu'un programme d'entraînement plus long avec augmentation progressive de l'intensité de la course était plus efficace qu'un programme plus court pour prévenir les lésions chez des coureurs débutants s'entraînant pour une course récréative de 6,4 km. Une augmentation plus progressive de l'intensité de l'entraînement pourrait même entraîner une augmentation des douleurs au tibia chez les participants suivant un entraînement militaire. Il existe des preuves limitées issues de deux essais de faible qualité réalisés dans des prisons concernant l'efficacité d'une réduction de la fréquence ou de la durée de la course, mais ces résultats pourraient ne pas s'appliquer aux coureurs en général ou aux recrues militaires.

Les attelles de genou pourraient réduire la fréquence des douleurs antérieures du genou. Les semelles biomécaniques sur mesure pourraient être plus efficaces que l'absence de semelles pour réduire la périostose (syndrome du stress tibial) chez les recrues militaires. Aucune preuve ne permet de recommander l'utilisation de semelles pour réduire les autres lésions des tissus mous des membres inférieurs, qu'il s'agisse de semelles génériques ou fabriquées sur mesure.

Aucune preuve n'indique que les chaussures de course adaptées à la forme du pied sont plus efficaces que les chaussures de course standard pour prévenir les lésions chez les recrues militaires.

Globalement, les preuves d'efficacité des interventions visant à réduire les douleurs et les lésions des membres inférieurs après une course intensive sont très faibles. D'autres essais conçus, réalisés et documentés conformément aux normes actuelles sont nécessaires pour confirmer ces résultats, en particulier chez les coureurs amateurs ou de compétition, plutôt que chez les recrues militaires.

Conclusions des auteurs: 

Dans l'ensemble, la base factuelle est très faible concernant l'efficacité des interventions visant à réduire les lésions des tissus mous après une course intensive, et peu d'essais sont associés à un faible risque de biais. Des ECR mieux planifiés et documentés sont nécessaires afin d'évaluer des interventions portant sur des coureurs amateurs et de compétition.

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Contexte: 

Les coureurs sont souvent victimes de lésions de surmenage des tissus mous. Les exercices d'étirement, la modification des programmes d'entraînement et l'utilisation d'équipements de protection tels que des attelles et des semelles sont souvent recommandés pour prévenir ces lésions. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2001.

Objectifs: 

Évaluer les effets des interventions visant à prévenir les lésions des tissus mous des membres inférieurs liées à la course.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les traumatismes ostéo-articulaires et musculaires (mars 2011) ; la Bibliothèque Cochrane 2010, numéro 4 ; MEDLINE (1966 à janvier 2011) ; EMBASE (1980 à janvier 2011) ; et les registres d’essais cliniques internationaux (17 janvier 2011).

Critères de sélection: 

Les essais randomisés ou quasi-randomisés évaluant des interventions visant à prévenir les lésions des tissus mous des membres inférieurs liées à la course.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont évalué le risque de biais (génération de séquence, assignation secrète, assignation en aveugle et données de résultats incomplètes) et extrait les données de manière indépendante. Les données ont été ajustées pour la randomisation en grappes si nécessaire, et ont été combinées à l'aide du modèle à effets fixes lorsque cela était approprié.

Résultats principaux: 

25 essais portant sur 30 252 participants ont été inclus). Les participants étaient des recrues militaires (19 essais), des coureurs issus de la population générale (trois essais), des arbitres de football (un essai) et des prisonniers (deux essais). Les interventions examinées dans les essais inclus appartenaient à quatre grandes stratégies préventives : des exercices, une modification des programmes d'entraînement, l'utilisation d'orthèses et l'utilisation de chaussures et de chaussettes. Les 25 essais inclus présentaient un risque de biais indéterminé ou élevé pour au moins l'un des quatre domaines précédemment mentionnés.

Nous n'avons identifié aucune preuve indiquant que les étirements permettaient de réduire les lésions des tissus mous des membres inférieurs (6 essais ; 5130 participants ; risque relatif [RR] de 0,85, intervalle de confiance à 95 % [IC à 95 %], entre 0,65 et 1,12). Comme pour tous les résultats non significatifs, ce résultat est compatible avec une réduction ou une augmentation des lésions des tissus mous. Nous n'avons identifié aucune preuve permettant de recommander un régime d'entraînement à base d'exercices de conditionnement pour améliorer la force, la flexibilité et la coordination (un essai ; 1020 participants ; RR 1,20, IC à 95 % entre 0,77 et 1,87).

Nous n'avons identifié aucune preuve indiquant qu'une augmentation plus lente et progressive de l'entraînement réduisait les lésions chez les coureurs débutants (un essai ; 486 participants ; RR 1,02, IC à 95 % entre 0,72 et 1,45). Certaines preuves issues d'un essai de faible qualité indiquaient qu'un entraînement supplémentaire entraînait une augmentation significative du nombre de recrues navales souffrant de périostose (un essai ; 1670 participants ; RR 2,02, IC à 95 % entre 1,11 et 3,70). Des preuves limitées indiquaient que les lésions étaient moins fréquentes chez les prisonniers lorsque la durée (un essai ; 69 participants ; RR de 0,41, IC à 95 %, entre 0,21 et 0,79) ou la fréquence de la course (un essai ; 58 participants ; RR de 0,19, IC à 95 %, entre 0,06 et 0,66) étaient réduites.

Les attelles fémoro-patellaires semblent efficaces pour prévenir les douleurs antérieures du genou (deux essais ; 227 participants ; RR 0,41, IC à 95 % entre 0,24 et 0,67).

Les semelles biomécaniques sur mesure pourraient être plus efficaces que l'absence de semelles pour réduire la périostose (syndrome du stress tibial) chez des recrues militaires (un essai ; 146 participants ; RR 0,24, IC à 95 % entre 0,08 et 0,69).

Nous n'avons identifié aucune preuve indiquant que le port de chaussures de course adaptées à la forme du pied plutôt que de chaussures de course standard entraînait une réduction significative du taux de lésions dues à la course chez les recrues militaires (2 essais ; 5795 participants ; rapport des taux de 1,03, IC à 95 %, entre 0,93 et 1,14).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.