Hypolipidémiants contre la maladie artérielle périphérique des membres inférieurs

L'athérome (dépôts graisseux) sur les parois des artères des jambes peut conduire à une maladie artérielle périphérique accompagnée d'un apport sanguin insuffisant vers les muscles et les autres tissus. Les personnes atteintes d'une maladie artérielle périphérique ne présentent souvent aucun symptôme. Le symptôme le plus courant est une claudication intermittente, caractérisée par une douleur dans les jambes et une faiblesse engendrée par la marche, avec une disparition des symptômes après un court temps de repos. Les thérapies hypolipidémiantes peuvent réduire les événements cardiovasculaires et freiner l'aggravation de la maladie locale chez les personnes atteintes d'une maladie artérielle périphérique des membres inférieurs. Elles sont recommandées pour les personnes atteintes d'une maladie coronarienne pour la prévention de l'infarctus du myocarde et de l'accident vasculaire cérébral.

Dix-huit essais contrôlés randomisés ont été inclus dans la revue ; ils portaient sur un total de 10 049 participants (dont 78 % étaient des hommes) de sept pays différents. Les essais comparaient la thérapie hypolipidémiante à un placebo ou à un traitement habituel pendant au moins 90 jours. Ils présentaient des différences importantes concernant les critères d'inclusion, les critères de jugement pris en compte et le type de thérapie hypolipidémiante utilisé. Les thérapies hypolipidémiantes ont amélioré la distance de marche. L'effet de la thérapie hypolipidémiante sur la mortalité toutes causes chez les personnes atteintes d'une maladie artérielle périphérique n'a pas été concluant. L'utilisation de médicaments pour abaisser le taux de lipides dans le sang a eu un effet bénéfique sur l'incidence totale des événements cardiovasculaires, principalement en raison d'une réduction globale des événements coronariens (RC 0,8 % ; intervalle de confiance à 95 % 0,7 à 0,9). Le seul type de médicament pour lequel on a disposé de preuves cohérentes et claires d'un effet bénéfique sur le nombre total d'événements cardiovasculaires, le nombre total d'événements coronariens et les accidents vasculaires cérébraux était les statines. Les preuves les plus solides ont été recueillies avec la simvastatine chez les personnes ayant un taux de cholestérol sanguin d'au moins 3,5 mmol/litre. Les preuves concernant les effets secondaires n'ont pas été concluantes dans ces essais.

Conclusions des auteurs: 

La thérapie hypolipidémiante est efficace pour réduire la mortalité et la morbidité cardiovasculaires chez les personnes atteintes d'une MAP. Elle pourrait également améliorer les symptômes locaux. En attendant que des preuves supplémentaires de l'efficacité relative de différents agents hypolipidémiants soient disponibles, l'utilisation d'une statine chez les personnes atteintes d'une MAP et ayant un taux de cholestérol sanguin ≥ 3,5 mmol/litre est la plus indiquée.

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Contexte: 

La thérapie hypolipidémiante est recommandée pour la prévention secondaire chez les personnes atteintes d'une maladie coronarienne. Elle pourrait également réduire les événements cardiovasculaires et/ou la progression de la maladie locale chez les personnes atteintes d'une maladie artérielle périphérique (MAP) des membres inférieurs.

Objectifs: 

Évaluer les effets de la thérapie hypolipidémiante sur la mortalité toutes causes, les événements cardiovasculaires et la progression de la maladie locale chez les patients atteints d'une MAP des membres inférieurs.

Stratégie de recherche documentaire: 

Les auteurs ont effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies vasculaires périphériques (dernière recherche effectuée en février 20007) et le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (dernière recherche effectuée dans le numéro 2, 2007) afin de trouver des publications décrivant des essais contrôlés randomisés portant sur la thérapie hypolipidémiante dans les cas de maladie artérielle périphérique des membres inférieures.

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés portant sur la thérapie hypolipidémiante chez les patients atteints d'une MAP des membres inférieurs.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs ont évalué la qualité des essais et extrait les données de façon indépendante.

Résultats principaux: 

Dix-huit essais, portant sur un total de 10 049 participants, ont été inclus. Ces essais présentaient des différences importantes concernant leurs critères d'inclusion, les critères de jugement pris en compte et le type de thérapie hypolipidémiante utilisé. Un seul essai (PQRST) a fait état d'un effet néfaste du traitement actif sur les taux de lipides/lipoprotéines dans le sang.

Les résultats combinés de tous les essais éligibles ont indiqué que la thérapie hypolipidémiante n'avait aucun effet statistiquement significatif sur la mortalité globale (rapport des cotes (RC) 0,86 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,49 à 1,50) ou sur le nombre total d'événements cardiovasculaires (RC 0,8 ; IC à 95 % 0,59 à 1,09). Cependant, une analyse de sous-groupe, qui excluait l'essai PQRST, a montré que la thérapie hypolipidémiante réduisait de façon significative le risque relatif au nombre total d'événements cardiovasculaires (RC 0,74 ; IC 0,55 à 0,98). Cela est principalement dû à un effet positif sur le nombre total d'événements coronariens (RC 0,76 ; IC à 95 % 0,67 à 0,87). Les meilleures preuves d'efficacité ont été fournies par l'utilisation de la simvastatine chez les personnes ayant un taux de cholestérol sanguin ≥ à 3,5 mmol/litre (HPS).

La combinaison des résultats issus de plusieurs essais de petite taille portant sur différents agents hypolipidémiants a indiqué une amélioration de la distance de marche totale (différence moyenne (DM) 152 m ; IC à 95 % 32,11 à 271,88) et de la distance de marche sans douleur (DMP 89,76 m ; IC à 95 % 30,05 à 149,47), mais n'a indiqué aucun impact significatif sur l'indice tibio-brachial (DMP 0,04 ; IC à 95 % -0,01 à 0,09).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.