Agents stimulant l'érythropoïèse contre l'anémie dans la polyarthrite rhumatoïde

Des chercheurs de la Cochrane Collaboration ont procédé à une revue de l'effet des agents stimulant l'érythropoïèse contre l'anémie chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Après avoir effectué des recherches dans toutes les études pertinentes, ils ont découvert trois études portant sur un total de 133 personnes. Leurs résultats sont résumés ci-dessous :

La revue démontre que chez les patients souffrant d’anémie et de polyarthrite rhumatoïde :

- on ignore si les agents stimulant l'érythropoïèse améliorent la qualité de vie ou les taux d'hémoglobine.
- on ignore si les agents stimulant l'érythropoïèse améliorent la fatigue, car cela n'a pas été mesuré par les études.

Nous ne disposons pas d'informations précises sur les effets secondaires et les complications. Cela est particulièrement vrai pour les effets secondaires rares, mais graves, qui peuvent comprendre des complications thromboemboliques.

Qu’est-ce que l'anémie dans la polyarthrite rhumatoïde et que sont les agents stimulant l'érythropoïèse ?

Lorsque vous souffrez d’une polyarthrite rhumatoïde, votre système immunitaire, qui combat normalement les infections, attaque la paroi de vos articulations. Cela fait gonfler vos articulations et les rend raides et douloureuses. Les petites articulations des mains et des pieds sont généralement les premières touchées. A mesure que la maladie progresse, d'autres complications peuvent apparaître, notamment une anémie (faible taux d'hémoglobine). L'hémoglobine est une protéine qui est présente dans les globules rouges et transporte l'oxygène. L'anémie est une affection dans laquelle l'organisme n'a pas suffisamment de globules rouges sains. L'érythropoïétine est une hormone qui est produite dans les reins et augmente la production de globules rouges. Les agents stimulant l'érythropoïèse ont pour rôle d'augmenter la production de globules rouges.

Conclusions des auteurs: 

Nous avons trouvé des preuves contradictoires en faveur des agents stimulant l'érythropoïèse pour augmenter la qualité de vie et le taux d'hémoglobine en traitant l'anémie chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Cependant, cette conclusion se base sur des essais contrôlés randomisés présentant un important risque de biais et repose sur des essais évaluant l'érythropoïétine recombinante humaine (EPO). Le profil de sécurité de l'EPO est incertain. Les prochains essais évaluant les agents stimulant l'érythropoïèse contre l'anémie dans la polyarthrite rhumatoïde devront être réalisés par des chercheurs indépendants et rapportés conformément aux déclarations CONSORT. Les essais devront se fonder sur les approches de l'OMERACT (Outcome Measures in Rheumatoid Arthritis Clinical Trials) (OMERACT) et du PCORI (Patient-Centered Outcomes Research Institute) pour combiner les perspectives des cliniciens et des patients.

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Contexte: 

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique et systémique qui affecte principalement les petites articulations des mains et des pieds. Les agents stimulant l'érythropoïèse sont utilisés pour traiter l'anémie, l'une des manifestations extra-articulaires de la PR. Bien que l'anémie soit moins problématique aujourd'hui en raison de la réduction de l'inflammation par les médicaments antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM), elle pourrait encore représenter un problème dans les pays où les ARMM ne sont pas accessibles pour le moment.

Objectifs: 

Nous avons évalué les bénéfices et les risques cliniques des agents stimulant l'érythropoïèse contre l'anémie dans la polyarthrite rhumatoïde.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) dans The Cochrane Library (numéro 7 2012), Ovid MEDLINE et Ovid MEDLINE(R) In-Process & Other Non-Indexed Citations (de 1948 au 7 août 2012), OVID EMBASE (de 1980 au 7 août 2012), LILACS (de 1982 au 7 août 2012), le portail de recherche sur les essais cliniques de l'Organisation mondiale de la Santé, les références bibliographiques des publications et articles de revue identifiés. Nous n'avons appliqué aucune restriction linguistique.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur des patients âgés de 16 ans ou plus, ayant un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde et étant atteints d'anémie. Nous avons pris en compte la qualité de vie liée à la santé, ainsi que la fatigue et la sécurité comme critères de jugement principaux.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont indépendamment sélectionné des essais, évalué les risques de biais et extrait les données. Nous avons estimé la différence sous la forme de moyennes avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement continus. Nous avons estimé les risques relatifs avec des IC à 95 % pour les critères de jugement binaires.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus trois ECR totalisant 133 participants. Tous les essais comparaient l'érythropoïétine recombinante humaine (EPO), pendant des durées différentes (8, 12 et 52 semaines), versus un placebo. Tous les ECR évaluaient la qualité de vie liée à la santé. Tous les essais présentaient un risque de biais important ou incertain et étaient financés par l'industrie pharmaceutique. Deux essais administraient de l'EPO par voie sous-cutanée, tandis que l'autre utilisait une voie intraveineuse.

Nous avons décidé de ne pas combiner les résultats des essais en raison des différences de notification des résultats.

Qualité de vie liée à la santé : EPO sous-cutanée – un essai portant sur 70 patients à 52 semaines à montré une différence statistiquement significative concernant l'amélioration de l'évaluation globale des patients (médiane et intervalle interquartile 3,5 (1,0 à 6,0) comparé au placebo 4,5 (2,0 à 7,5) (P = 0,027) sur une échelle EVA (0 à 10)). Les autres essais à plus court terme (12 semaines sous EPO sous-cutanée et huit semaines par administration intraveineuse) n'ont pas trouvé de différences statistiquement significatives entre les groupes de traitement et les groupes témoins en termes de critères de jugement de la qualité de vie liée à la santé.

Changement relatif à l'hémoglobine : les deux essais portant sur l'EPO sous-cutanée ont montré une différence statistiquement significative concernant l'augmentation du taux d'hémoglobine ; (i) à 52 semaines (un essai, 70 patients), taux d'hémoglobline d'intervention (médiane 134, intervalle interquartile : 110 à 158 g/litre) comparé au taux du groupe placebo (médiane 112, intervalle interquartile : 86 à 128 g/litre) (P = 0,0001) ; (ii) à 12 semaines (un essai, 24 patients) comparé au placebo (différence de moyenne 8,00, IC à 95 % 7,43 à 8,57). L'EPO intraveineuse à huit semaines n'a montré aucune différence statistiquement significative concernant l'augmentation du taux d'hématocrite pour l'EPO versus un placebo (différence de moyenne 4,69, IC à 95 % -0,17 à 9,55 ; P = 0,06).

Les informations sur les abandons d'étude en raison d'événements indésirables n'ont pas été indiquées dans deux essais et un essai n'a trouvé aucun événement indésirable grave conduisant à des abandons. Aucun des essais n'a rapporté d'abandons dûs à une hypertension artérielle, au manque d'efficacité ou à la fatigue.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.